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OTAGE FRANÇAIS D’AQMI : Un dilemme pour Paris

Publié le mercredi 14 juillet 2010 à 01h10min

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La branche maghrébine d’Al Qaida (AQMI) se rappelle une fois de plus au bon souvenir de la France. Dans un récent communiqué, elle a lancé un ultimatum de 15 jours, à décompter à partir du 12 juillet, aux autorités françaises, pour échanger leur compatriote, Michel Germaneau enlevé en avril 2010 au Niger, contre des militants détenus.

Et voilà la France qui se retrouve dans la situation du Mali qui avait été obligé de relâcher des militants d’AQMI contre la vie de l’otage français Pierre Camate. La France en fera-t-elle de même pour sauver son citoyen ? Il est difficile de répondre pour le moment à cette question vu que les preneurs d’otages n’ont pas encore précisé l’identité de leurs camarades détenus dont ils voudraient la libération, ni le lieu où ils sont emprisonnés. Toutefois, le dilemme et la préoccupation sont perceptibles du côté des autorités françaises. Nicolas Sarkozy, dans son interview tant attendue du 12 juillet sur France 2, a fait état de son "inquiétude brûlante » par rapport à la situation de l’ingénieur à la retraite Germaneau, minimisant même le sort de deux autres otages, des journalistes, enlevés en Afghanistan.

Au regard de cette haute inquiétude, on peut dire que la France fera tout ce qui est en son pouvoir pour libérer son ressortissant. Cependant, cela risque d’être complexe car elle n’a pas toutes les cartes en mains. Sauf omission de notre part, la France n’a pas dans ses geôles des militants d’AQMI condamnés pour terrorisme ou prise d’otages.

Il y a donc de fortes chances que ceux dont on va demander l’élargissement soient détenus ailleurs, notamment dans un ou des pays de la bande sahélo-saharienne, zone de prédilection d’AQMI. Et ce qui sera demandé à Paris est de négocier et /ou mettre la pression sur ce pays en question pour obtenir la libération des militants pour avoir en retour celle de l’otage. C’est une éventualité redoutable. Dans la zone, il y a des pays farouchement opposés aux échanges de terroristes emprisonnés contre des otages et contre le paiement de rançons. C’est le cas notamment de l’Algérie et de la Mauritanie qui ont vivement critiqué le Mali au moment de l’échange de l’otage Pierre Camate contre la libération de quatre terroristes qui purgeaient leur peine à Bamako.

Imaginons un seul instant que les militants dont AQMI va demander la libération soient détenus dans un de ces deux pays. L’échange sera donc extrêmement difficile voire impossible connaissant la position de ces pays. Paris s’arrachera les cheveux pour pouvoir convaincre les autorités de ces pays de mettre de l’eau dans leur vin. Imaginons aussi que les prisonniers se trouvent au Mali. Là aussi, ce n’est pas gagné d’avance parce qu’il n’est pas évident que les autorités de Bamako acceptent à nouveau un tel "deal" qui ne manquerait pas de provoquer une fois de plus le courroux des pays voisins. Elles auront à choisir entre la pression de l’ancienne puissance colonisatrice et l’ire des voisins.

Dans tous les cas, la France se trouverait dans une position très inconfortable, étant donné qu’il n’est pas question ici d’une demande de rançon. Elle doit sauver un de ses ressortissants qui risque d’être exécuté, s’il ne meurt pas bien avant entre les mains de ses ravisseurs du fait de la dégradation de sa santé. Un ultimatum de 15 jours doublé d’une mauvaise santé de l’otage, c’est une course contre la montre qui s’engage, une pression terrible sur les épaules des autorités de la patrie des droits de l’Homme.

Séni DABO

Le Pays

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