Vous avez beau marcher avec des slogans hostiles à un gouvernement, c’est toujours la même rengaine : il n’y a pas d’argent dans les caisses. De guerre lasse, vous retournez à vos occupations en espérant que demain sera meilleur. Mais rien ne se profile à l’horizon si ce n’est les difficultés de la vie quotidienne.

Si on demande à tous de faire le sacrifice… d’argent, il y a des gens qui ne voient pas la chose autrement. De par leur position, il trouve les moyens de s’octroyer des faveurs pour vivre comme un coq en pâte. Savez-vous qui sont ces messieurs qui ont une autre lecture du sacrifice ? Eh bien, ce sont des députés kenyans qui semblent fatigués de déposer des projets de loi.

Pour ne pas s’encroûter dans des habitudes d’indifférence et de paresse, cette fois, c’est leur propre intérêt qu’ils ont mis en avant. Dans le pays de Jomo Kenyatta, les élus nationaux ont décidé tout récemment de faire passer leurs salaires et indemnités à 15 227 dollars (12 000 euros) par mois contre un peu plus de 10 000 dollars (7 900 euros) actuellement, une augmentation supérieure à celle proposée par un comité parlementaire qui était chargé d’étudier la question.

Pour justifier l’augmentation de leurs revenus, les parlementaires expliquent qu’ils doivent en reverser une partie à leurs administrés et à leurs électeurs. Vous avez bien noté : administrés et électeurs. La question qu’on se pose est de savoir si un contrat lie ceux-ci aux députés. Et puis, ils ne disent pas ce qu’ils doivent reverser à ceux qui leur ont permis d’être au Parlement.

C’est quand même étonnant et peut-être que ces honorables députés sont pour une politique de la vieillesse à l’Assemblée nationale. Tenez-vous bien , ils sont même allés plus loin en proposant d’allouer quelque 39 000 dollars mensuels (31 000 euros) au Premier ministre Raila Odinga, dit-on, selon leurs recommandations au ministre des Finances, qui doit à présent rédiger et soumettre un texte de loi au Parlement.

Mais il semble que le Premier ministre, hospitalisé pendant plusieurs jours, aurait fait savoir qu’il était satisfait de son salaire actuel et a dénoncé une mesure injuste qui envoie un signal négatif à la population.

A Nairobi, on parle de « honte nationale » et on dit que les parlementaires n’auraient pu choisir une plus mauvaise période pour passer à la va-vite une nouvelle augmentation de leurs propres salaires et avantages. C’est certain, l’amélioration des conditions de vie du peuple n’est donc pas une priorité pour eux, et on peut appeler cela de l’égoïsme.

Selon le quotidien kenyan le Daily Nation, le coût annuel des salaires de l’ensemble des parlementaires serait équivalent au montant déboursé par le pays pour approvisionner les hôpitaux en médicaments. Dans un pays où les employés des secteurs public et privé touchent en moyenne 400 dollars (317 euros) par mois, il est inconcevable que des députés ne pensent qu’à eux-mêmes.

Travaillent-ils plus que les autres ? Même si c’est le cas, leur décision ne se justifie pas. Ce qui reste maintenant au peuple, c’est d’attendre que leur mandat finisse pour les sanctionner à travers les urnes. C’est le seul moyen de les chasser du Parlement pour que cela serve de leçon aux politiciens véreux, sans vergogne et assoiffés d’argent.

Justin Daboné

L’Observateur Paalga