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APPEL A TRAQUER LE PASTEUR KONI : Bozizé sera-t-il entendu ?

Publié le jeudi 19 août 2010 à 23h22min

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Le président de la République centrafricaine vient de lancer officiellement un appel au secours. Face aux agissements de l’Armée de résistance du seigneur (LRA), François Bozizé s’est rendu à l’évidence que son armée n’arrivera jamais à bout de cette rébellion d’un autre âge, qui pille, brûle des villages et les déleste de leurs enfants qu’elle utilise comme soldats. Signe particulier de ce chef rebelle : il s’appuie sur la bible, un peu comme ces islamistes radicaux qui professent Allah pour semer la terreur et la désolation.

Le tout au nom supposé de Dieu. Il est vrai que les voies du seigneur sont insondables, mais Kony et sa horde de sanguinaires se présentent aujourd’hui comme la rébellion la plus brutale que la région ait connue. Aucune âme raisonnable et sensible ne peut soutenir une telle animosité. Le gouvernement que rêve d’établir un jour le chef rebelle, est devenu plus que jamais un leurre depuis que l’homme fait l’objet d’une inculpation par la Cour pénale internationale (CPI)) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

L’Ouganda dont est originaire ce pasteur illuminé qui espère un jour régner en appliquant les dix commandements, a mis sa tête à prix. Recherché par les juridictions internationales depuis quelques années, Kony est insaisissable, se faufilant entre la Centrafrique, la RDC et l’Ouganda. L’ONG de défense des droits de l’homme, Human rights watch, a fait un bilan de ses rapts d’enfants en 2009 : deux tiers de ses 697 captifs sont des enfants. Un chiffre qui donne le vertige. Ce sont autant de destins brisés pour une cause aussi indéfendable que répugnante.

C’est donc courageux de la part du général Bozizé de vendre sa maladie publiquement pour obtenir l’aide internationale, afin d’enrayer la gangrène Kony. Tout comme la menace terroriste des islamistes d’Al Quaïda dans la zone sahélo- sahélienne, le cas de Joseph Kony dans les Grands lacs doit être traité avec plus de sérieux. Les Américains seraient partants pour des appuis logistiques et techniques, mais n’engageront certainement pas leurs troupes dans une aventure périlleuse.

Les pays concernés par la menace Kony ont jusque–là fait malheureusement la preuve de leur incapacité à conjuguer leurs moyens militaires pour contrer la rébellion de Kony. C’est un chef d’Etat aux abois, déjà confronté à une rébellion armée qui cherche à le renverser, qui a demandé à la force onusienne, la MINURCAT, de prolonger sa mission. Tout retrait pourrait donc ouvrir la voie au chaos. Ce climat d’insécurité a conduit, entre autres, les acteurs politiques centrafricains à renvoyer les élections présidentielles et législatives en janvier prochain. Il faut espérer qu’avant ce terme, l’appel de Bozizé reçoive un écho favorable. En attendant, le pasteur Kony, une kalachnikov dans une main et une bible dans l’autre, se la coule douce dans le maquis, dans les bras certainement d’une jeune esclave sexuelle. Mais, jusqu’à quand ?

Abdoulaye Tao

Le Pays

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