Nous avions en son temps salué cette volonté de réorganiser cette discipline sportive en espérant que le gouvernement donnerait les moyens nécessaires pour la redynamiser. Dans le même temps, nous nous interrogions sur la réaction que la Fédération internationale de football (FIFA) réserverait à cette intrusion du politique dans la gestion du sport-roi. Cette réaction ne s’est pas fait attendre. Elle est venue sous la forme d’un ultimatum aux autorités nigérianes qui expirait lundi à 18h. Celles-ci ont capitulé une heure avant la fin de l’ultimatum. Un revers qui laissera des traces au plan interne mais aussi qui confirme la toute puissance de la FIFA dont la peur qu’elle suscite auprès des gouvernements ferait pâlir l’ONU de jalousie.

Pour l’une de ses premières grandes décisions, le tout nouveau président de l’Etat le plus puissant d’Afrique de l’Ouest, recule sous la menace de la FIFA. Son autorité et son image en prendront certainement un coup. Comment a-t-il pu se laisser piéger à un tel niveau, comme si la décision n’avait pas fait l’objet de réflexion bien mûrie et qu’aucun des conseillers du président n’avait subodoré les éventuelles sanctions de la FIFA ? Si le gouvernement a plié de cette façon, cela confirme la thèse que la décision du président a été prise sur un coup de tête et ce serait alors très inquiétant en matière de gouvernance.

D’autant que la France, toute puissante qu’elle est, était dans le collimateur de la FIFA en raison des pressions de toutes sortes que les hommes politiques exerçaient sur la Fédération française de football après la débâcle historique des Bleus en Afrique du Sud. De façon très subtile, la Fédération française de football a remis son tablier et le gouvernement aura ses états généraux du sport. Tout est donc dans la manière. Goodluck a vite rué dans les brancards, il l’apprend aujourd’hui à ses dépens.

Maladresse ou défiance ? Il y a eu sûrement une mauvaise appréciation de la situation de la part du gouvernement nigérian qui, toute honte bue, crée un précédent qui renforce l’autorité de la FIFA sur les politiques. Que les gouvernements se le tiennent pour dit, la FIFA est plus que jamais jalouse de son indépendance. Et elle est plus que jamais puissante.

Abdoulaye TAO

Le Pays