LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

PRESIDENTIELLE RWANDAISE : Kagamé for ever ! (1)

Publié le lundi 9 août 2010 à 02h09min

PARTAGER :                          

Aujourd’hui 9 août 2010 est jour d’élection présidentielle au Rwanda. Les habitants du pays des Mille collines en âge de voter ont, théoriquement, toute la journée pour choisir leur président qui va veiller sur leur destinée pour les sept prochaines années. Ils ont à choisir entre quatre candidats dont le président sortant, Paul Kagamé. Du quatuor, Paul Kagamé reste de loin l’ultra favori de cette élection sans enjeu avec la réélection plus qu’assurée de "l’homme mince" de Kigali qui rempilera ainsi pour un deuxième et dernier septennat selon les dispositions actuelles de la Constitution.

Les trois autres candidats sont considérés comme des accompagnateurs, des motards escortant Paul Kagamé vers sa victoire. L’Afrique a donc rendez-vous une fois de plus avec un scrutin apparemment ouvert mais qui, en réalité, est verrouillé. On va vers la réélection sans coup férir d’un président sortant. Malgré les critiques, Kagamé conservera son fauteuil comme l’a fait son voisin burundais Pierre Nkurunziza, à la différence que les challengers de ce dernier se sont retirés d’eux-mêmes de la course pour protester contre les résultats d’une élection antérieure. Au Rwanda, c’est tout à fait le contraire. Des bâtons ont été volontairement mis dans les roues des prétendants sérieux au candidat du parti au pouvoir. Le régime en place au Rwanda, malgré ses dénégations, a bien pris soin d’écarter tous ceux qui, à la faveur de cette élection, peuvent mettre mal à l’aise le candidat sortant : menaces, intimidations et, pour tout dire, terreur contre les opposants. S’ils ne sont pas tués, ils font l’objet de poursuites judiciaires, d’emprisonnement ou de toutes sortes de tracasseries administratives pour faire reconnaître leur parti.

Ainsi, jusqu’au jour du scrutin, deux partis qui voulaient présenter des candidats à la présidentielle n’ont pas pu se faire enregistrer. La présidente d’un de ce parti, Victoire Ingabiré (Forces démocratiques unifiées), a été inculpée de négation du génocide et complicité de terrorisme et placée sous contrôle judiciaire en attendant son procès. Pour les mêmes chefs d’accusation, un autre opposant, Bernard Ntaganda du Parti socialiste Imberakuri, croupit en prison il y a bientôt un an. Même hors du Rwanda, les opposants, notamment ceux qui ont fait défection, ne sont pas à l’abri d’un assassinat ciblé. C’est le cas de l’ancien chef d’état-major général de l’armée et compagnon de lutte de Kagamé dont la tentative d’assassinat en Afrique du Sud a même engendré une brouille diplomatique entre ce pays et le Rwanda. Mais toutes ces personnes doivent remercier Dieu pour être toujours en vie malgré tout.

D’autres n’ont pas eu cette chance. Ils ont perdu la vie dans ce climat de terreur qui rappelle la nuit des longs couteaux. C’est le cas par exemple du numéro 2 du parti des verts et d’un journaliste d’investigation. Les politiciens ne sont pas les seuls à faire les frais de la frilosité du pouvoir en ces temps d’élection. Il y a les défenseurs des droits humains, des journalistes ainsi que des organes de presse. C’est ainsi qu’une trentaine de radios et de journaux ont été suspendus pour une période couvrant largement la période de l’élection. Ces organes de presse ont le dénominateur commun de ne pas ménager le régime en place ; de ne pas chanter donc "Paul Kagamé for ever". Pour le pouvoir, il n’est pas question qu’ils perturbent la réélection de Paul Kagamé avec des critiques sur l’absence criarde de libertés, la dictature qui ne dit pas son nom, l’utilisation abusive du négationnisme du génocide à l’encontre de tous ceux qui osent une quelconque critique du régime, etc.

Tout cela se passe dans l’indifférence générale de la fameuse communauté internationale pourtant prompte à dénoncer ce genre de faits dans d’autres pays. En dehors d’Amnesty International qui donne de la voix sur la violation des droits humains, on n’entend pas les autres organisations qui ont pignon sur rue et les pays soi-disant regardants sur les standards démocratiques. Dans ces conditions, "l’homme mince" de Kigali peut casser de l’opposant comme il veut pour régner sur le Rwanda.

Séni DABO

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique