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Présidentielle 2010 : Les candidats de l’opposition devraient-ils participer ?

Publié le mercredi 21 juillet 2010 à 00h14min

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Les acteurs politiques se sont prononcés sur le report ou non de la présidentielle 2010. Les préparatifs vont bon train pour l’investiture du candidat Blaise Compaoré au congrès du CDP en début août. On peut être sûr maintenant qu’il n’ y aura pas de report de l’élection. Certains partis de l’opposition ont déjà investi leurs candidats. C’est certainement pour y aller. D’autres comme Ram Ouédraogo et Hermann Yaméogo ne veulent pas y participer car disent-ils, il faut des reformes pour refonder la démocratie burkinabè. « Faut-il aller à la présidentielle ? » est une question qui mérite d’être posée dans le contexte politique actuel.

La tenue régulière d’élections est considérée par bon nombre d’observateurs comme un élément d’appréciation d’une démocratie. Au Burkina, certains disent que le nombre élevé de candidats et de partis politiques à une élection est un élément de vitalité de la démocratie burkinabè. Est-ce pour autant que la démocratie burkinabè marche comme il se devait ? C’est le débat que les Burkinabè mènent depuis 19 ans de constitutionnalisme.

Il faut participer aux élections

Les partis politiques sont crées pour la conquête du pouvoir. Participer aux échéances électorales fait partie de leur raison d’être. Ce sont les résultats des élections qui permettent d’apprécier la force d’un parti. S’il ne participe pas, il est difficile d’en juger. Les élections sont aussi des moments cruciaux pour récolter des ressources, ne serait ce pour les financements de l’Etat.

Certains partis en profitent pour demander des soutiens de leurs relations. Il faut participer à une élection où le minimum est fait par la structure en charge des élections afin que l’organisation des élections soit transparente et équitable. En Afrique, les élections sont sources de contestations. Certains partis politiques n’y vont pas souvent parce qu’ils estiment que les conditions de transparence ne sont pas réunies. D’aucuns pensent qu’il n’y a jamais d’élections propres à cent pour cent. Le boycott serait contre productif parce que les partis qui boycottent laissent le terrain à leurs adversaires. Nous avons entendu à la présidentielle de 2005 des candidats dire qu’ils participaient pour faire connaître leurs partis. Les partis s’implantent-ils pendant une campagne électorale ? Ce sont autant de raisons qu’avancent des partis pour aller à une élection.

Les boycotts au Burkina

L’élection présidentielle du 1er décembre 1991 avait été boycottée par l’opposition. La Coordination des forces démocratiques (CFD) regroupant les partis de l’opposition n’ayant pas obtenu la conférence nationale souveraine avait aussi estimé que les conditions minimales n’étaient pas réunies pour aller à la présidentielle. Le candidat Blaise Compaoré est allé seul à cette élection et s’est fait élire de la plus mauvaise manière. Sept ans après, la présidentielle de novembre 1998, a été encore boycotté par les ténors de l’opposition pour le manque de transparence.

Le candidat Blaise Compaoré était accompagné à cette élection des candidats Frédéric Guirma et Ram Ouédraogo. Les élections municipales de septembre 2000 avaient été boycottées par les partis membres du Groupe du 14 février à cause du drame de Sapouy. Nous constatons que les raisons avancées pour boycotter les élections tenaient une commission indépendante chargée de l’organisation des élections, des conditions de transparence, plus d’avancées démocratiques. Sur ces questions, nous pensons que ce sont des revendications nobles, un combat noble. A la question de savoir si le boycott a toujours donné les résultats escomptés, la réponse est mitigée. Il a souvent joué sur la crédibilité de certaines élections.

Faut-il aller à la présidentielle de 2010 ?

Nous sommes à quelques mois de la présidentielle du 21 novembre 2010, certains acteurs politiques se posent la question. La dernière réaction en date est celle de Ram Ouédraogo qui, dans un message aux Burkinabè, demande aux partis politiques ne pas participer à la présidentielle en leur demandant de s’inscrire dans la revendication des reformes. Telle est aussi la revendication de Maître Hermann Yaméogo. Nous ne partageons pas l’argumentaire de Ram Ouédraogo selon lequel le débat sur l’article 37 est instauré par les tenants du pouvoir pour faire diversion. Et pourtant, s’ils parlent eux aussi de reformes, c’est le point le plus important pour eux.

D’aucuns pensent qu’il y a une dynamique qui est engagée par les Burkinabè avec le boycott de l’inscription sur les listes électorales. Elle s’est poursuivie avec les 30000 signatures recueillies par la pétition pour rendre intangible l’article 37. Jusqu’à présent la volonté de charcuter cet article est toujours manifeste. Quelle forme de pression les partis politiques de l’opposition exercent-ils pour ne pas casser la dynamique ? La majorité d’entre eux se sont exprimés contre la modification de l’article 37. Cela suffit-il ? Certains leaders de partis de l’opposition estiment qu’il ne faut pas faire un amalgame entre la participation à la présidentielle de 2010 et le combat pour la non modification de l’article 37. Et pourtant si le verrou de la limitation des mandats est sauté, les candidats de l’opposition peuvent participer à mille élections présidentielles, aucun ne battra le candidat Blaise Compaoré.

Nous avons compris qu’il ne faut pas compter sur certains candidats pour accentuer la dynamique de la pression. Certains y vont pour partager les 100 millions destinés aux candidats. D’autres y vont pour ne pas perdre leurs avantages au sein du régime. C’est d’ailleurs la même erreur qui a été commise en 2005 quand ils ont accompagné le candidat Blaise Compaoré après avoir contesté la légalité de sa candidature. Le peu de démocratie s’est construit dans de telles ambiguïtés. Les acteurs ont souvent privilégié leurs intérêts individuels à ceux de la démocratie. Voilà où elle se trouve. Le drame est que ce sont les mêmes qui ressortent pour se plaindre du manque de démocratie. La présidentielle 2010 peut constituer un enjeu pour les partis politiques qui pensent qu’elle peut être une tribune pour accentuer la lutte contre la modification de l’article37.

Nabi Youssfou

L’Indépendant

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Vos commentaires

  • Le 22 juillet 2010 à 09:12, par gobnangou En réponse à : Présidentielle 2010 : Les candidats de l’opposition devraient-ils participer ?

    En definitive quelle est ta position ?
    Au regard de tes analyses les trois boycotts n ont rien donne.pourquoi donc continue a boycotter ? Soyez serieux, soit vous avez d autres moyens pour prendre le pouvoir comme la revolution nationale et democratique et populaire comme les farceurs du pcrv soit il faut continuer a aller aux elections car il n y pas d autre voie pour le changement.

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