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Retour du Japon : Mitsui veut ressusciter Tambao

Publié le mercredi 28 juillet 2010 à 00h36min

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Plombée depuis de longues années à cause notamment des difficultés d’évacuation du minerai, la mine de manganèse de Tambao refait parler d’elle. Au nombre des candidats à la résurrection du gisement figure le consortium nippo-brésilien Mitsui-Vale. Mitsui & CO., Ltd., que nous avons visitée le jeudi 15 juillet 2010 lors de notre récent séjour japonais (dont nous vous narrons ces jours-ci les péripéties), est dans le domaine du fer, du charbon et bien d’autres minerais ainsi que le gaz, l’énergie, la chimie, l’alimentation, etc. Présente dans 66 pays à travers le monde (avec 151 bureaux), la société existe depuis plus de 130 ans et compte aujourd’hui plus de 41 000 travailleurs dont 6 000 au siège. Le patron de son département Fer et Alliages, Yoshinori Kohata, dont la direction s’occupe de tout ce qui entre dans la fabrication de l’acier, nous parle ici de leur projet pour Tambao.

Mitsui s’intéresse à l’exploitation du manganèse de Tambao. Où en est le dossier actuellement ?

• Nous attendons la réponse du gouvernement burkinabè, et on ne saurait vous dire où en est le dossier. Nous n’avons pas vraiment d’informations là-dessus.

Si ce n’est pas trop secret, quels sont les points saillants de votre proposition ?

• Nous voulons d’abord que ce projet contribue au développement de la région de Tambao et profite à ses habitants. C’est ça notre but final.

Vous envisagez donc, en marge de l’exploitation minière, des investissements socio-économiques ?

• Si Mitsui remporte l’appel d’offres qui a été lancé, bien entendu dans le cadre du projet, il y a des gens qui vont travailler et habiter sur place. Il sera donc indispensable d’avoir des infrastructures socio-économiques (dispensaire, école...). Il faut aussi former des techniciens, et de ce fait avoir les installations pour leur formation.

Le prolongement du chemin de fer qui a, jusque-là, été un facteur limitatif, fait-il partie de vos projections ?

• Si nous sommes retenus, nous sommes prêts à ouvrir une discussion avec les autorités burkinabè pour voir dans quelle mesure cela est faisable. Mais nous devons d’abord mener des études de faisabilité sur la mine pour en connaître la réalité exacte (taille, teneur, durée de vie, méthode d’exploitation, etc.) et si les promesses ne sont pas grandes, vous comprendrez qu’il serait très difficile d’intégrer le chemin de fer dans notre démarche.

Dans le cas contraire, nous verrons avec les autorités burkinabè comment on peut travailler ensemble pour, par exemple, prolonger le rail de Kaya à Dori, car non seulement le train convoierait le minerai mais il servirait aussi au transport d’autres marchandises ainsi qu’à celui des hommes. Si jamais Mitsui est retenu, on pourra étudier le budget nécessaire pour le chemin de fer, toujours en collaboration avec la partie burkinabè. Nous avons une certaine expérience dans la recherche de financement et nous pouvons faire valoir notre savoir-faire dans ce domaine.

Quand vous dites que vous devez d’abord connaître la réalité de la mine, doit-on comprendre que vous n’avez pour l’instant aucune donnée là-dessus ?

• Nous avons quelques données du passé parce que d’autres personnes ont effectué jadis des études de faisabilité. Mais il faut bien que nous vérifions par nous-mêmes. On peut trouver plus de minerai (sait-on jamais) ou moins que ne l’ont révélé les études antérieures.

Vos données datent de quand ?

• Il y a en fait plusieurs données de plusieurs entités y compris même Mitsui, mais ça date de quelques décennies.

Personnellement êtes-vous déjà allé à Tambao ?

• J’ai effectué plusieurs missions au Burkina, mais je ne suis jamais allé à Tambao. Un de mes collaborateurs par contre s’est déjà rendu sur place.

A combien vont s’élever, selon vos projections, le montant des investissements nécessaires pour le redémarrage de la mine ?

• Comme les études préalables ne sont pas encore faites, il est très difficile pour nous de déterminer le montant des investissements. Nous avons, bien sûr, une échelle de référence en fonction de la teneur mais c’est difficile d’être précis.

Quand espérez-vous être fixé sur l’affaire ?

• Au jour d’aujourd’hui, nous ne savons pas à quel moment nous allons avoir la réponse du Burkina. Nous souhaitons bien entendu que ce soit le plus tôt possible.

Sous prétexte de partenariat “gagnant-gagnant”, certains opèrent un pillage en règle des ressources naturelles africaines. Pourquoi à Mitsui ce serait différent ?

• Vous savez, nous avons une expérience très riche dans différents pays, accumulée au cours de plusieurs décennies d’exploitation des ressources naturelles. Pour nous il ne s’agit pas de venir juste exploiter des matières premières, gagner de l’argent et s’en retourner allègrement. Ce qui est important, c’est être en phase avec les habitants de la région pour qu’ils bénéficient directement des retombées de la mine. Certes, c’est un business, nous sommes une société privée, il faut faire du profit mais ça ne s’arrête pas à cette considération.

L’exploitation minière pose souvent des problèmes environnementaux. Votre proposition intègre-t-elle ce volet qui est à la mode actuellement ?

• La sensibilité pour les questions environnementales est aujourd’hui essentielle et cruciale à travers le monde. Et dans notre projet de cohabitation avec les populations et de coprospérité avec la région, la préservation de l’environnement est capitale pour nous. D’ailleurs le Japon est un bon exemple parce que nous avons une réglementation très stricte en la matière. Nous sommes par exemple experts dans l’économie d’énergie.

Et à Mitsui, le papier que nous utilisons est à 100% recyclé. C’est dire si nous sommes conscients de ces enjeux environnementaux, notamment à Tambao si nous devons y intervenir.

Vu d’ici, comment perçoit-on le Burkina ?

• Le Japon a ouvert une ambassade résidente au Burkina depuis l’année dernière, ce qui est, je crois, la preuve de l’excellence des relations entre les deux pays.

Beaucoup de jeunes Japonais vont, du reste, de plus en plus au Burkina comme volontaires de la JICA. Ça veut dire que c’est un pays très attirant aujourd’hui parce qu’il est stable, sûr.

Moi-même je suis allé à plusieurs reprises là-bas et je trouve les Burkinabè très affables et sérieux. Le moins qu’on puisse dire est que le Burkina est bien côté au Japon et j’espère que ça va durer encore longtemps n

NB : Les propos de l’interviewé ayant été traduits du japonais au français, nous nous excusons par avance auprès de l’intéressé si certaines de ses idées n’ont pas été fidèlement rapportées.

Entretien réalisé par Ousséni Ilboudo


On attend le verdict de la commission interministérielle

Le serpent de mer va-t-il enfin émerger ? C’est la question qu’on peut se poser au sujet de la mine de manganèse de Tambao dont les réserves sont estimés à 20 millions de tonnes avec une teneur de 52%, ce qui est jugé élevée par les spécialistes.

Projet vieux de plusieurs décennies qui n’a jamais vraiment pu être mené à bon port, à cause notamment du problème d’évacuation du minerai, la mine a, pour ne parler que de ces vingt dernières années, été exploitée en 1993 pendant ... un semestre, par Interstar Mining.

Aujourd’hui, deux sociétés seraient principalement en course pour arracher le permis d’exploitation : il s’agit de l’attelage nippon-brésilien Mitsui-Vale et de l’indo-singapourien NiceGroup. Le français Eramet serait aussi intéressé. La commission interministérielle qui examine les offres devrait bientôt rendre son verdict. Et la question se pose de savoir si le prolongement de la voie ferrée, de Kaya à Tambao (longue d’environ 250 km) sera intégrée dans le projet de résurrection de la mine.

O.I.

Source : “Africa Mining Intelligence”

L’Observateur Paalga

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