Peu d’agents de l’administration disposent d’un poste téléviseur dans leur bureau. C’est ainsi que lors des grands événements retransmis en direct, il n’est pas rare de voir la plupart du personnel d’un ministère se retrouver dans deux ou trois endroits : les bureaux des patrons, comme ils les appellent. Avec le Mondial 2010, le phénomène s’est accentué. Il est 11h ce mercredi 16 juin 2010. Les couloirs du bâtiment de l’immeuble qui abrite les ministères de la Sécurité, celui de la Jeunesse et de l’emploi, celui en charge des Relations avec le parlement et celui de l’Habitat et de l’urbanisme grouillent de monde. Les amoureux du football sont ainsi en train de converger, par affinité, vers les bureaux qui disposent d’un poste téléviseur.

A la guérite déjà, ils sont nombreux à s’agglutiner devant le petit poste téléviseur qui y est installé. Personne ne veut se faire conter le match. « Depuis le début du Mondial les hommes nous fatiguent avec leur histoire de ballon. A l’heure des matchs, ils viennent envahir le bureau de mon patron et passent leur temps à crier », nous a confié une secrétaire.
« Comme les matchs coïncident avec les heures de service, nous essayons de travailler tout en nous organisant pour ne pas les rater. Pour ce faire nous transportons les dossiers à traiter dans les salles de bureaux qui disposent d’un poste téléviseur », confirme un agent du ministère de l’Habitat et de l’urbanisme.

Ce sont les matchs des équipes africaines ainsi que ceux du Brésil et de l’Argentine qui drainent le plus de monde. « Nous supportons les équipes africaines, et nous adorons aussi le jeu des sud américains », explique un autre fonctionnaire qui a pronostiqué une victoire (1-0) du Chili face au Honduras. Et c’est sur ce score que les deux équipes se sont effectivement séparées. Le Mondial a même fait naître de nouvelles habitudes. « Après le premier match qui se jouent à 11h, je me contente d’un morceau de pain au service. Car en rentrant à la maison je rate une bonne partie du second match qui débute à 14h. Je constate en plus que cela me fait faire quelques économies et du coup je ne rentrerai plus les midis à la maison », confesse un agent du ministère de la Jeunesse et de l’emploi.

Après les premiers matchs, les travailleurs n’ont pas le temps de finir les discussions et autres commentaires, qu’il est 15h. Le temps de traiter quelques dossiers pour aussitôt se retrouver devant le petit écran pour suivre le troisième match de la journée, qui avec les amis qui chez soi. Ainsi se conjuguent harmonieusement au Burkina, boulot et Coupe du monde, forcément au détriment du premier.

Joël Zoundi

Fasozine