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Maître Hermann Yaméogo, président de l’UNDD : « La majorité des acteurs ivoiriens reste rivée à l’Accord politique de Ouagadougou »

Publié le mardi 29 juin 2010 à 01h39min

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Maître Hermann Yaméogo, président de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD), vient d’effectuer un séjour d’une dizaine de jours en Côte d’Ivoire, six ans après son dernier voyage au bord de la lagune Ebrié. Maître Hermann Yaméogo a mis à profit son passage à Abidjan pour s’entretenir avec les responsables des structures de son parti implantées en Côte d’Ivoire, mais aussi pour s’informer de la vitalité de l’Accord politique de Ouagadougou. A la fin de son séjour, le président de l’UNDD a bien voulu nous accorder l’entretien qui suit.

J.B. I : Maître, vous venez de séjourner en Côte d’Ivoire, dans quel cadre situez-vous cette visite et que peut-on retenir de votre passage à Abidjan ?

H.Y : Je suis venu pour des raisons familiales, mais aussi pour des raisons politiques, voir les structures de mon parti, prendre des contacts pour me rassurer par rapport à la vitalité de l’Accord politique de Ouagadougou, (APO). Vous le savez bien, au cours d’un entretien avec France 24, le chef de l’Etat avait laissé entendre qu’il se pourrait que d’ici à la fin de l’année, il rende le tablier.

Cela nous a un peu touchés voire inquiétés, parce que nous tenons beaucoup à l’Accord politique de Ouagadougou au niveau de mon parti. Bien avant qu’il soit conclu, nous avions estimé qu’on perdait du temps de conférence en conférence, de sommet en sommet et que le mieux serait de faire en sorte que le président du Faso puisse être impliqué dans un processus de sortie de crise.

Quand l’accord a été signé, nous avons été les premiers à applaudir. De sentir qu’il avait des velléités de rendre le tablier, cela nous inquiète. Nous sommes venus, profitant de ce séjour, pour nous enquérir de l’état d’avancement de cet accord au niveau de nos amis ivoiriens. Je dois dire que cette appréhension a été très vite levée.

C’est vrai qu’au niveau des Ivoiriens, il y a une partie qui désespère, qui estime qu’on a perdu trop de temps en chemin ; un accord qui devrait se réaliser en dix mois, maintenant cela fait trois ans et qui voudrait maintenant qu’on le remette au rebut. Mais fort heureusement c’est une minorité. Donc la majorité au sein des parties prenantes en Côte d’Ivoire reste rivée à l’Accord politique de Ouagadougou. Ce souci, je l’ai senti au niveau du Front populaire ivoirien (FPI), parti au pouvoir, comme au niveau des premiers responsables, du chef de l’Etat, ce qui m’a beaucoup réconforté.

Ce qui m’a également réconforté, c’est qu’au cours de l’entretien que j’ai eu avec le représentant spécial du facilitateur, il est ressorti un travail de fond qui se fait dans le souci de protéger cet accord. C’est vrai que pour des questions de discrétion liée à la philosophie de la diplomatie, on en parle peu. J’ai été surpris de voir à quel point le facilitateur et son représentant à Abidjan s’investissent pour permettre que s’ébauche un dialogue direct inter-ivoirien entre les acteurs politiques ivoiriens eux-mêmes.

Je pensais que l’initiative prise par le Président de la République d’aller en direction des présidents Henri Konan Bédié du PDCI-RDA et Alassane Dramane Ouattara du RDR était impulsée à partir du président sénégalais Abdoulaye Wade. Mais, ma visite chez le représentant spécial du facilitateur m’a fait percevoir qu’en fait, il y avait un travail qui avait été préalablement mené en ce sens par le facilitateur Blaise Compaoré lui-même et son représentant spécial en Côte d’Ivoire.

J’ai ainsi compris qu’en tant que facilitateur, c’est une position de neutralité, c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas d’appuyer une partie contre l’autre, quand la partie gouvernementale, quant au niveau du pouvoir, on sent qu’il y a des lenteurs, une mauvaise volonté, le facilitateur, à travers son représentant, le fait sentir.

Cela est aussi valable du côté de l’opposition, de sorte que c’est grâce à ces contacts souterrains qu’il y a eu cette rencontre entre le chef de l’Etat et son opposition ; ce qui a permis une chose exceptionnelle que la marche du 15 mai 2010 soit évitée pour la tenue des assemblées annuelles de la BAD à Abidjan. De ce côté également, on avait bon espoir que les choses aillent jusqu’à leur terme.

C’est pour dire que finalement, je suis venu inquiet parce que je craignais que la lassitude manifestée au niveau du Burkina Faso sur une certaine intransigeance en Côte d’Ivoire, mais tel n’est pas le cas et c’est vraiment une bonne chose qu’au niveau de notre parti, nous félicitons et nous encourageons.

J.B. I : Maître, d’aucuns pensent que le processus électoral est volontairement ralenti et que des acteurs politiques ivoiriens font en sorte que cette situation perdure le plus longtemps possible, afin d’en tirer le maximum de profit. Qu’en dites-vous ?

H.Y : Pour le processus lui-même, l’Accord politique de Ouagadougou a beaucoup apporté. Aujourd’hui, il y a une certitude, on ne peut plus retourner à la guerre. Le fait d’avoir signé cet accord a impulsé une dynamique de paix. Ça fait que les activités économiques et sociales ont pu reprendre entre la partie Nord et la partie Sud du pays, entre le Burkina et la Côte d’Ivoire.

C’est donc une situation, un acquis qui fait que personne ne veut revenir à la situation de guerre. C’est un capital inestimable, ne serait-ce qu’à cause de cela, on doit féliciter et encourager l’APO. Maintenant, je suis pour ma part, satisfait d’observer qu’il y a une concordance de vue entre le président du Faso et le président Laurent Gbagbo. Tous ont convenu qu’il ne s’agit pas d’aller aux élections pour aller aux élections.

Il y a un minimum, qu’il faut préparer les conditions. S’agissant de la Côte d’Ivoire, c’est un pays qui sort d’une guerre. Le président Gbagbo a l’habitude de le dire, « on ne sort pas d’une guerre comme si on sortait d’un dîner gala ». En effet, on ne sort pas d’une guerre comme si on sortait d’un dîner-gala, le cigare au bec et les mains dans les poches.

C’est quelque chose de très sérieux. Grâce aux uns et aux autres, grâce à la facilitation que nous avons vue en Côte d’Ivoire, un travail de fourmi qui a été mené sur les listes et aujourd’hui en battant le rappel des bonnes volontés, en jouant sur les uns et les autres, il y a un accord pour arriver à faire en sorte que les contrôles et autres vérifications s’effectuent sur la fameuse liste grise et bientôt sur la liste électorale provisoire pour aboutir à une liste définitive incontestable. Toute chose à même de permettre d’aller à des élections.

C’est donc fantastique, le consensus est fait là-dessus. Il faut éviter la précipitation parce qu’aller à des élections alors qu’il y a des hypothèques qui pèsent sur le processus peut nous ramener à la case départ. Je trouve à ce niveau que les choses font leur petit bonhomme de chemin et comme l’engagement a été pris au niveau des autorités pour que d’ici à la fin de l’année, il y ait élection, il faut compter là-dessus.

Ce que je vais soutenir également, c’est que depuis Marcoussis, la communauté internationale a toujours promis d’aider à la sortie de crise en finançant. La communauté internationale avait promis de réunir les bailleurs de fonds, non seulement pour aider à la mise en œuvre des accords de paix, mais également pour reconstruire la Côte d’Ivoire et permettre aux pays de la sous-région qui ont également souffert de cette situation de se relever.

Donc, il y a une part qui revient à la communauté internationale. Autant elle est impatiente qu’on aille aux élections, autant elle devrait aussi mettre de l’ardeur à contribuer pour permettre de faire face au désarmement, à l’encasernement.

Tout ceux qui demandent leur pécule de 500.000 francs, pour pouvoir entrer dans le processus de désarmement, s’il n’y a pas cela, il n’y a pas d’encasernement et donc, pas de désarmement. Il y a donc une part de responsabilité aussi qui incombe à la communauté internationale.

J.B.I : Quels enseignements tirez-vous de la facilitation du président Blaise Compaoré dans la crise ivoirienne ?

H.Y : Comme je le disais, j’ai personnellement demandé l’implication du président Blaise Compaoré dans la sortie de crise en Côte d’Ivoire. Quand j’ai eu la conclusion de l’Accord politique de Ouagadougou, nous l’avons félicité et comme je le dis, on ne pouvait pas imaginer dans cette situation de crispation, que l’on amène les protagonistes de la crise ivoirienne à s’entendre, à participer au même gouvernement, à faire en sorte qu’il y ait un Premier ministre issu des Forces nouvelles qui soit à la tête du gouvernement.

C’est une chose extraordinaire ! Cela a donc contribué à dégeler l’atmosphère et à prédisposer les uns et les autres à aller vers la paix. C’est quelque chose de très important qui a été réalisé au profit des Ivoiriens certes, mais aussi au profit des Burkinabè et du reste de la sous-région. Je pense qu’il faut associer la société civile et tous les autres acteurs pour encourager les parties prenantes, à ne pas lâcher prise dans la mise en œuvre de cet accord.

J.B.I : Au regard de l’expérience ivoirienne, à travers le dialogue direct inter-ivoirien, pensez-vous que l’approche africaine de règlement des conflits africains par les Africains eux-mêmes est envisageable pour une paix durable sur le continent ?

H. Y : Effectivement, au regard de ce qui s’est passé à Marcoussis, à Clébert… Beaucoup de partenaires extérieurs sont intervenus et ont fait des propositions, mais ça n’a pas abouti. A partir du moment où les Ivoiriens se sont entendus avec les Burkinabè pour trouver une solution à l’africaine, on a alors beaucoup avancé.

Cela veut dire qu’au niveau de nos institutions d’intégration, on prospecte aussi à ce niveau-là ; mettre en œuvre nos propres compétences pour résoudre nos conflits, pour les prévenir, pour les traiter également. C’est une preuve manifeste que si les Africains sont vraiment attachés, s’ils se mettent au sérieux pour régler leurs problèmes, ils peuvent trouver des solutions.

Mais ce que je dirais aussi, c’est qu’au-delà même de l’Accord politique de Ouagadougou, il y a quelque chose qui a été esquissé dans la dynamique des retrouvailles entre nos deux pays. Ceci, dans la perspective que nos deux pays soient la locomotive de l’intégration sous-régionale. Il ne faut pas seulement voir la sortie de crise, il faut aussi voir le traité d’amitié, capital pour éviter qu’on retombe dans la situation déjà vécue.

C’est le défaut de politique des flux migratoires qui nous amène souvent à cette situation. Même s’il y avait un accord et que les Nigériens, les Sénégalais, les Maliens, les Burkinabè continuent à venir en masse, sans pouvoir mettre en œuvre une telle politique, nous risquons de retomber dans la même situation. Or, avec un tel accord, on sent qu’il y a une dynamique de construction avec les deux pays qui peut justement les rapprocher davantage. Je me dis que nos deux chefs d’Etat se sont retrouvés, ils ont débroussaillé une piste, il faut maintenant donner un contenu.

S’il y avait ouverture entre nos deux pays, si l’on faisait appel à l’UEMOA, à la CEDEAO pour qu’il y ait des fonds structurels afin qu’on développe des projets à haute intensité d’intégration, ce serait vraiment l’idéal. S’il y avait un processus de délocalisation où des entreprises ivoiriennes, au lieu de mettre des succursales à Bouaké, les envoient à Bobo ou Gorom et inversement, si on amène les acteurs politiques à monter ensemble des projets et à créer des intérêts économiques communs, cela renforcerait les relations entre les deux pays.

Donc, dans le prolongement de la sortie de crise, à travers l’APO, c’est ce que je vois. Et cet accord d’amitié et de coopération, avec le travail formidable que fait le représentant spécial du facilitateur en Côte d’Ivoire, cela peut nous donner des passerelles pour construire effectivement cette intégration entre les deux pays et aussi au niveau de la sous-région.

J.B.I : La question du foncier en Côte d’Ivoire constitue une autre préoccupation des autorités ivoiriennes et burkinabè. Votre point de vue sur cette question ?

H. Y : Je pense qu’il y a eu une ouverture de la part des autorités ivoiriennes. Ils ont montré une bonne volonté. Je pense que s’il y a donc une volonté de la part des autorités, on peut mettre le problème sur la table, dès lors qu’on commence à dialoguer, à discuter ensemble de cette question. Cela fait partie des préoccupations qu’il ne faut pas laisser en suspens. Même s’il y avait une sortie de crise et que cette question n’est pas réglée, on risque de retomber dans les mêmes travers. Profitons pour que nos deux responsables politiques réalisent qu’au-delà des questions sociales, la question économique doit être aussi résolue pour garantir l’avenir des relations entre les deux pays.

J.B.I : Le président du Faso, en sa qualité de facilitateur, a déclaré il y a quelques jours sur France 24, que ses limites pourraient être fixées à cette année et qu’il s’en occuperait mais pas à ce niveau. Comment appréciez-vous cette déclaration ?

H. Y : J’ai plusieurs observations à faire. D’abord, je veux croire les autorités ivoiriennes qui disent que d’ici à la fin de l’année, les élections auront lieu. Donc pour moi, il n’y a pas de raison de douter de la bonne foi des autorités ivoiriennes, lorsqu’elles affirment que d’ici à la fin de l’année les élections vont se tenir.

Ensuite, je suis de ceux-là qui estiment que même s’il faut agir de pression, il faut le faire au niveau du chef de l’Etat burkinabè, afin qu’il garde la main dans la facilitation. Parce qu’il n’y est pas pour lui-même personnellement. Il est là-bas facilitateur au nom du Burkina, de la CEDEAO, de l’Union africaine et même de l’ONU.

Au-delà de sa personne, il y a les avantages de cette facilitation qui reviennent à son peuple. Moi, ma fierté serait qu’on puisse inscrire dans l’histoire, qu’il y a eu la participation du Burkina Faso à la sortie de crise en Côte d’Ivoire. C’est une chance, une occasion qui nous est donnée et qu’on ne doit pas rater. A partir du moment où il a accepté la facilitation, qu’il aille jusqu’au bout. Au niveau du Togo, cela fait des années depuis plus longtemps que la Côte d’Ivoire.

Il y a des hauts et des bas, mais il a toujours gardé la main. Que ce soit la même chose pour la Côte d’Ivoire, surtout que nous avons beaucoup de ressortissants dans ce pays. Lâcher la facilitation, c’est ouvrir la porte à l’incertitude quant à situation de nos ressortissants en Côte d’Ivoire. Donc je ne peux pas envisager cette solution. Pour moi, c’est peut-être pour mettre la pression ; considérons que c’est plutôt cela (rires)…

J.B.I : Vous avez mis à profit votre séjour en Côte d’Ivoire pour visiter le bureau du représentant spécial du facilitateur. Quels enseignements, tirez-vous de cette visite ?

H. Y : J’ai été surpris. Je pensais que le représentant spécial du facilitateur, c’était participer aux réunions, aller à Ouaga pour rendre compte. Je ne pensais pas à une telle institution inter-structures mise en place. Une structure efficace avec 6 conseillers. Une structure répartie en plusieurs secteurs : économique, militaire, juridique, politique, social et de la communication.

Même les questions des Burkinabè qui ont été touchés par la guerre sont prises en charge. Je trouve qu’il est dommage qu’un travail d’une telle importance ne soit pas connu et reconnu par l’opinion. Au niveau des acteurs politiques, il y a eu des interventions du représentant spécial du facilitateur pour les amener à faire des concessions et cela presque de façon quotidienne sans que l’on en fasse cas. Il faudrait qu’il y ait beaucoup plus de visibilité pour mettre en valeur l’action et les activités du RSF.

C’est un travail important qui est pourtant fait ici et je trouve que dans cette dynamique du cinquantenaire qu’on célèbre et qui nous amène à faire le point des acquis, des difficultés à rétablir certains faits historiques, il serait bon que par rapport à cette facilitation, on écrive déjà l’histoire en montrant ce qui a été fait au niveau de la Côte d’Ivoire. L’expérience de la facilitation gagnerait à être connue de l’opinion.

J.B. I : Une guéguerre interne secoue le FPI. Comment percevez-vous les éventuelles répercutions de ces remous sur le processus ?

H. Y : Je ne voudrais pas interférer dans les affaires internes de la Côte d’Ivoire, sauf peut-être à faire une petite observation dans la mesure où il y a une inquiétude émise par rapport à l’APO. Plusieurs journalistes m’ont posé la même question et j’ai dit que quand le président Gbagbo sera de retour de son séjour à l’extérieur, il donnera certainement les suites judiciaires qu’il faut à toutes ces plaintes.

Avec cette enquête qui est demandée, c’est une volonté d’éclaircir la situation, d’informer les uns et les autres, de rassurer et de faire de telle sorte que dans la transparence, on sache exactement de quoi il en retourne. Pour ma part et après avoir entendu les premiers responsables du FPI et des premiers responsables de ce pays, je crois que cela n’aura pas de répercutions sur l’APO. De ce que j’ai entendu, le souci va au-delà de la sortie de crise par le truchement de l’APO.

Le souci c’est de faire en sorte qu’on construise, qu’on renforce les relations entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Le président Gbagbo l’a dit : « nous sommes dans une période où aucun Etat ne peut s’en sortir tout seul, quelles que soient ses potentialités ». Et si au lieu de travailler seule, la Côte d’Ivoire travaille avec le Burkina Faso, ils créeront un espace beaucoup plus compétitif, beaucoup plus performant. C’est cette vision qui pour moi, importe.

Ce sont peut-être de petites querelles de positionnement qui existent dans tous les pays dans la perspective des successions, mais pour la question essentielle des relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, l’Accord politique de Ouagadougou, je n’ai pas d’inquiétude, en tout cas, au vu de ce que j’ai constaté sur place.

JBI : Pensez-vous que les élections pourraient avoir effectivement lieu en 2010 et quel message pour l’ensemble des acteurs ?

H. Y : J’ai constaté ici, qu’il y a un certain travail qui se fait pour éviter que les ressortissants de la CEDEAO s’impliquent dans le processus électoral, car ils n’y ont pas droit. Je trouve qu’au niveau des institutions d’intégration, de l’UEMOA et de la CEDEAO, un message fort devrait être donné pour prévenir tous ceux qui seront tentés de fausser le processus électoral en voulant être électeurs, alors qu’ils n’y ont pas droit. Je trouve même que le facilitateur devrait personnellement monter au créneau pour dénoncer ce fait-là. C’est très important.

En ce qui concerne les Burkinabè, il faut qu’ils œuvrent à avoir des garanties à partir de leur pays d’accueil pour intervenir et jouer leur jeu politique pour le pays. Une loi a été votée dont l’application a été portée pour plus tard, il faut qu’ils s’organisent dans la perspective des futures échéances pour pouvoir voter, pour pouvoir avoir un mandat dans la mesure où on peut concevoir, comme c’est le cas en France pour les sénateurs et bientôt, semble-t-il, pour les députés, qu’il y ait des sièges qui soient prévus aux Burkinabè de Côte d’Ivoire. C’est dans cette optique que je vois les choses.

Le président du Faso peut donc œuvrer à faire en sorte que nos compatriotes ici, se tiennent très loin du processus électoral et permettre aux Ivoiriens d’y aller.

Je voudrais dire aussi que, par rapport à ces élections, qu’il y a comme une condition suspensive dans l’APO. Plus précisément, l’Accord complémentaire 4 dit en effet que les élections auront lieu deux mois après le désarmement. N’importe quel juriste dira qu’il faut travailler dans ce sens. Il faut faire en sorte que cette condition soit réalisée. Or, la communauté internationale nous dit « élection, élection, élection, il faut y aller… », alors que cet accord prévoit cette disposition-là ; il faut en tenir compte et respecter pleinement l’APO.

Une autre condition, c’est mettre l’accent sur les fonds à réunir pour permettre qu’on aille jusqu’au bout du désarmement. Ce pays a tellement souffert que s’il n’y a pas une aide de la communauté internationale, il sera difficile. On aura beau jeu de dire qu’ils sont de mauvaise foi, ils ne veulent pas aller aux élections …mais qu’est-ce qu’on fait pour les aider à pouvoir désintéresser les gens, afin que le désarmement soit effectif.

Jean-Baptiste ILBOUDO

(Chargé de Communication du représentant du facilitateur)

Sidwaya

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