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CENTRAFRIQUE : Un pays malade de son instabilité chronique

Publié le mercredi 21 juillet 2010 à 00h12min

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Les armes tonnent à nouveau en République centrafricaine, ce pays qui a très rarement connu la stabilité. Cette fois, le crépitement des armes a lieu à Birao, importante ville du Nord du pays. Le 19 juillet dernier, des affrontements y ont opposé les Forces armées centrafricaines (FACA) et les rebelles de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP). Au moment où nous tracions ces lignes, le calme était revenu avec le contrôle de la ville qui est à nouveau assuré par l’armée régulière qui y dispose d’une base.

L’heure était plutôt à la guerre des communiqués sur le bilan des affrontements : deux à trois morts selon les FACA, un peu plus selon la rébellion dont l’objectif affiché est de marcher à terme sur la capitale, Bangui, située plus au sud.

Les armes se sont tues sans que l’on ne soit rassuré sur la possibilité d’autres affrontements dans les prochains jours. Les rebelles qui disent agir ainsi pour venger leur chef, Charles Massi, ancien ministre de la Défense de François Bozizé torturé à mort en fin 2009, selon eux, par le régime de Bangui, font à nouveau parler d’eux à un moment où tout le monde est suspendu à la nouvelle date de l’élection présidentielle et des législatives qui devaient initialement être organisées en mai dernier. Il y a une grosse hypothèque sur ces élections qui risquent fort de ne pas pouvoir bien se dérouler dans un contexte trouble limité pour le moment à la plus grande ville du nord qui abrite également la MINURCAT (Mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad) et des antennes d’ONG s’occupant des réfugiés du Darfour. Les consultations, risquent d’être renvoyées à plus tard, le temps de faire face à cette énième rébellion qui ambitionne de marcher sur Bangui pour déloger Bozizé du pouvoir où il est lui-même arrivé en mars 2003 à la suite d’un coup d’Etat contre Ange Félix Patassé.

Le coup de feu des rebelles a été aussi fait à moins d’un mois du 13 août, date anniversaire de l’indépendance de ce qui s’appelait dans les années 60 l’Oubangui-Chari. L’année 2010 coïncidant avec le cinquantenaire des indépendances d’une dizaine de pays africains dont la Centrafrique, cet anniversaire tombe vraiment mal. Si un accord n’est pas trouvé d’ici là entre les protagonistes, le cinquantenaire ne sera pas célébré dans l’entente cordiale. Ce sera une occasion ratée pour les fils et filles de ce pays de se pencher ensemble sur le chemin parcouru pour mieux envisager l’avenir. Avec ce déferlement de violence à l’approche de cette date historique, le pays n’aura finalement pas rompu avec les troubles et l’instabilité qui ont jalonné son parcours depuis son indépendance.

Du premier Président, David Dacko à François Bozizé en passant par Jean Bedel Bokassa, André Kolingba et Ange Félix Patassé, la dévolution du pouvoir s’est beaucoup plus faite par la force et les armes. C’est du « ôte-toi que je m’y mette » qui a toujours prévalu malgré les élections organisées, pour que le peuple puisse se donner librement les dirigeants de son choix. Malheureusement, les coups d’Etat ont souvent remis en cause ces choix et installé au pouvoir des dirigeants qui verrouillent l’alternance à telle enseigne que la force se présente comme l’unique moyen pour les faire partir. Cinquante ans après l’indépendance, cela doit changer. Il urge que le pays guérisse de l’instabilité chronique dans laquelle il est enfoncé.

Séni DABO

Le Pays

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