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Togo : un piège sans fin

Publié le jeudi 26 août 2010 à 01h53min

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Gilchrist Olympio a déterré une nouvelle hache de guerre

Depuis l’entrée dans le gouvernement togolais de la faction de l’Union des forces du changement (UFC) favorable à son fondateur, Gilchrist Olympio, plus rien ne va dans ce parti, hier encore drapé dans la mystique de l’opposition véritable au pouvoir en place à Lomé. Les déchirements se succèdent sans fin dans ce petit pays de la côte Atlantique, exacerbant quelque peu le schisme politique que traîne le pays depuis le premier coup d’Etat d’Afrique, qui a coûté la vie à Sylvanus Olympio, père de Gilchrist Olympio.

En fumant, en mai dernier, le calumet de la paix avec le clan Gnassingbé, Gilchrist Olympio a décidément déterré une nouvelle hache de guerre et a profondément divisé son parti politique, dans un contexte où les frustrations de la dernière élection présidentielle n’avaient pas été soldées. En effet, alors que son lieutenant, Jean-Pierre Fabre, candidat à ce scrutin de la division, au lieu d’être celui de la réconciliation et de l’apaisement des cœurs, s’évertuait, avec son groupe de fidèles, à contester les résultats avalisés du vote, le père du parti a simplement scellé l’alliance avec l’adversaire d’hier. Une position que ne lui pardonnent pas une bonne frange de sa famille politique, ainsi que nombre de Togolais, qui perçoivent la nouvelle posture du « leader charismatique de l’opposition » comme une trahison.

De fait, la perplexité avait déjà gagné les cœurs de ses aficionados bien avant le scrutin du 4 mars 2010, lorsqu’il a dû jeter l’éponge, sans soutenir fermement et formellement Jean-Pierre Fabre, son suppléant dans la course au fauteuil présidentiel. La case UFC n’était alors déjà plus une force d’unité et de changement. Les fissures se sont ainsi progressivement fait jour, jusqu’à la conclusion de cette paix des braves, qui se sera nouée sans l’assentiment du parti en tant que structure organisée, avec un pouvoir de décision collégial.

Mais voilà que le régime en place, plutôt que de laisser le parti gérer ses contradictions et aboutir, tôt ou tard, à sa scission formelle -déjà de fait- ou à sa réunification, s’en mêle, supportant un camp contre un autre. La police togolaise a manifestement été mal inspirée de sortir ses gaz lacrymogènes pour empêcher la tenue, ce 10 août, du congrès de l’UFC, tendance Fabre, en faisant, assure-t-on, plusieurs blessés. Et prendra sans doute maladroitement fait et cause pour la tendance qui siège au gouvernement, et qui projette de tenir, elle aussi, un congrès extraordinaire jeudi prochain. « Je ne vois pas pourquoi, alors qu’il y a un conflit dans un parti, le pouvoir en place prend position. Il n’a pas à reconnaître une faction du parti », a affirmé, à juste titre, Jean-Pierre Fabre, stigmatisant le fait que le gouvernement joue une faction contre une autre.

Le moins que l’on puisse dire en tout cas, c’est que le torchon qui brûle entre clans rivaux de l’UFC n’a pas besoin, en plus, du tison du pouvoir en place. En attendant, c’est le mercure de la tension qui monte dans le thermomètre sociopolitique de ce pays, qui n’aura finalement pas réussi à taire les rancœurs, au lendemain de la célébration du cinquantenaire de son indépendance. Quel dommage, et quel gâchis, si l’ultime sacrifice du fils du premier président du Togo s’alliant à l’adversaire d’hier pour effacer le péché originel, ne résout rien !

Serge mathias Tomondji

Fasozine

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