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Agression culturelle

Publié le mercredi 25 août 2004 à 07h48min

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Le déroulement du séminaire d’information pour la mise en place du système des trésors humains vivants au Burkina n’a pas été du goût du participant monsieur Paul Ténoga Ouédraogo. C’est ainsi qu’il a réagi dans l’écrit qui suit.

Le ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme a tenu, du 19 au 21 juillet 2004, un séminaire d’information pour la mise en place du système des trésors humains vivants au Burkina Faso. Après la cérémonie d’ouverture, un présidium a présidé en séance plénière des expositions-discussions animées par le directeur du Patrimoine national et par le directeur des Services usages et coutumes sur les objectifs du séminaire. Ils ont fait des suggestions sur l’examen global et sur les discussions générales des documents de base mis à la disposition des séminaristes.

Au cours des discussions, un séminariste, professeur d’université de son état, s’est réjoui de cette recommandation de l’UNESCO pour la mise en place du système des trésors humains vivants, et de la diligence du ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme à réaliser cette mise en place. Mais il s’est inquiété du fait que l’article 24 du chapitre VIII du titre II du projet d’arrêté portant création de la liste des trésors humains vivants dit qu’"En cas de décès, tout lauréat du titre de Trésor humain national perd automatiquement cette qualité".

Traditionnaliste instruit s’intéressant beaucoup et objectivement à la culture, ce séminariste a souhaité que la nation accepte sauvegarder la mémoire en cas de décès. Pour cela, il suggère la désignation et l’institutionnalisation d’une "Place des trésors humains", ou le baptême d’une "rue" ou d’un "boulevard des trésors humains", ou l’érection d’une "statue" ou d’un "monument des trésors humains".

La Direction du patrimoine nationale et la Direction du Service des usages et coutumes ont suggéré la retenue dans l’examen de tout le chapitre IV du projet d’arrêté, et même une certaine prudence qui conduirait le séminaire à laisser tout le contenu de ce chapitre tel quel, pour ménager les sources et les possibilités de financement. Ils ont aussi recommandé beaucoup d’attention et de réalisme dans l’examen du chapitre VII et les propositions à déduire de cet examen. L’animateur général proposa alors la simulation et le nombre des commissions techniques, suggera la bonne façon de s’inscrire dans chaque commission pour éviter un entassement des compétences ou des sources.

Ce qui a été fait en plénière

En séance plénière, pour discuter et adopter les différents rapports des commissions techniques, l’animateur général se montra intraitable pour entre autres estimer pas nécessaire presque toutes les formes d’aide et de soutien aux lauréats, chapitre VII (formation, aide en matériel d’équipement, matériel de production...) à rejeter sans débats, des recommandations dont celle suggérant une création ou une désignation contribuant à perpétuer la mémoire des trésors humains. En revanche, il se montra aussi intraitable à contenir et repousser tout amendement ou tout ajout du rapport dont il présida la commission technique.

En ce qui concerne le projet des attributions de la commission nationale des trésors humains vivants (Titre II chapitre V), le professeur séminariste, qui proposa plus haut, mais en vain, que le séminaire suggerât à l’Etat que quelque chose de matériel contribuant à perpétuer la mémoire des Trésors humains soit fait, suggera cette fois-ci, l’amélioration, voire la suppression de l’article 18 de ce chapitre V (la commission peut, d’elle-même, proposer des candidatures. Dans ce cas, l’accord écrit au détenteur est exigé pour ménager l’article 5 de ce même chapitre et pour préserver la neutralité de l’arbitrage de la Commission nationale dans les délibérations des résultats de la sélection des candidats au titre de trésor humain vivant national. On n’a même pas daigné leur répondre de quelque façon que ce soit, lui et tous ceux qui parlaient comme lui.

Paul Ténoga dénonce

Je n’ai pu m’abstenir de dénoncer ce manque notoire d’objectivité de l’animateur général devant une séance plénière d’un séminaire national. Il m’a semblé qu’il n’en avait cure. Sans plus écouter rien ni personne, l’animateur général annonça que le présidium se retirait pour rédiger un rapport de synthèse au lieu d’un rapport général par manque de temps, dit-il, rapport qui inclurait quatre recommandations, sans que la séance plénière ne sache lesquelles.

Au bout d’un certain temps, le présidium revint devant la séance plénière. L’un de ses membres se mit à lire ce soi-disant rapport de synthèse que l’on termina par la lecture de quatre recommandations rédigées par on ne sait qui et dont une sur la parenté à plaisanterie qui n’a aucun rapport avec l’objet de ce séminaire. Quelle... ? Quand et par qui le rapport général sera-t-il rédigé ? Qui vérifiera si toutes les préoccupations qui ont imposé l’organisation de ce séminaire sont examinées et si tous les points rapportés répondent à l’objet et à l’esprit du séminaire ? Cette forme d’agression culturelle met en cause la perspicacité, et même les compétences que le ministère attendait du séminaire.

Elle oblige les services techniques compétents du ministère, et dans des cas comme celui-ci plus particulièrement, à tâcher plus que d’habitude d’améliorer les conclusions des travaux du séminaire pour la crédibilité du ministère devant le gouvernement dont il est membre et pour les partenaires au développement.

Elle est d’autant plus pernicieuse qu’elle est passive, ignorée de l’autorité qui a convoqué le séminaire ou qui a organisé, qu’elle se confond à la perception d’un individu qui, de nature autoritaire, tend à imposer son point de vue chaque fois que possible. La cloison entre une telle autorité et le despotisme est très mince et fragilisée.

Paul Ténoga Ouédraogo
dit Naaba-Sigri de Sancé,
Chevalier de l’Ordre national (Août 1969) 01 BP. 1679 Ouagadougou 01

Notes : Les intertitres sont de la rédaction.

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