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Assemblées annuelles de la BAD : Abidjan joue son va-tout

Publié le mardi 25 mai 2010 à 02h26min

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- Salle des fêtes transformée en salle de commission des gouverneurs ;
- 210 chambres flambant neuves, dont 42 suites présidentielles ;
- patrimoine rénové en salle des banquets ;
- "Toit d’Abidjan" et "Pili Pili" métamorphosés ;
- 1000 chaises et 2 chapiteaux, respectivement de 1 000 et 800 m2.

80 milliards de FCFA ont été injectés pour que l’architecte Pierre Fakhoury remette à neuf l’hôtel Ivoire qui doit accueillir les 45es assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) à Abidjan. Ce qui fera dire au chef de l’Etat ivoirien, le 12 mai dernier, après une visite des lieux, que "nous sommes prêts pour les assises de la BAD".

Et pourtant, le doute a persisté jusqu’à la dernière minute sur la tenue de ce raout financier dans la capitale ivoirienne. Depuis la relocalisation temporaire des activités opérationnelles de la BAD à Tunis en 2004, le pays d’Houphouët n’a cessé de plaider sa cause pour un retour de l’institution bancaire sur les bords de la lagune Ebrié.

Que ce soit lors des conseils d’administration ou surtout ceux des gouverneurs, la Côte d’Ivoire donnait toujours de la voix pour que la BAD reconsidère sa position. Invariablement, les conseils des gouverneurs de 77 pays répliquaient que lorsque la situation se sera rassérénée, autrement dit lorsque les problèmes sécuritaires ne se poseront plus, la BAD pourra reprendre pied à Abidjan.

Le challenge était immense donc, quand, en 2009, à l’issue des 44es Assemblées annuelles, tenues à Dakar, la Côte d’Ivoire posa sa candidature pour en abriter les 45es. En effet, comment défendre un pays qui abritait le siège, lequel lui a été retiré, même si c’est de façon temporaire pour cause de crise ?

Comment faire accepter à la BAD de tenir cette réunion au sommet dans le pays qu’il a quitté pour cause d’insécurité ? Cependant le pays trouva des oreilles attentives, et le "oui" de principe lui fut accordé ; un "oui", que 3 événements graves ont failli hypothéquer :

1) d’abord la double dissolution de février 2010 (gouvernement et CEI) par le président Laurent Gbagbo avec ses corollaires de casses, d’autodafés et de morts d’hommes ;

2) la lenteur dans la réfection de l’hôtel Ivoire ;

3) enfin la marche de protestation programmée et reportée du RHDP du 15 mai 2010. Il faut, soi dit en passant, saluer la grande sagesse des premiers responsables de cette coalition houphouétiste, qui ont su tenir la bride des jeunes marcheurs.

On a beau dire que les opposants pour ce coup-ci ont encore été roulés par le "boulanger pâtissier" de Cocody, ce qu’il reste à prouver d’ailleurs, le constat est là que Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara ont montré qu’ils sont de grands responsables politiques. Savoir ruer dans les brancards et freiner des 4 fers sont l’apanage d’hommes politiques.

L’intérêt supérieur de la Nation était dans la balance, et opposants et pouvoir se devaient de comprendre cet enjeu majeur. Que gagneraient les Ivoiriens à faire capoter une telle réunion où le pays à tout à engranger ? Ce qui n’empêche pas de reprendre la lutte après.

Justement l’atmosphère postassises de la BAD constitue le second grand défi de la Côte d’Ivoire relativement au retour de la BAD. Le sommet se déroulera les 27, 28 et 29 mai, mais, en réalité, il débute le 24 avec la mise à niveau des experts ; des sommités qui auront à examiner, entres autres sujets, l’augmentation de 200% du capital de la "boîte" la reconduction de son président, Donald Kaberuka, ce qui sera une formalité.

Mais immanquablement, le retour de la boîte dans ses anciens pénates s’invitera à ces 45es assemblées annuelles abidjanaises. Et les autorités ivoiriennes savent que le préalable de la présidentielle sera posée. La reprise du processus électoral, dont notamment le choix d’une date pour ce vote, même si celle-ci n’est pas gravée dans le marbre de la Constitution, devra être respectée coûte que coûte.

La communauté internationale, BAD y comprise, est lassée des pirouettes et des tergiversations, bref de la danse de Saint Guy à laquelle se livre la classe politique ivoirienne.

Cette présidentielle ne résoudra pas tous les problèmes de la Côte d’Ivoire, empêtrée dans ce "gouan-gouan" (tambouille) vieux de 10 ans, mais ce sera le prélude au retour de la paix. L’argent (dont celui de la BAD) n’aime pas le bruit, même si, c’est connu aussi, il est toujours source de tintamarre, quand il est mal reparti. Pour tout dire, Abidjan joue son va-tout dans ce dossier BAD.

Z. Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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