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Présidentielle guinéenne : L’échéance démentielle du 27 juin

Publié le vendredi 4 juin 2010 à 04h41min

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C’est en principe le 27 juin prochain que les Guinéens iront aux urnes pour élire leur président. Au regard de l’histoire politique de ce pays, marquée par les régimes de fer de Sékou Touré et de Lansana Conté, cette présidentielle sera la première véritablement démocratique et ouverte.

Mais à trois semaines de l’échéance, la question se pose de savoir si ce scrutin aura lieu à la date prévue, car le nerf de la guerre fait défaut : en effet, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a besoin, pour réussir sa mission, d’un budget de 30 milliards de FCFA ; or, à ce jour, elle n’a pu réunir que 20 milliards et crie donc misère à qui veut l’entendre. Avec juste raison, puisque l’Etat guinéen, connu pour son état de délabrement actuel, n’a pas les moyens de combler le déficit financier quand bien même il s’agit là d’une dépense de souveraineté nationale.

Il y a donc péril en la demeure guinéenne, car le compte à rebours a déjà commencé. A ce problème crucial s’ajoutent d’autres difficultés et pas des moindres : les cartes d’électeurs ne seraient pas imprimées, a fortiori distribuées, la cartographie de l’ensemble des bureaux de vote sur le territoire national n’est pas établie.

Et pour ne rien arranger, le premier responsable de la CENI, Ben Sékou Sylla, est souffrant et a même séjourné plusieurs mois en France pour des soins. A la faveur de la visite de Sékouba Konaté à Nice à l’occasion du sommet du même nom, il a rencontré le président intérimaire pour lui signifier que son institution ne serait pas prête pour le 27 juin. Avec le recul, on se demande si on n’est pas allé trop vite en besogne en voulant organiser cette présidentielle à cette date.

Il est vrai, le facilitateur, Blaise Compaoré, qui a d’autres chantiers à terminer, voulait en finir avec ce dossier, et le général Sékouba Konaté est, lui, pressé de remettre le pouvoir aux civils pour préserver son image d’homme de parole, sans oublier que la communauté internationale a hâte de mettre fin à la transition militaire, si fait que la date du scrutin a été fixée sans tenir compte de certaines réalités objectives dans cette Guinée, qui n’a jamais organisé une élection digne de ce nom.

Naturellement donc, on ne pouvait que s’attendre à des problèmes organisationnels. Maintenant que tous les acteurs politiques sont unanimes pour en découdre par les urnes et que les 27 prétendants à la magistrature suprême sont en campagne, les bailleurs de fonds doivent casquer pour aider la Guinée à surmonter les écueils.

Et les chèques doivent être signés à temps pour que l’argent puisse être utilisé à bon escient. Car ces difficultés organisationnelles peuvent engendrer une élection bâclée, laquelle pourrait ouvrir la voie aux conflits et aux troubles sociaux. Pourtant, le bout du tunnel guinéen n’est pas loin. Tous les moyens sont à mobiliser pour permettre à ce pays de soritr enfin de son marasme politique.

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur Paalga

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