Fatin Tiébo, leader politique

Je constate que le CDP et ses associés ont investi Blaise Compaoré pour l’élection présidentielle du 21 novembre 2010. Ça aurait été plus judicieux que ce candidat fasse d’abord le bilan du quinquennat parce que son mandat tire à sa fin. Vous n’êtes pas sans savoir que beaucoup de promesses ont été faites, beaucoup de choses ont été dites. De ce fait, l’ensemble des Burkinabè, en tout cas les plus consciencieux, s’attendaient à un bilan. Mais comme dans ce pays certains s’intéressent peu au développement au détriment d’autres choses, on constate que ce qui motive cette investiture du candidat Blaise Compaoré, c’est l’enrichissement du groupe. Ils sont assez riches et ne s’intéressent qu’aux problèmes internationaux. Pendant ce temps, le peuple ploie sous le double fardeau de la misère. Apparemment, cela ne préoccupe pas l’équipe qui dirige actuellement le pays. Le président lui-même doit faire un examen de conscience pour savoir que le Burkina a un peuple tolérant. Même si les gens ne parlent pas, c’est un peuple qui souffre. L’on devrait tirer leçon de tout ce qui s’est passé pour réorienter la politique. Par rapport à la révision de l’article 37, je pense que le président et ses partisans doivent avoir une hauteur de vue pour ne pas franchir le pas afin de sauver le pays qui est béni de Dieu.

Soungalo Batiéné

J’ai suivi sur France 24 l’interview où le chef de l’Etat a annoncé qu’il se représentera à la présidentielle, alors qu’il n’avait rien dit dessus en interne. Je pense que c’est un peu un manque de respect vis-à-vis de son peuple parce que c’est le peuple qui lui donne sa caution. Nous aurions souhaité être les premiers à être informés. Malheureusement c’est arrivé. Peut-être que c’est une stratégie, mais si c’est le cas, elle est mauvaise. En tant que citoyen lambda de la région de la Boucle du Mouhoun, observateur de la scène politique, je vois que le régime, depuis son accession au pouvoir, n’a pas pu répondre à nos aspirations surtout en matière de développement. C’est frustrant de voir le chef-lieu de la plus grande région du Burkina, de surcroît le grenier du Faso, être le seul qui ne soit pas relié à la capitale par le goudron. Même si on est sur le point de réaliser cette infrastructure routière, ça vient à un moment où le chef de l’Etat a le dos au mur.Qu’à cela ne tienne, si le candidat Blaise Compaoré est élu, qu’il ait un minimum d’égard vis-à-vis de notre région et tienne ses engagements.

Djibril Démé, président de l’AJSEDD

L’investiture de Blaise Compaoré comme candidat à l’élection présidentielle du 21 novembre prochain est une volonté du peuple à travers des partis politiques et des fédérations associatives. L’AJSEDD (Association des jeunes soutenant EBOMAF pour le développement de Dédougou) n’a pas manqué de manifester sa joie et témoigne tout son soutien au président candidat Blaise Compaoré, homme de paix et de liberté, pour la poursuite des actions nobles de développement qu’il a entreprises en faveur de tous les Burkinabè et des Africains. Dans la Boucle du Mouhoun, grâce au président Blaise Compaoré, les populations croient au développement de la région. Toutes les promesses qui avaient été faites sont tenues ou sont en voie de l’être. Le 21 novembre 2010, on assistera à un match en différé, car la victoire est d’avance acquise et les jeunes de la Boucle du Mouhoun entendent le montrer.

Yaya Sissoko, ancien ténor du RDA

Blaise a lui-même esquissé le cadre par lequel il est sollicité pour une candidature en disant : "Vous avez par des canaux divers fait confiance en ma personne en m’invitant soit par congrès de parti politique ou par forum divers à poursuivre ma stratégie politique". Ceci pour dire que l’événement, qui sent visiblement une pré-campagne autorisée, a été organisée par des structures acquises à sa cause.

Harouna Kindo, membre de la Coalition des organisations de la société civile

J’aurais voulu que la presse rencontre les responsables de la Coalition des organisations de la société civile de la Boucle du Mouhoun pour échanger sur les préoccupations réelles des populations de la région. Par rapport au dernier fait politique, on peut tout simplement dire que cette investiture n’est ni nouvelle, ni surprenante encore moins un événement d’une importance particulière. Il y a plus de vingt ans qu’il a pris le pouvoir par les armes et le système installé depuis lors est au bout du rouleau. Face à la misère crasse qui va grandissant, la grande majorité des Burkinabè, malgré les jérémiades, a vomi progressivement la classe dirigeante et la politique menée par Blaise Compaoré. C’est ce qui explique que peu de citoyens s’intéressent à cette partie de poker menteur que représentent les élections dans notre pays. Cela fait très mal à un homme qui rêve d’un règne à vie de se rendre compte que plus de vingt ans après, moins de trois millions de citoyens iront se livrer au jeu de son scrutin. La lutte est désormais ouverte et se dessine clairement. D’un côté, nous avons le peuple qui a marre d’être floué par des dirigeants peu soucieux de son bien-être. Et de l’autre, un système d’exploitation qui ne retrouve plus ses marques.

Tibiri Roger Kohoun

Un peuple a choisi son candidat et le candidat a accepté le choix porté sur sa personne. Je pense qu’il n’y a pas tellement de commentaire à faire. Nous demandons que s’il est élu, qu’il soit réellement le président de tous et qu’il s’engage aussi à satisfaire la Boucle du Mouhoun à partir du moment où nous faisons aussi partie du Burkina Faso. Comme je l’ai toujours dit, la Boucle du Mouhoun a aussi ses fils. Et je pense que ces derniers doivent d’abord s’unir, se battre pour développer la région.

Propos recueillis par Serge COULIBALY

Le Pays