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Albert II en RD Congo : Leçons d’un voyage royal

Publié le mardi 29 juin 2010 à 01h35min

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Albert II et la reine Paola

Laissons de côté Hergé, son Tintin au Congo avec sa connotation raciste des années 30. Laissons les ya bon banania et le nègre lippu et rougi pour les besoins de la cause. Voyons plutôt quelle lecture on peut faire de la visite(28 juin-1er juillet) qu’effectue le Roi des Belges, Albert II, petit-fils d’Albert I et frère du Roi Baudouin 1er, en RD Congo.

Vingt-cinq ans après la visite de ce dernier, c’était le 30 juin 1985, son frère foule de nouveau le sol de ce qui fut jadis "la propriété privée de Léopold II", un pays que le monarque belge gérait comme tel, y faisant la pluie et le beau temps. D’ailleurs, c’est avec Baudouin 1er que le cours de l’histoire de la RD Congo s’accéléra.

Les historiens retiennent en effet que le 30 juin 1960, lors de la proclamation de l’indépendance de l’ex-Zaïre, Baudouin 1er eut un discours paternaliste, il avait évoqué "l’œuvre conçue et réalisée par le Roi Léopold II" pour le Congo. Ce qui a horripilé le patron du Mouvement national congolais (MNC), Patrice Lumumba, qui répliqua alors par un violent et offensif réquisitoire contre le roi.

Au demeurant, certains ne sont pas loin de penser que c’est ce jour-là que Lumumba signa son arrêt de mort. 50 ans après ces douloureux événements, les relations entre les 2 Etats sont devenues normales, même si souvent, elles ont évolué ces dernières années de façon sinusoïdale.

Il n’y a pas longtemps encore, un commissaire européen de nationalité belge, Karen De Guts, avec son verbe acéré, assénait "qu’il n’y a pas de responsable digne de ce nom au Congo-Kinshassa". Il n’a pas totalement tort, même si un autre ex-commissaire, Louis Michel, avait tenté de se faire l’avocat de ce pays continent.

Certes, les flon-flons et autres activités festives seront au rendez-vous de cette visite royale de 4 jours.

Qu’y verra Albert II ? Une ex-colonie qui aurait pu être mieux que dans l’état déliquescent dans lequel elle se trouve. Il touchera du doigt ce géant au pied d’argile qui est toujours à la recherche de ses marques.

Il ne saurait ne pas entendre la clameur des Kinois contre l’assassinat de l’activiste des droits humains Floribert Chebeya, ni les cris de détresse de citoyens d’un pays délabré économiquement, politiquement et socialement qu’essaie de recoudre un pouvoir central, niché à Kinshassa.

Il entendra même de manière subliminale les enfants de Lumumba qui vont porter plainte contre 12 Belges pour l’assassinat de leur père. Enfin, il constatera que "ce scandale géologique" est chaque jour démantelé, pillé par des puissances étrangères aidées en cela par des complicités nationales.

Du reste, avec ce tableau catastrophique, certains Congolais en viennent à regretter Mobutu, dont la toque de léopard en imposait alors jusqu’à la forêt tropicale, c’est-à-dire de Gbadolité à Kin.

En faisant le tour du propriétaire qu’il n’est plus, même si le cordon ombilical n’est pas coupé, Albert II en viendra sans doute à faire un parallèle entre son pays et le Zaïre :

en effet, alors que l’ancienne colonie malgré son gigantisme est resté un, même si les gouverneurs du Katanga ou de l’Equateur jouent au petit président, la Belgique est menacée de façon itérative de partition, Flamands et Wallons semblant ne plus vouloir respirer le même air.

Peut-être qu’Albert II s’inspirera de ce genre de fédéralisme congolais, et ça tombe bien, le Premier ministre étant du voyage, pour éviter une fois pour toutes l’implosion de la Belgique.

Z. Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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