LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

CONTESTATIONS POST-ELECTORALES EN GUINEE : Vers la stratégie du chaos

Publié le mardi 6 juillet 2010 à 01h45min

PARTAGER :                          

Pour avoir été éliminés au premier tour de l’élection présidentielle guinéenne, certains candidats sont-ils prêts à semer le chaos dans le pays ? Les accusations suivies de manifestations contre le général Sékouba Konaté, orchestrées par le candidat Sidya Touré et ses partisans ne sont rien d’autre qu’une tentative de remettre en cause les résultats du scrutin et partant l’ensemble du processus électoral.

Car enfin, qu’est-ce qui a bien pu passer par la tête de l’homme, pour qu’il s’en prenne ainsi à celui que tout le monde considère comme le sauveur de la Guinée ? Car il n’y va pas avec le dos de la cuillère. Dans une interview accordée à Jeune Afrique, il affirme sans ambages : "Je pense que c’est sur instruction du président de la Transition que la CENI a réintégré les voix du RPG (ndlr : le parti de Alpha Condé) qui n’auraient pas dû être prises en compte ». Sidya Touré mesure-t-il la gravité de ses propos et les conséquences qu’ils peuvent avoir sur la sérénité du processus ? A moins que ces déclarations incendiaires n’aient qu’un seul objectif : mettre le feu aux poudres.

Certes, la déception doit être immense chez celui qui confiait à l’envoyé spécial du "Pays" à Conakry ces mots très optimistes, le jour du scrutin : "Je n’ai jamais envisagé de perdre dans la mesure où nous avons travaillé en profondeur dans les quatre régions de la Guinée. Et je n’ai pas de raisons de croire que je ne serai pas au second tour".

Les urnes en ont décidé autrement pour Sidya Touré, recalé au premier tour. Dans toute élection, il y a toujours au finish un hiatus entre les déclarations des candidats et les résultats du scrutin. Dans le cas guinéen en particulier, en l’absence d’élections précédentes récentes ou de sondages fiables, le jeu des pronostics était hasardeux. On ne connaissait pas la force réelle des uns et des autres. La présidentielle du 27 juin dernier constitue donc le premier véritable test de popularité pour les candidats à la succession du général Sékouba Konaté. Mais en dépit de l’opinion exprimée par les électeurs, tous veulent être César. Sidya Touré est de ceux-là.

Les contestations post-électorales persistantes en Guinée traduisent un manque de fair-play chez certains candidats. Ils ont la défaite difficile et semblent prêts à envisager le scénario du pire, dans le genre « moi ou le chaos ». Car on ne peut comprendre que tout en se proclamant légalistes quant au contentieux électoral, ils tiennent des discours enflammés de nature à mettre le feu au pays.

Le danger, c’est qu’après une élection- n’ayons pas peur des mots-aux relents ethniques, on assiste à un conflit post-électoral lui aussi communautariste. En accusant le général Sékouba, un malinké, d’être de connivence avec Alpha Condé, lui aussi malinké, Sidya Touré ne peut que exacerber la fibre ethnique. Rien, visiblement, n’unit Sékouba et Condé, si ce n’est qu’ils appartiennent au même groupe ethnique. Attention donc à ne pas ouvrir cette boîte de pandore qu’est le repli identitaire, pour des intérêts bassement politiciens. En Guinée plus qu’ailleurs, il peut s’avérer explosif.

Mahorou KANAZOE

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique