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Parc automobile de l’Etat : « 340 véhicules seront mis en vente » (Jacob Daboué)

Publié le mercredi 21 juillet 2010 à 00h15min

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C’est connu presque de tous : le Parc automobile de l’Etat (PAE) reste un maillon indispensable du bon fonctionnement de l’Administration publique. C’est justement cette structure étatique qui gère une partie du patrimoine de l’Etat, qui s’apprête à mettre à la vente aux enchères publiques, 340 véhicules toutes catégories confondues. A la veille de cette opération, nous avons approché le directeur du PAE, Jacob Daboué. Il nous parle de cette direction, nous situe plus amplement sur cette vente et sur les difficultés que rencontre le Parc automobile de l’Etat.

Comment est organisé le PAE ?

• La direction du Parc automobile de l’Etat (DPAE) est une des composantes de la direction générale du Patrimoine de l’Etat. A ce titre, elle est chargée de la gestion d’une partie du patrimoine, à savoir le matériel roulant, c’est-à-dire les véhicules à quatre roues, à deux roues, à traction animale etc. et ce, sur l’ensemble du territoire national et dans les missions diplomatiques et consulaires du Burkina Faso à l’étranger. Nos attributions s’étendent jusqu’au matériel aérien et même maritime (s’il y en avait…) civil, propriété de l’Etat.

Au quotidien, nous assurons le suivi de l’ensemble des véhicules du PAE à travers les institutions et les ministères, après leurs commandes et livraisons. Nous assurons également le transport des personnalités et des hôtes de l’Etat lors des cérémonies à caractère national et international. Une de nos tâches est de veiller aussi à la conception et à l’application des textes sur l’utilisation des véhicules de l’Etat. Le directeur du PAE, en sa qualité de président de la Commission nationale de réforme, s’occupe ipso facto de la réforme des véhicules et de tout autre matériel appartenant à l’Etat.

Depuis un certain temps, le carburant de l’Etat fait l’objet d’une gestion rigoureuse à travers les cartes magnétiques dont le parc est la cheville ouvrière en ce qui concerne la mise en œuvre de cette mesure. Il est aussi bon de savoir que nous nous occupons de la formation et du recyclage des chauffeurs, de la réparation des véhicules de l’Etat.

Que doit-on entendre par réforme ?

• La réforme, c’est l’ensemble de procédures par lesquelles un véhicule et tout matériel de l’Etat est reconsidéré dans ses aspects physiques et techniques en vue de 4 options :
- la vente ;
- le redéploiement ;
- l’aliénation ou la destruction ;
- le déclassement pour la conservation dans un musée.

Dans quelques jours, vous allez procéder à une vente aux enchères publiques de véhicules de l’Etat. A quel souci répond cette opération ?

• L’opération de vente aux enchères publiques ne relève pas des prérogatives de la PAE, car ne faisant pas partie de nos attributions. Elle relève plutôt de la Direction du domaine affecté de l’Etat (DDAE). Il ne nous revient pas de reformer et de vendre au risque d’être juge et partie. Mais puisqu’il s’agit des attributions d’une même direction générale, à savoir la direction générale du patrimoine de l’Etat, nous pouvons dire que la procédure de réforme et la vente visent l’assainissement de l’ensemble du parc automobile de l’Etat.

A travers une telle opération, nous permettons à l’Etat de soustraire de sa gestion les véhicules qui sont hors d’usage dont les réparations lui reviennent excessivement chères. Nous arrivons aussi à avoir une vue réelle d’un parc réaliste. En même temps que la vente permet à l’Etat d’engranger pour le budget national une certaine rente, elle offre à des citoyens la possibilité d’acquérir des véhicules à des fins privées.

Quel sera le nombre de véhicules mis en vente ?

• La présente opération de vente sur la base de procès-verbaux dûment approuvés par le ministre de l’Economie et des Finances avoisine 340 véhicules.

Quelles sont les catégories de véhicules concernées ?

• Je suppose que vous faites allusion au type de véhicules ; et dans ce cas, tous les types sont concernés : des berlines aux véhicules lourds en passant par les Tout-terrain, les stations- wagon, les Pick-up, etc.

Quelles sont les conditions pour souscrire à ces ventes ?

• Les ventes se font sous plis fermés et il n’y a pas d’autres formes à ce que je sache. Chacun souscrit en fonction du lot, du véhicule et de la mise à prix (prix de départ). A l’arrivée, le plus disant sera retenu par une commission mise en place par les textes.

Quels sont les problèmes rencontrés au PAE ?

• Gérer le PAE et prétendre ne pas rencontrer de difficultés serait faire preuve d’un manque d’humilité. Certes, un grand travail s’abat mais les crocs-en- jambe ne manquent pas. Après tout, ce n’est pas tout le monde qui veut des changements et de la rigueur. En effet, sur le plan intérieur, le parc est comme une famille où nous avons des comportements et humeurs avec lesquels on travaille.

Sur le plan extérieur, de la réforme, à la vente, vous trouverez des mécontents sur votre chemin ; des contrôles de véhicules à la gestion du carburant, les mécontentements ne manquent pas pour x raison (s). Mais n’empêche, on avance en dépit des torpilles. L’objectif est d’aller dans le sens des directives de modernisation, de transparence, d’efficacité et de loyauté telles que tracées par le ministre de l’Economie et des Finances.

Il semble que les vols de pièces détachées et autres larcins étaient monnaie courante au PAE. Qu’en est- il exactement ?

• Je n’en sais rien puisque je n’y étais pas. Mais n’exagérons rien, car le milieu des ouvriers, tout le monde le sait, est complexe. Quand vous avez votre propre chantier de construction, vous le comprenez mieux. Sous vos yeux, on prendra une brique, un sac de ciment, deux barres de fer, voire une poignée de carreaux, etc. ce n’est pas propre au PAE. Pour ma part, dès mon arrivée, en regardant le fonctionnement de notre structure, il m’a paru important de faire venir la police notamment la Compagnie républicaine de sécurité pour sécuriser et réguler les entrées et sorties au parc.

J’ai également fait construire un parking hors de la cour, aussi bien pour le stationnement des véhicules des visiteurs que pour ceux des chauffeurs et mécaniciens du parc. Ainsi, on ne peut pas prétendre être du service pour entrer avec sa voiture et en ressortir avec quoi que ce soit à son bord. J’ai également mis fin à la présence injustifiée de plus de 100 personnes qui se réclamaient fonctionnaires de la maison alors qu’ils n’étaient en réalité que de simples bénévoles sollicités de manière temporaire lors de certaines rencontres internationales. Selon des sources diverses, nombre de ces personnes étaient impliquées dans les transactions à la limite de la régularité.

Aujourd’hui, le parc ne connaît plus ce problème ; par contre, nous dénonçons le désossement des véhicules entreposés dans les ministères. Lorsque nous passons pour réformer les véhicules, nous le constatons. Et une fois, les voitures réformées, les gens continuent de les désosser dans les ministères et les garages privés. Nous récupérons la plupart du temps des épaves. Et tout le monde le sait, c’est ça la vérité !

Qu’est- ce qui est entrepris pour circonscrire le phénomène, à défaut d’y mettre totalement fin ?

• Nous demandons le concours de tous dans les ministères pour que prennent fin de telles pratiques. Il est bon de savoir que désormais un véhicule en panne de plus de 3 mois doit faire l’objet d’un transfert au parc automobile de l’Etat, pour éviter que sous prétexte de cette panne, des véhicules neufs ne meurent pour servir peu après de véhicules de course de certaines personnes. La réforme et la vente systématique des véhicules entreposés dans les ministères devraient devenir une réalité dès le 1er janvier 2011. Merci.

Propos recueillis par Boureima Diallo

L’Observateur Paalga

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