Afrique du Sud : Les exclus du mondial
La fête du ballon rond est à son summum en Afrique du Sud. On a l’impression même que l’on ne parle que de football dans le pays de Mandela et que tout le monde est concerné. Pourtant, il y a des laissés-pour-compte dans ce jamboree. La preuve, des exclus du Mondial 2010 se sont fait entendre dans les rues de Durban, dans l’est du pays. Durban, l’une des façades maritimes de l’Afrique du Sud et la plus attractive du continent, fait partie des 9 villes élues de la coupe du monde 2010. C’est la plus grande ville de la province du Kwazulu-Natal.
Son stade, le Moses Mabhida, tout juste sorti de terre, compte 62 760 places. Il a déjà abrité 3 matches et va recevoir 4 autres dont un huitième de finale et une demi-finale.
Les 3 064 624 habitants dans leur majorité, aiment le foot et peuvent être fiers d’avoir, en novembre 2007, accueilli le tirage au sort préliminaire de ce Mondial, déterminant les groupes de qualification pour la phase finale. Durban peut s’enorgueillir d’avoir produit des joueurs de renom comme Sibusiso Zuma, Siyabonga Nomvete et Delron Buckley.
Mais comme la plus belle femme ne peut donner que ce qu’elle a, il y a toujours un grain de sable qui vient gripper la machine. Tenez, pas plus tard que la semaine écoulée, l’on a assisté à un défilé pour le moins atypique. Pas pour magnifier la grand-messe du football, mais plutôt pour protester contre les « dégâts » du Mondial. Dans les rues de cette province zulu, des stadiers (encore eux), des pêcheurs, des vendeurs ambulants, des artistes, des sans-abri… ont paradé sur des airs révolutionnaires.
On pouvait les évaluer à 3 000 manifestants. Ils brandissaient des pancartes contre ce Mondial qui, pour eux, est tout sauf une fête. Les écriteaux les plus lisibles étaient sans équivoque : « La Coupe du monde pour tous. Les gens avant les profits ».
Dans un communiqué qui nous est parvenu, l’un des organisateurs de la marche, Desmond D’sa, affirmait qu’ils n’ont rien contre le Mondial. « Nous sommes contre la manière dont la FIFA nous a imposé ses règles ».
Les pêcheurs, eux, dénonçaient la fermeture des jetées. « Même sous l’apartheid, il n’y avait pas autant de restrictions », vociféraient-ils. L’un d’eux, rouge de colère n’a même pas mâché ses mots. « Comme on nous empêche de gagner notre pitance quotidienne, nous allons donc devoir voler ».
Ces frondeurs estiment que tout l’argent de leur pays a été utilisé pour la FIFA seule, au grand dam de leur survivance. Maintenant que le mal est fait, ils demandent donc "logiquement" une compensation. Paradoxe pour paradoxe, au même moment des supporters se dirigeant au Moses Mabhida Stadium de la ville, s’adonnaient à un bruyant concert de vuvuzelas en avant-première du spectacle Espagne # Suisse. Quel contraste !
De notre envoyé spécial au mondial, Kader Traoré
L’Observateur Paalga