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XENOPHOBIE EN AFRIQUE DU SUD : Après le Mondial, la réalité reprend ses droits

Publié le vendredi 16 juillet 2010 à 00h11min

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En Afrique du Sud, la bête immonde de la xénophobie s’est échappée de sa cage dans laquelle la Coupe du monde de football l’avait emprisonnée durant un mois. Très rapidement, elle s’est jetée sur les étrangers. Les Somaliens, dont beaucoup ont fui la guerre qui ravage leur pays depuis 1990, ont été particulièrement visés par cette chasse aux étrangers. Ils ont vu leurs boutiques pillées le week-end dernier dans la province du Cap occidental par des Sud-Africains qui les accusent de leur voler leurs emplois et d’être aussi à l’origine du fort taux de criminalité dans le pays.

Pour ne pas faire les frais de cette xénophobie, des immigrés se sont réfugiés le 11 juillet (jour de la finale du Mondial) dans des commissariats de police du Cap. Et jusque-là, beaucoup y sont toujours malgré les instructions données à la police, à l’armée et à la justice d’agir avec fermeté contre les auteurs de violences sur les étrangers. Deux précautions valent toujours mieux qu’une et les réfugiés ont anticipé une éventuelle réédition des violences xénophobes de 2008 dans lesquelles périrent une soixantaine d’immigrés. Tous ceux qui avaient cru que le Mondial endiguerait à défaut d’éradiquer la xénophobie, doivent déchanter. La fête du ballon rond est finie mais la haine viscérale de l’étranger demeure. Et visiblement, beaucoup piaffaient d’impatience d’en découdre avec lui, si bien qu’ils sont passés à l’acte avant même que les rideaux ne tombent définitivement sur la compétition.

Le naturel a rapidement repris ses droits dans ce pays où les inégalités n’ont jamais complètement disparu même avec la fin de l’apartheid qui les avait érigées en système de gouvernement. Malheureusement, au lieu de chercher les véritables causes de ces inégalités, il y en a qui mettent tout sur le dos des étrangers boucs émissaires tout désignés. Or, c’est vouloir cacher le soleil avec son doigt que de mettre à l’indexe systématiquement les étrangers comme étant à l’origine des crises économiques qui n’épargnent aucun pays. Les premiers responsables du mal-être des Sud-Africains sont les autorités qui n’ont pas su élaborer des politiques sociales à même d’assurer un minimum de bonheur à leur peuple. C’est déplacer le problème que de s’en prendre aux étrangers. Aussi les Sud-Africains qui s’adonnent à la xénophobie, perpétuent-ils paradoxalement l’exclusion, surtout celle des Noirs, qui était la règle sous l’apartheid.

On ne pensait pas que de tels agissements pouvaient toujours avoir cours après la fin du système abominable du développement séparé. C’est à croire que certains Sud-Africains ont la mémoire courte. Il n’y a pas longtemps, bon nombre de pays africains en général et ceux voisins de l’Afrique du Sud en particulier ont accueilli des mouvements de lutte contre l’apartheid dont le plus célèbre est le Congrès national africain (ANC). Aujourd’hui, les ressortissants de ces pays comme ceux du Zimbabwe font l’objet d’exclusion. Pourtant, au regard de leur histoire, les Sud-Africains devraient être très accueillants. Malheureusement, certains se comportent de la plus mauvaise manière et donnent raison notamment aux pays occidentaux qui se barricadent de plus en plus pour se protéger de vagues d’immigrés venant de pays sous-développés.

Séni DABO

Le Pays

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