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Expulsions en Libye : Le paradoxe Khadafi

Publié le mercredi 7 juillet 2010 à 00h48min

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Une centaine de Nigériens, qui étaient détenus en Libye, ont été rapatriés à Niamey le 05 juillet 2010. Un autre contingent de 200 citoyens nigériens était attendu.

Ces immigrés, naguère détenus dans les geôles, ont pu regagner le bercail grâce à des négociations entreprises par leur gouvernement avec Tripoli, lesquelles avaient valu le déplacement personnel du chef de la junte, le général Djibo Salou, pour rencontrer son homologue Mouammar Khadafi.

Ces vols charters de ressortissants de pays voisins de la Libye et de la sous-région ouest-africaine sont devenus un non-événement dans la mesure où le régime libyen est coutumier du fait. En effet, il ne se passe pas des mois sans qu’on apprenne que des Nigérians, des Soudanais, des Ghanéens, des Maliens et des Burkinabè ont été convoyés, sous bonne escorte, vers leur pays d’origine.

Cette chasse aux ressortissants étrangers n’est pas près de s’arrêter en si bon chemin vu que, par crainte d’accueillir de nombreux clandestins sur son sol, l’Italie de Silvio Berlusconi a signé avec le guide Mouammar Khadafi un accord pour les en empêcher. Et au nom de cette convention, des patrouilles italiennes interviennent dans les eaux territoriales libyennes, et Tripoli a durci le contrôle à l’intérieur de ses frontières (ses terres constituant une zone de transit vers l’Italie) en vue d’extirper tous ceux qui sont en situation irrégulière.

Chaque Etat a ses règles qu’il convient de respecter. Et au nom de ce principe, la Libye est dans son bon droit de reconduire hors de ses frontières les étrangers qui ne remplissent pas les conditions pour y séjourner.

Qu’à cela ne tienne. Certains immigrés, accusés à tort ou à raison de délits ou de crimes et condamnés à mort ou jetés dans l’enfer des prisons, sont parfois victimes de traitements inhumains. Et c’est là que le bât blesse. Pourtant, Mouammar Khadafi défend depuis des années la thèse des Etats-Unis d’Afrique avec un gouvernement continental. Et aucune tribune n’est de trop pour faire son plaidoyer envers ses pairs sur la nécessité d’aller vers un bloc unitaire faisant de tous les Africains les citoyens d’un même pays.

A l’évidence, il reste encore du chemin à faire avant que les discours des salons feutrés ou des salles de conférences climatisées deviennent une réalité sur le terrain.

Le plus ahurissant, c’est que ces expulsions et surtout les traitements dégradants infligés aux immigrés sont accueillis par un silence incompréhensible des dirigeants des pays concernés. En tout cas, en dehors des organisations non gouvernementales qui dénoncent les conditions de détention des expulsés parqués dans des camps comme du bétail, les gouvernements restent officiellement aphones face à ces pratiques, gênés sans doute aux entournures parce que nombre de chefs d’Etat bénéficient de la générosité et des largesses du maître de Tripoli.

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur Paalga

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