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Relance des investissements privés : Préoccupations variées autour d’une vision commune

Publié le mardi 20 juillet 2010 à 01h20min

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Les ambitions nationales de construire un développement durable axé sur la croissance accélérée passent nécessairement par l’accroissement des financements dans les domaines d’activités-clés de l’économie. Pour marquer sa décennie d’institution, la rencontre gouvernement-secteur privé, du lundi 19 juillet 2010 à Bobo-Dioulasso s’est penchée sur les perspectives de ce passage obligé sous forme de bilan pour un élan plus soutenu : « Etat des investissements privés au Burkina Faso : quelle stratégie de relance ? ». Les pouvoirs publics conduits par le Premier ministre, Tertius Zongo et la communauté des affaires emmenée par le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie, El Hadj Oumarou Kanazoé ont accordé leurs violons sur un certain nombre de préoccupations dont la résolution partielle ou totale attirerait au pays davantage de ressources financières.

Le gouvernement burkinabè et le secteur privé explorent les pistes susceptibles de donner un nouveau souffle à l’économie nationale. Il s’agit de trouver les voies et les moyens pour promouvoir et accroître les financements dans les domaines vitaux en vue de stimuler la croissance économique et partant, le développement.

Au moment où le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) se mue peu à peu en Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD), la réflexion inscrite, lundi 19 juillet 2010 à l’ordre du jour des rendez-vous annuels gouvernement-secteur privé apparaît une ambition commune aux deux parties : « Etat des lieux des investissements privés au Burkina Faso : quelle stratégie de relance ? ». Cette interrogation intervient après une décennie d’instauration de ce cadre de dialogue et se veut la sommation de toutes les préoccupations partagées antérieurement.

« A notre avis, ce thème montre toute l’importance que revêt l’investissement privé que le consensus de Monterrey avait déjà identifié, dès mars 2002 comme un puissant catalyseur de l’innovation, de la croissance économique et de la réduction de la pauvreté », a soutenu Alizéta Ouédraogo, vice-présidente de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Burkina Faso (CCI-BF).

D’ailleurs, cette dixième édition a été marquée du sceau du cinquantenaire pour qu’elle illustre des engagements profonds pour l’avenir radieux du paysage économique national. Bien que le Burkina Faso ait connu un engouement de l’initiative et de l’entreprenariat privés ces dernières années, la plénitude de leurs impacts sur les fondements de l’économie nationale demeure en deçà des attentes.

Alors que le pays bénéficie actuellement d’une belle vitrine de promotion des investissements. Le rapport 2010 « Doing Business » de la Banque mondiale le classe 147ème sur 183 au plan mondial, premier réformateur dans les zones UEMOA et OHADA, 22ème au Sud du Sahara. A cette bonne cote extérieure, s’ajoutent d’autres atouts telles la stabilité politique et la cohésion sociale. Le gouvernement et le secteur privé estiment que le Burkina Faso ne tire pas assez profit de tous ces avantages pour maximiser en sa faveur les investissements privés.

Depuis quatre ans, pouvoirs publics et communauté des affaires s’efforcent d’élaborer des contrats d’objectifs dont le respect des clauses entraînerait un gain en terme de performance et de compétitivité dans le paysage économique dans un sens d’accroissement des apports financiers. « La tendance d’évolution des taux d’investissement s’est nettement inversée ces cinq dernières années au profit du privé. A contrario, elle n’a pas été accompagnée d’importants flux d’investissements directs étrangers.

Entre 2004 et 2008, le Burkina Faso a reçu un flux global d’investissements étrangers de 259,4 milliards F CFA soit 52 milliards F CFA par an, soit 1,6% du PIB nominal et conforme à celui de la zone UEMOA. Dans tous les cas, ces investissements sont essentiellement concentrés dans les télécommunications (74%), les industries extractives et les services au détriment des industries de transformation, sources de valeur ajoutée substantielle et susceptibles de soutenir durablement la croissance », a indiqué Tertius Zongo, chef du gouvernement.

Selon le consultant commis à la communication sur le thème général de la 10ème rencontre, Pierre-Claver Damiba, l’univers des investissements au Burkina Faso présente une tendance paradoxe. La hausse des flux observée à la cession des parts de l’Etat à Maroc Telecom dans le capital de ONATEL ne s’est pas enrichie d’un dynamisme continu.

Il a proposé une série de stratégies allant du renforcement et à la multiplication des structures de formation professionnelle et d’accompagnement aux initiatives au recours des valeurs culturelles pour asseoir un environnement plus propice aux capitaux privés et aux affaires. « Il est donc temps que nous posons les questions et que nous sortons résolument des sentiers battus pour imaginer et déterminer les mesures et stratégies qui conviennent afin d’impulser davantage l’investissement privé au Burkina Faso », a souhaité Tertius Zongo.

Il a notamment relevé la faiblesse du dynamisme interne du secteur privé qui ne s’inspire pas vraisemblablement de la culture du partenariat intérieur et extérieur d’affaires pour installer une communion de ressources capables de tenir tête à la concurrence. « Le secteur privé a besoin que les conditions d’investissements soient stables. Cette situation réside dans la qualité du tissu sociale, la stabilité macro-économique, le bon fonctionnement des institutions, la lutte contre la corruption et la fraude ainsi que l’existence d’infrastructures accessibles aux opérateurs économiques », a également ajouté Lassiné Diawara, vice-président de la CCI-BF.

Le Burkina Faso s’engage à tirer le meilleur profit de l’embellie actuelle de l’environnement mondial : reprise de l’activité économique et remontée des cours des matières premières.

Après que le Comité paritaire présidé par Amélie Tamboura, Secrétaire générale du ministère du Commerce, de la Promotion de l’Entreprise et de l’Artisanat ait dressé le point des avancées enregistrées dans la mise en œuvre des recommandations de la rencontre précédente sur divers plans, une quinzaine d’organisations socioprofessionnelles se sont succédé pour traduire leurs préoccupations sectorielles dans l’intention d’apporter les activités de ses acteurs à jouer leur partition dans les initiatives de relance des capitaux.

Dans l’ensemble, la majorité des doléances se rapportent à la réduction ou à la suppression des impôts et taxes ou à des plaidoyers pour des statuts spécifiques. Sans compter les appels répétés à la lutte contre la fraude, à la corruption et à la concurrence déloyale.

Tout en exprimant sa volonté de jeter les jalons d’une économie compétitive et émergence s’appuyant sur un secteur privé dynamique et fort, le gouvernement a tenu à signifier que des relations de partenariat constituent certes, un cadre privilégié de négociation qui ne saurait se plier à toutes les exigences sans tenir compte des droits et devoirs ainsi que des obligations de chacune des parties. « Quand on observe la nature des revendications, chaque domaine d’activités veut s’entourer d’une fiscalité spécifique.

Cela est difficilement soutenable pour un Etat. Car l’impôt est prescrit par la Constitution et le gouvernement tient aussi à ses engagements communautaires sur cet aspect-là », ont conjointement rétorqué les ministres Léonce Koné du Commerce et Lucien Marie Noël Bembamba de l’Economie. Sans ambages, Tertius Zongo a interpelé individuellement les membres de son équipe à donner, soit la suite de certains dossiers ou apporter des éclairages, soit donner le degré de résolution de certaines doléances en vue d’une synergie d’actions fructifiant le dialogue gouvernement-secteur privé.

Tout en rappelant sa vision du socle du progrès des affaires auquel il a sollicité l’adhésion de tous les acteurs économiques ayant à cœur la pérennisation des investissements : « La réussite de toutes les stratégies de relance des investissements repose sur une main-d’œuvre qualifiée et compétitive.

Or, ce défi ne peut être relevé qu’à travers un système adéquat et adapté de formation technique et professionnelle. Il faut mettre l’accent sur ce volet essentiel du développement et renverser la tendance qui veuille que l’on soit capable dans ce pays de connaître et de parler de tout ce qui se passe derrière les océans même au XVème siècle sans pouvoir résoudre un problème sur place ».

Jolivet Emmaüs (Joliv_et@yahoo.fr) et Jean Marie TOE


Un duo de plaideurs Alizéta Ouédraogo-Dianguinaba Barro

A la dixième rencontre gouvernement-secteur privé, de hautes personnalités consulaires tels Alizéta Ouédraogo, vice-président de la CCI-BF et Dianguinaba Barro, président de la section territoriale de Bobo-Dioulasso n’ont pas manqué de porter des etoffes d’avocats-plaideurs pour attirer l’attention du gouvernement sur la situation de certains de leurs confrères en difficultés.

Tan’Aliz a été la première a sollicité une intervention de l’Etat en faveur des Brasseries du Faso (BRAFASO) dont le promoteur éprouve de réelles difficultés pour l’aboutissement effectif de ses investissements estimés actuellement à plus de 40 milliards F CFA. A sa suite, Dianguinaba Barro a embouché la même trompette dans un langage à lui reconnu pour traduire ceci : « Il faut que le gouvernement fasse tout ce qui est en son pouvoir pour sauver BRAFASO, DAFANI et GMB afin de préserver et créer des emplois et des richesses ».

L’enfant de Diéri ayant surpris le plan d’investissement de la SONABEL notamment les perspectives d’interconnexion Han (Ghana)-Bobo-Sikasso (Mali) a d’emblée demandé au ministre Cissé le moment de son effectivité. Diéri étant situé sur l’axe Orodara-Sikasso, il y a de quoi être pressé d’un éventuel éclairage. Mais le premier responsable a demandé son indulgence car le projet est en phase de signature de protocole.

J.E/J.M.T

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