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Sénégal : Le phare de la démocratie africaine pâlit dangereusement

Publié le mardi 8 juin 2010 à 02h57min

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Le moins que l’on puisse dire est qu’ils doivent être nombreux à se mordre les doigts, ceux-là qui, à l’époque, applaudissaient à tout rompre l’avènement au pouvoir en 2000 de l’opposant historique sénégalais, Abdoulaye Wade. En effet, depuis qu’il a accédé au trône, Gorgui, comme on le surnomme, ne fait qu’accumuler boulettes sur boulettes au point de voir un terme dérivé de son nom dédié à ses frasques : des « waderies ».

Quelques exemples ? Leur énumération exhaustive est des plus périlleuses, tellement ils sont légion, mais, donnons notre langue au chat : bastonnade d’opposants, embastillement de journalistes et fermeture de radios, mise à l’index d’une communauté religieuse au risque de mettre en péril la stabilité du pays, positionnement du fils (Karim) en tant que dauphin avec, en plus, la création d’un superministère taillé sur mesure pour lui, pléthore de remaniements ministériels et de chefs de gouvernement (pas moins d’une demi-douzaine en 10 ans de règne), ignorance des usages diplomatiques (notamment dans le cas de la mallette de 133 000 euros donnée par le président à un haut fonctionnaire du FMI) ; « Terre promise » aux Haïtiens, construction polémique du monument de la « Renaissance africaine »…

Décidément, la face cachée du « sopi » (changement en wolof), que proposait le Parti démocratique sénégalais de Wade lors de son arrivée aux affaires, est des plus vilaines. Et ce Wade-là n’a rien à voir avec celui qu’on portait aux nues il y a seulement une décennie. Est-ce le poids de l’âge qui est la cause de ces égarements plus qu’itératifs de « Papy » Wade ? On peut se poser la question. C’est en tout cas la preuve, si besoin en était encore, qu’il faut attendre de voir les opposants historiques à l’exercice du pouvoir pour qu’ils se dévoilent véritablement.

On se serait attendu logiquement à ce que la démocratie, le respect des droits de l’Homme, la liberté de la presse et toutes ces valeurs cardinales d’un Etat de droit progressent avec l’avènement à la tête du pays de l’opposition. Mais hélas, tel est loin d’être le cas pour le pays de Senghor, qui vient de fêter son cinquantenaire le 04 avril dernier. On en vient même à regretter le Parti socialiste d’Abdou Diouf qui, quoi qu’on en dise, était un « gentleman », car il y a des choses qu’on ne connaissait pas sous son régime.

Plus que jamais, le phare de la démocratie africaine, comme on présentait le Sénégal, est en train de pâlir et menace même de s’éteindre. Plus rien ne va nous étonner de la part du pays de la Téranga (hospitalité en wolof).

Pas même le guet-apens tendu au rotativiste de l’imprimerie Com 7 avec un scénario digne d’Hollywood ou des coulisses politiques de l’ex-URSS : en effet, le samedi 05 juin 2010 dans la soirée, des agents de la Direction de surveillance du territoire (DST) se présentent devant l’imprimeur (qui devait tirer la pétition de Bara Tall pour interpeller Karim Wade sur les 20 milliards de l’affaire Sudatel, cette somme tirée de la vente de la troisième licence de téléphonie aurait été versée pour payer des commissions à des intermédiaires, dont de hautes personnalités sénégalaises), et lui promettent un gros marché.

C’est en réalité un subterfuge pour pénétrer dans l’imprimerie et voir si les plaques contenant les pages de la pétition y sont toujours. Une fois à l’intérieur, ils saisissent les plaques et embarquent manu-militari le machiniste, qui se verra signer une convocation pour hier lundi à la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). Une autre affaire qui vient s’ajouter à la longue liste des waderies et dans laquelle il faut situer les responsabilités mais surtout que les têtes coupables tombent.

Autant de choses graves que doivent corriger les dirigeants des tirailleurs sénégalais en rectifiant le tir pour rendre une copie propre de la Nation considérée comme la lanterne de la démocratie africaine. Et le plus tôt sera le mieux.

Hyacinthe Sanou

L’Observateur Paalga

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