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PROCES D’ISLAMISTES EN MAURITANIE : "Cabri mort n’a pas peur de couteau"

Publié le jeudi 27 mai 2010 à 03h24min

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La peine de mort. Telle est la sentence prononcée par la justice, à l’issue du procès des présumés meurtriers de quatre Français en Mauritanie. Une peine maximale, qui en dit long sur la farouche détermination des autorités mauritaniennes à mettre un frein à la progression inquiétante de l’intégrisme religieux dans le pays. Même si les islamistes devaient passer par le peloton d’exécution, faut-il pour autant crier victoire ? Certainement pas.

Ce procès est certes une étape cruciale dans la lutte contre le terrorisme, mais il n’augure pas forcément de la défaite de cette hydre que même les Américains ne sont pas encore parvenus à éliminer. C’est que le phénomène tire sa source des nombreux dérèglements politiques et sociaux que connaît ce monde.

En attendant des lendemains meilleurs, la Mauritanie a sans doute marqué un point contre les Islamistes. Elle a montré qu’elle sait garder la tête froide face à des gens sans état d’âme et prêts à tuer des innocents pour des causes très souvent obscures.

Des gens si instrumentalisés qu’ils narguent les institutions judiciaires, convaincus de mourir pour la bonne cause. En tenant ce procès, le pays a donc montré qu’il place les institutions républicaines au cœur de la lutte contre le terrorisme. Même George W. Bush n’avait pas fait mieux. Secundo, Nouackchott affirme par la même occasion aux yeux du monde que l’Etat de droit n’est pas exclusif du respect des droits des terroristes à se défendre devant les institutions compétentes. Bien sûr, à tort ou à raison, on pourra rétorquer que des individus endoctrinés, robotisés et formatés par une idéologie de la mort ne méritent pas un aussi généreux traitement. "Cabri mort n’a pas peur de couteau", dit le langage populaire. En clair, des individus, prêts à se faire exploser, craignent-ils de passer par les armes ?

C’est la voie rêvée, pour eux, de devenir des martyrs. On pourrait donc penser que seul le langage à la Bush leur convient, avec ses goulags où la torture est la meilleure méthode pour soutirer des informations ou espérer reconvertir ces fous de Dieu. Mais on a vu que cette stratégie a ses limites. Outre l’émotion qu’elle provoque chez les défenseurs des droits de l’homme, elle n’est pas parvenue à décourager les vocations. Si l’Amérique est parvenue à ériger une muraille de sécurité autour de ses frontières- encore que cela reste à vérifier avec les dernières tentatives d’attentat- elle demeure très fragile à travers le monde. La nébuleuse Al Qaïda a encore gagné du terrain, avec notamment la percée qu’elle opère en Afrique et particulièrement en Mauritanie.

Autant donc dire que le terrorisme a encore de beaux jours devant lui. Rien, dans le monde, ne permet de penser le contraire. Car une telle nébuleuse ne peut être combattue uniquement par les moyens traditionnellement utilisés : arrestations, procès, exécutions ou attaques de bases terroristes. Ce sont des opérations en surface qui laissent intactes les racines du mal.

On sait que l’intégrisme se nourrit d’un faisceau de facteurs allant de l’injustice dans les relations internationales (problème palestinien, nucléaire iranien, etc.) aux questions bassement matérielles. L’Afrique notamment, pâtit de la trop grande pauvreté des populations. Ces couches fragiles sont des cibles idéales pour les recruteurs d’Al Qaïda. Une gouvernance mondiale marquée par plus de justice tant dans les relations internationales qu’à l’intérieur des Etats, voilà ce qui peut calmer un tant soit peu la fureur meurtrière des intégristes et les amener à avoir un zeste d’humanité. En Mauritanie, comme partout ailleurs.

Mahorou KANAZOE

Le Pays

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