La gare de l’Est, fonctionnelle seulement depuis l’année 2000 ne finit pas de faire parler d’elle. Le 18 novembre 2003, les transporteurs ont vécu une matinée assez houleuse et cette fois-ci, contrairement à août dernier où ils étaient opposés à la police, la fumée monte de la "maison" même par eux créée : le Syndicat national des transporteurs routiers de voyageurs du Burkina (SNTRV-B).

Les couteaux ont été tirés par le président Anassé Banguian et quelques membres du syndicat, notamment le vice-président (Ousmane Belem), le secrétaire général (Bonaventure Kéré) etc. Et dès le matin 8 heures, les partisans du président qui occupaient jusqu’alors les bureaux au sein de la gare de l’Est "ont été surpris" par la tendance Kéré, accompagnée de quatre (4) véhicules bourrés de policiers de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS). Sur les lieux, le magasin et les bureaux ont été fermés.

Le camp Kéré se fonde sur une décision de justice pour "descendre" sur la gare. En effet, lors d’une réunion le 13 septembre 2003, ils avaient décidé de la suspension de leur président pour "gestion gabégique des ressources financières du Syndicat" et ses "actes d’irresponsabilité". Et le 15 du même mois une notification de la décision de suspension a été faite au président l’enjoignant de céder tous les droits et qualités afférents à son titre.

Rappelons que le 29 septembre 2003, le juge de première instance qui avait été saisi par voie de référé pour voir ordonner l’ouverture des locaux du Syndicat et la nomination provisoire d’un séquestre aux comptes du Syndicat avait fait droit à ces prétentions nonobstant l’exception d’incompétence soulevée par le sieur Banguian.

C’est ce à quoi celui-ci oppose un refus catégorique. Et à partir de ce moment et à sa requête, une assignation en annulation de la mesure de suspension et des actes subséquents a été faite aux "dissidents".

Pourtant dans le camp des Kéré, l’on met en avant le fait qu’après avoir saisi le juge celui-ci leur "a fait droit". Restait maintenant à exécuter l’ordonnance ; ce qui pose problème, puisque le président a "cadenassé" les locaux de la gare et le siège du Syndicat, sis zone commerciale.

Un audit a même été commandité par les "lieutenants" sur la gestion (commune) du bureau, ce qui devrait ouvrir la voie à la tenue d’un congrès.

Cependant, Anassé Banguian voit autrement la crise. Selon lui ses détracteurs (surtout Kéré) se sont rendus coupables d’un détournement d’argent. "Quand le détournement s’est avéré, je les ai remerciés. Voilà pourquoi ils m’en veulent aujourd’hui", a-t-il répliqué et dit détenir les preuves de ce qu’il avance.

En attendant le congrès qui interviendra probablement dans les semaines à venir, le SNTRV-B reste divisé. Le 2e adjoint au maire de la commune de Ouagadougou, M. Jean Christophe Ilboudo, président du Conseil d’exploitation de la régie autonome de gestion des équipements marchands dont fait partie la gare de l’Est, qui a conduit une mission de bons offices dans l’enceinte de la gare rassure que sa structure n’a pas de parti pris dans cette guéguerre mais que le souci de pérennisation de l’activité de la gare leur commande de jouer l’apaisement. Car jusqu’à 11 heures 45 les positions étaient encore tranchées. A preuve, pendant que Kéré quittait la gare sous escorte policière, les jeunes transporteurs portaient en triomphe le sieur Banguian.

Souleymane SAWADOGO
Sidwaya