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Aires protégées du Nahouri et de la Sissili : Halte à la déforestation et au braconage

Publié le mardi 18 mai 2010 à 02h24min

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Le Ministère de l’Environnement et du Cadre de vie (MECV) a entrepris une série de visites dans les aires protégées du Burkina Faso. Ainsi, les 14 et 15 mai derniers le ministre Salifou Sawadogo et ses collaborateurs ont été dans les provinces de la Sissili (région du Centre-Ouest) et du Nahouri (région du Centre-Sud) pour toucher du doigt les réalités et échanger avec les acteurs.

Les acteurs des zones fauniques dans les régions du Centre-Nord et du Centre-Sud ont reçu les 14 et 15 mai 2010, la visite du ministre de l’Environnement et du Cadre de vie, Salifou Sawadogo. Le ministre et ses collaborateurs y sont allés visiter les infrastructures, échanger avec les acteurs et surtout, les encourager.

Avant les sites d’exploitation, le ministre a marqué un arrêt à la direction provinciale de l’Environnement et du Cadre de vie (DPECV) de la Sissili à Léo, dans la région du Centre-Ouest. Salifou Sawadogo a pu se rendre compte que la campagne de reforestation 2010 s’y prépare. En témoignent les pépinières, déjà mises en place à l’arrière-cour du bâtiment de la DPECV.

Le ministre a exhorté les agents des Eaux et forêts, trouvés sur place, à davantage d’abnégation dans leur tâche, notamment dans la lutte contre la déforestation et le braconnage. La première aire protégée de cette province visitée par le ministre en charge de l’Environnement, est le campement de la Sissili, le ranch de feu le journaliste Norbert Zongo.

La concession est actuellement gérée par son fils, Guy Zongo. Selon le concessionnaire, le campement de la Sissili a été créé en 1993 et s’étend sur une superficie d’environ 32700 hectares (ha). Guy Zongo souligne que les clients du ranch sont essentiellement ceux de la grande chasse. Il a avoué que la présente campagne de chasse est satisfaisante. "Nous avons reçu une trentaine de clients de grande chasse et une quarantaine, en petite chasse", a précisé M. Zongo. Dans cette réserve, les difficultés ne manquent pas.

Elles se résument à l’exploitation illicite des ressources de cette aire protégée. En effet, le braconnage est déploré par le concessionnaire. Selon lui, les braconniers viennent pour la plupart, du Ghana voisin. L’autre aire protégée visitée est le ranch de gibier de Nazinga, dans la province du Nahouri (région du Centre-Sud). Le ranch s’étend sur 913 km2 et a une superficie de près de 91 300 ha. Il s’agit d’une zone de recherche, d’éco-tourisme, de pêche sportive, de capture chasse, etc.

Le ranch de gibier du Nazinga renferme une multitude d’espèces animales. On y trouve des hippopotames, des bubales, des phacochères, des cobas, des cobs de buffon...En outre, la zone est réputée abriter une grande population d’éléphants. Il ressort que c’est la seule réserve en Afrique de l’Ouest où le visiteur peut facilement rencontrer les pachydermes. Le chef de l’unité de gestion du ranch de Nazinga, Dieudonné Yaméogo, a laissé entendre que la zone accueille plus de cinq mille (5000) visiteurs par an. "Cela nous permet de faire des recettes de 70 à 80 millions de F CFA annuellement", a-t-il précisé.

De l’avis du chef de l’unité de gestion, des perpectives existent. Il s’agit selon lui, de préserver l’intégrité du ranch, tout en assurant la sécurité des personnes et des visiteurs. A cela, s’ajoute la volonté d’accroître les recettes en revoyant les grilles tarifaires, en créant d’autres types de recettes. Pour Dieudonné Yaméogo, il convient de privatiser certains domaines tels que l’hôtellerie. Ce point de vue est partagé par le directeur général de l’Office national des aires protégées (OFINAP), Prosper Sawadogo.

"Nous ne sommes pas des gestionnaires d’hôtels. Il faut que des professionnels viennent s’occuper de ce volet sous forme de contrat," a indiqué Prosper Sawadogo. Le directeur général de l’OFINAP et le chef d’unité de gestion du ranch de gibier de Nazinga estiment que la privatisation du volet hôtellerie va permettre aux forestiers de s’atteler aux tâches qui sont véritablement les leurs.

Le ministre de l’Environnement et du Cadre de vie pense aussi que l’un des défis à relever au niveau du ranch, consiste à "trouver un partenaire stratégique à même de faire des investissements importants".

Promotion du développement local

L’autre défi à relever dans le ranch de gibier du Nazinga selon le chef d’unité, est la promotion du développement local. Pour ce faire, les initiatives dans ce sens ne manquent pas. Au nombre de celles-ci, l’organisation de l’activité de la pêche au profit des populations locales. Le DG de l’OFINAP souligne qu’un contrat a été signé avec un mareyeur qui organise les pêcheurs. Et d’ajouter que c’est une activité réglementaire bien suivie, afin de ne pas dépeupler les cours d’eau.

Des pêcheurs ont été surpris en pleine activité par le ministre et la délégation qui l’accompagnait. C’est au bord de la mare de Kaliéboulou. Ceux-ci ont confirmé l’existence d’un contrat saisonnier qui les lie à l’OFINAP. Après le ranch de Nazinga, la soirée du vendredi 14 mai et une partie de la matinée du samedi 15 mai 2010, le ministre Salifou Sawadogo et la délégation ont mis le cap sur le campement de Walème, toujours dans le Nahouri. Là-bas, les visiteurs ont pu apprécier les activités du projet Nahouri Safari, le campement de l’éléphant.

Il s’agit d’un projet de Benjamin Bassono, un agrosociologue reconverti dans les affaires. Le campement Safari se particularise par ses infrastructures (salle de recueillement et d’hébergement, piscine, château d’eau) ses activités (élevage, pisciculture...). Pour le promoteur, "Nahouri Safari est un projet qui intègre la valorisation et la sauvegarde de l’environnement à d’autres activités n’ayant pas forcément de lien direct avec l’environnement". Il cite l’exploitation des zones, l’aménagement, la protection et la valorisation économique des, Zones villageoises d’intérêt cynégétique (ZOVIC).

"A côté de tout cela, nous essayons de développer d’autres activités qui puissent apporter des revenus aux populations, de les impliquer dans cette politique de conservation et de valorisation", a poursuivi M. Bassono. Grâce au projet, le village de Walème vient de bénéficier d’une école primaire de trois classes. Les difficultés du projet Nahouri Safari se résument à l’insuffisance des moyens humains, matériels et financiers. Dans cette localité, le ministre en charge de l’Environnement a pu échanger avec les villageois sur la gestion des forêts.

La rencontre est intervenue après la visite de la ZOVIC de Tiakané où le ministre et la délégation ont pu se rendre compte de certaines dérives, notamment la destruction frauduleuse et non réglementaire des forêts. Le campement Nahouri Safari, ainsi que les ZOVIC de la localité ont la particularité d’être à proximité du ranch de gibier de Nazinga. Ce qui n’est pas de nature à faciliter les choses.

L’avant- dernière étape de la visite de terrain du ministre est le couloir de migration des éléphants du ranch de gibier de Nazinga vers le Parc national Kaboré Tambi (PNKT) à une vingtaine de kilomètres de Pô, chef-lieu de la province du Nahouri. Ce couloir a une largeur moyenne de 4 km et est longue d’environ 20 km. Enfin, le ministre et la délégation ont achevé la tournée par une excursion dans le Parc national Kaboré Tambi (PNKT). Sur les lieux, le ministre a reçu des explications relatives à une infrastructure réalisée pour retenir l’eau dans le parc.

Il en ressort que le PNKT est confronté à un problème de points d’eau. En somme, Salifou Sawadogo s’est dit satisfait des deux jours de visite qui ont permis de voir les réalités de terrain. La prochaine réserve faunique à visiter est la zone présidentielle, à Pama, dans la région de l’Est.

Alban KINI

alban_kini@yahoo.fr


Une tournée pleine d’enseignements, selon le ministre Salifou Sawadogo

"La visite dans les régions du Centre-Ouest et du Centre-Sud a été enrichissante. Elle nous a donné l’occasion de constater à Léo, nos structures en place et d’échanger avec le personnel.
Nous avons pu voir que la campagne de reboisement 2010 s’y prépare bien (...) Dans le campement Safari Sissili, les réalisations que nous avons pu voir sont importantes. Cependant, il y a encore des efforts à faire. Nous avons apporté nos encouragements au promoteur tout en l’invitant à poursuivre dans le bon sens...

Dans le ranch de gibier de Nazinga, aujourd’hui géré par l’OFINAP (ndlr : Office national des aires protégées), nous estimons qu’il y a aussi beaucoup à faire. Nous souhaitons que les ressources fauniques de cette réserve continuent à être abondantes. Nazinga a cette particularité d’être situé à une distance moindre de la capitale, en comparaison à d’autres zones fauniques. Par conséquent, nous sommes certain que si les infrastructures hôtelières sont au top, c’est évident que ce ranch pourra continuer de faire davantage la fierté du Burkina Faso.

Nos ambitions à ce niveau, c’est d’avoir un partenaire stratégique à même de faire des investissements importants (...) L’une des difficultés au ranch de gibier de Nazinga provient du voisinage. Le braconnage y est une réalité et les informations dont nous disposons, établissent que les populations en sont responsables.

Il va donc falloir accentuer les campagnes d’information et de sensibilisation... En ce qui concerne le campement Nahouri Safari, le promoteur, M. Bassono Benjamin a fait des réalisations importantes. Tout est moderne à ce niveau. Nous sommes content que les populations locales se sentent concernées et s’y sont impliquées.

Le seul bémol à ce niveau est que les Zones villageoises d’intérêt cynégétique (ZOVIC) sont à proximité du ranch avec ce que cela peut engendrer comme difficultés. Avec le promoteur, nous allons travailler à endiguer cela. Nous avons échangé également avec le Comité villageois de gestion des forêts (CVGF)....Enfin, l’étape du Parc national Tambi Kaboré a permis de voir les derniers investissements faits là-bas.

Nous avons cédé ce parc pour dix ans à une ONG (Naturama) qui a reçu l’appui de l’Etat et d’autres partenaires...La sortie nous a permis de voir sur le terrain, beaucoup de réalisations, d’être suffisamment enrichi. Ce sont des choses qui vont nous permettre d’orienter avec plus de minutie, les grands programmes élaborés au niveau du département ministériel".

Propos recueillis par AK

Sidwaya

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