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Sécurité de l’Etat : trop de confidentialité

Publié le jeudi 2 septembre 2004 à 07h32min

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Libéria, Sierra Léone, Togo, Côte d’Ivoire, Mauritanie... Ces dernières années, le Burkina Faso a été vertement accusé d’avoir tenté de déstabiliser certains Etats africains. Mais le régime burkinabé a toujours clamé son innocence, estimant que cela rélevait du politiquement incorrect et qu’à tout point de vue, il n’avait rien à y gagner. Mais le hic, c’est que les accusations persistent et le pays pourrait, s’il n’y prend garde, être fortement affecté par les conséquences de ses inconséquences.

Les suspicions commencent à être de trop au point que l’on pourrait se résoudre à penser qu’il y a anguille sous roche. Si le mal n’est pas déjà consommé ! A l’image des autres accusations, celles de la Mauritanie à propos de la récente tentative de coup d’Etat dans ce pays montre que le Burkina doit faire mieux en matière de gestion de sa sécurité intérieure.

Des opposants étrangers, souvent des réfugiés politiques ou militaires, séjournent pendant de longues périodes au Burkina, sans s’inscrire dans la dynamique des règles en vigueur. Jusqu’au jour où le pire se produit. Evidemment, en ce moment-là, il est trop tard et les conséquences peuvent être d’une extrême gravité. Même lorsqu’un réfugié est identifié par les services de renseignements, force est de reconnaître que la communication politique du régime pèche à plusieurs niveaux. Les points de presse hebdomadaires du gouvernement occultent bien souvent les questions cruciales de la nation. Les problèmes fondamentaux, surtout ceux d’ordre sécuritaire, sont un peu trop vite classés top secret.

Ainsi, l’opposant ivoirien, Balla Kéita a séjourné pendant longtemps au Burkina sans qu’on ne l’ait su officiellement. Jusqu’au jour de son assassinat. Certes, nos services de renseignements font de gros efforts. Mais il y a nécessité de faire encore mieux concernant certains sujets graves de la nation. Manque de moyens ? Peut-être. Mais en attendant, il convient de répartir avec beaucoup de rationalité, le peu qui existe.

En effet, alors que la capitale a tout ou presque à sa dispostion, la situation en province est déplorable. Souvent, les agents censés assurer leur propre sécurité et celle de leurs concitoyens, n’ont même pas le minimum requis pour faire leur travail. Conséquence : le grand banditisme se développe et le terrain devient ainsi fertile pour toutes sortes d’actes criminels.

Evidemment, si des malfaiteurs d’autres pays élisent domicile au Burkina, cela risquera de faire basculer le "pays des Hommes intègres" dans le chaos. Sans stabilité, aucun investisseur ne voudra poser ses malles au Burkina. Raison pour laquelle le pays devra être doté de tout l’arsenal nécessaire pour renforcer son dispositif sécuritaire tant à ses frontières qu’au plan interne.

En clair, le Burkina Faso doit prendre des dispositions appropriées pour éviter le pire.Mais une sérieuse prise de conscience s’impose d’abord à tout l’Exécutif. Même les Etats- Unis, supposés être la plus grande puissance du monde, ont fait leur mea-culpa après les attentats du 11 septembre 2001.

En tous les cas, pour éviter de subir la fronde des pays accusateurs, le Burkina doit impérativement réajuster sa politique sécuritaire et de communication et donner davantage de contenu au concept de police de proximité.
En clair, il faut doter le département de la Sécurité, à la tête duquel se trouve un homme de métier, de tous les moyens matériels, financiers et moraux, pour qu’il mène le combat qui vaille, celui de la sécurité des personnes et des biens, premier facteur de la quiétude sociale, de la stabilité politique et du développement.

Et cela nous semble possible, tout en évitant de tomber dans les travers d’un Etat policier. Sécurité de la nation et de l’Etat, il y a assurément urgence en la demeure. Mais c’est un défi qui n’implique pas les seules autorités de tutelle, mais bel et bien tout le monde.

Le Pays

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