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PRESIDENTIELLE AU LIBERIA : George Weah rechausse les crampons

Publié le mardi 17 août 2010 à 23h52min

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Au Libéria, l’élection présidentielle est prévue pour octobre 2011. A un peu plus d’un an de cette échéance, des prétendants à la magistrature suprême de ce pays de descendants d’esclaves venus des Amériques se signalent déjà. C’est le cas de l’ancien international footballeur libérien George Opong Weah. Le 15 août dernier, son parti, le Congrès pour le changement démocratique, a annoncé son rapprochement avec deux autres partis dans la perspective de la présidentielle. Après sa défaite en 2005, face à Ellen Johnson-Sirleaf qui compte aussi rempiler pour un deuxième mandat, Mister George, comme l’appellent ses fans, veut prendre sa revanche cette fois. Et il met les chances de son côté à cette fin.

En effet, la conquête du fauteuil présidentiel qu’il projette ne se fera pas sous la seule bannière de son parti comme en 2005, mais bien sous celle d’une coalition. Laquelle coalition compte pour le moment trois partis dont le Front patriotique national du Libéria (NPFL) de l’ex-chef d’Etat Charles Taylor. L’union fait la force, dit-on. Et cela, George Weah à qui ses adversaires reprochaient en 2005 de n’avoir aucune expérience politique, l’a si bien compris. Il n’est pas le seul d’ailleurs car un peu partout, sur le continent, la tendance est à l’union des opposants pour aller en rangs serrés autour d’un seul candidat à l’élection présidentielle. Ensemble comme un seul homme, Weah et ses alliés essayeront de malmener la candidate sortante, Ellen Johnson-Sirleaf, sur son bilan qui est loin d’être globalement positif. A titre d’exemple, la lutte contre la corruption n’aura pas été un succès total pour la seule femme chef d’Etat en Afrique.

Certains ministres de son gouvernement ont même été contraints de démissionner après avoir été accusés de corruption ou de détournements de deniers publics. Cela n’aura pas échappé à George Weah au moment où il s’apprête à rechausser ses crampons pour monter sur le terrain de la compétition politique. A l’image d’un joueur remplaçant qui a eu le temps d’observer un match de football, il sait à quoi s’en tenir désormais et surtout, il connaît, les faiblesses de l’adversaire en montant sur la pelouse. Et bien que professionnel retraité, il sait toujours taper dans un ballon et, mieux, marquer des buts. Mais, l’élection présidentielle et, partant, la politique n’est pas un match de football. Nul doute qu’il n’a pas perdu de vue cette donne. C’est donc un homme averti qui rêve à nouveau d’un destin national.

Toutefois, l’alliance qu’il a nouée avec le parti de Taylor qui est aujourd’hui jugé à La Haye pour, entre autres accusations graves, crimes de guerre et crimes contre l’humanité, ne lui portera-t-il pas préjudice ? Cela ne va-t-il pas faire ombrage à Weah qui pourrait être vu comme un allié de tortionnaires ? Les crimes reprochés à Charles Taylor ont été aussi commis au Libéria par l’ancien chef d’Etat et ses hommes lors de la guerre civile qui a aussi ravagé ce pays. Pour sûr, Mister George n’a pas occulté ce passé peu glorieux de ce parti avec lequel il a décidé de s’associer. De toute façon, il y a eu une réconciliation à la sud-africaine qui a permis sans doute de cicatriser les plaies, de faire oublier les atrocités du passé et de pardonner. Les compteurs étant remis à zéro ou presque sur ce plan, il n’y a donc pas lieu de trop s’inquiéter. Ce qui devrait compter pour la présidentielle et les autres scrutins, c’est la capacité de ceux qui courtisent les électeurs à les rallier autour de leur projet de société.

Séni DABO

Le Pays

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