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VASTE ESCROQUERIE AU BENIN : L’honneur sali de la République

Publié le vendredi 9 juillet 2010 à 02h13min

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Ceux qui pensent que le Bénin est, en matière de démocratie et de bonne gouvernance, sur le continent africain, l’un des bons exemples qui indiquent la voie à suivre, auront une fois de plus, une excellente raison d’exulter. Le président béninois vient de relever de ses fonctions, son ministre de l’Intérieur, un de ses proches parmi les plus proches. La raison ? Armand Zinzindohoué est soupçonné d’être mêlé à une affaire de vaste escroquerie savamment camouflée sous le couvert d’une société de placement d’argent. Elle aurait fait d’énormes dégâts –on parle de 100 milliards de malheureux francs cfa volatilisés-et près d’un million de Béninois en auront été floués.

La chose sue, le président banquier a aussitôt décidé de sévir. Et, il faut le reconnaître, les mesures entreprises sont décidément à la hauteur du fléau à combattre : création d’un comité de crise ayant pour objectif principal de dédommager les victimes, interdiction d’accès de leurs comptes aux agences pécheresses, mise aux arrêts des responsables trempés dans l’affaire et dernier mais pas le moindre, limogeage du ministre de l’Intérieur, celui-ci survenant après l’éviction du procureur général de la République, coupable de n’avoir pas daigné donner suite aux plaintes des victimes de la grosse arnaque. Et il fait bien, Yayi, en sortant la grosse artillerie contre un fléau qui, en terre africaine, comme partout ailleurs sur d’autres continents, est en passe de devenir le sport favori d’individus qui, au motif qu’ils détiennent quelque portion de pouvoir, se font fort d’y exceller à qui mieux mieux, et ce, en toute impunité.

Et pourtant l’œuvre de salubrité publique entreprise ne manquait pas de dangers politiques. Yayi s’est attaqué à un proche, un ami, un homme du sérail. Généralement, en pareilles circonstances, la tentation est bien grande de chercher à "protéger" le "pote". On ferme alors tout simplement les yeux. D’autres, plus courageux, sans doute, se laissent aller à des "deals" douteux, et des troisièmes, sans bruit, décident de faire tout "casquer" à l’Etat.

Sans tambour ni trompette. Ni vu ni connu, ce n’est pas pécher que de pécher en silence. Ainsi vont les républiques des copains et des coquins. Mais voilà, à son investiture, Yayi Boni avait promis de faire de la lutte contre la corruption son cheval de bataille et de toute évidence, il se le tient pour dit. La chose l’honore. Et ce d’autant qu’il n’ignore pas qu’il offre là une brèche à son opposition qui ne manquera peut-être pas de s’y engouffrer pour attaquer son propre système. Au Bénin, le climat politique en ce moment est à la pré- campagne. D’autres que le président Yayi auraient songé à soigner plus que jamais leur image de marque en vue des joutes futures. Mais l’essentiel est bien là : l’œuvre de salubrité publique commencée démontre à souhait l’altruisme ainsi que le patriotisme de l’homme. On souhaiterait voir plus souvent pareil comportement venant des chefs d’Etat du continent.

L’arnaque, de nos jours, ne connaît pas de limites, tout comme elle ignore les frontières. Même lorsqu’elle se réduit à l’échelle du citoyen lambda, elle peut occasionner de sérieux préjudices. Le mal est plus grand lorsque ce sont des personnages de l’Etat eux-mêmes qui y sont impliqués. A l’heure où blanchiment d’argent, évasion fiscale et cybercriminalité courent les rues, ce sont tous les pays de tous les continents qui devront se sentir interpellés. Et sans doute les Etats africains plus que les autres : à la différence des nations d’autres parties du globe, ils manquent à la fois de moyens et de systèmes de sécurité forts qui luttent de manière efficace contre des escrocs de tous genres qui quittent les continents européen et américain où ils ne peuvent plus "rouler" grand monde, et qui voient dans le continent noir leur nouvelle zone de prédilection. Il y a urgence alors que les pays africains unissent leurs efforts pour en venir à bout.

Et l’assainissement de la gouvernance politique y aide. Nul ne pourrait songer à s’attaquer au brigandage transfrontalier s’il ne réussit pas au préalable à vaincre la corruption qui sévit dans son propre domicile. C’est en cela aussi que l’exemple du président béninois mérite d’être suivi. La corruption n’étant rien d’autre que le second nom de la pourriture, les pays africains, pour être sains, ont besoin de prendre le problème à bras le corps, et bien vite. Pour l’avenir du continent entier, à court et moyen termes. Mais sans doute aussi pour faire comprendre aux générations montantes que leurs patries ne sont pas irrémédiablement condamnées à la médiocrité et à un avenir sombre, parce que déjà terni par avance.

"Le Pays"

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