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Côte d’Ivoire : Sous quelle couture raccommoder le tissu électoral ?

Publié le lundi 10 mai 2010 à 02h00min

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C’est en principe aujourd’hui lundi 10 mai 2010 que reprend le contentieux de la liste électorale en Côte d’Ivoire ; opération qui consiste, dans un premier temps, à vérifier la nationalité de tous ceux dont les noms figurent sur ce qu’on appelle la liste « grise ». Soit un peu plus d’un million d’électeurs suspectés par le camp présidentiel d’être des « bôyôrôdjan » (1) et qu’il faut donc soumettre au détecteur d’ivoirité. Dans un second temps, ce sera au tour de la liste dite « blanche » d’être examinée.

C’est l’information donnée conjointement la semaine dernière par le Premier ministre, Guillaume Soro, et le président de la Commission électorale indépendante (CEI), Youssouf Bakayoko. Cette reprise annoncée aura-t-elle bel et bien lieu ? Dans quelles conditions ? Avec quels acteurs politiques ?

Autant de questions qui se bousculent dans la tête des observateurs nationaux et internationaux de cette crise qui n’en finit pas de secréter, chaque jour que Dieu fait, si ce n’est, en l’espèce, le Malin, les conditions de son enlisement. A chaque tentative d’application des Accords politiques de Ouagadougou, la mécanique cale.

De l’ivoiro-pessimisme ? Que nenni ! Simple constat de désolation. Tenez ! A peine l’annonce de la relance du contentieux du fichier électoral faite que les cliquetis des haches de guerre se font déjà entendre. En effet, la coalition des principaux partis de l’opposition réunis au sein du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) vient d’exprimer son refus de prendre part à une initiative à laquelle il n’aurait pas été associé au départ.

A cela s’ajoute un problème de délai dans le règlement du différend au sujet desdites listes : « On observe que le communiqué final de la réunion d’Abidjan du 22 février 2010 en présence du facilitateur, Blaise Compaoré, avait arrêté que le contentieux administratif et judiciaire de la liste électorale provisoire serait de 21 jours.

Alors que dans le cas présent, il est prévu deux phases : une première d’une durée de 15 jours et une autre qui concernera la liste blanche et dont la durée de traitement n’est pas déterminée », a invoqué le président du directoire du RHDP, Alphonse Djédjé Mady, dans sa récusation de l’opération.

Et ce n’est pas tout. L’opposition, dont l’une des exigences est la publication de la liste définitive le 1er juin 2010, voit en la création d’un organe supplémentaire auprès de la CEI un moyen détourné de dessaisir les démembrements de la Commission de leurs prérogatives. Comme on le constate à nouveau, tous les éléments d’un nouveau blocage sont réunis.

Alors, quel lapin, ou plutôt quel agouti, le président Laurent Gbagbo et son Premier ministre, Guillaume Soro sortiront-ils de leur chapeau ? Quel grand écart le facilitateur Blaise Compaoré va-t-il exécuter pour rapprocher les protagonistes de la crise ?

Nous voulons bien croire avec nos frères de la lagune Ebrié qu’ « impossible n’est pas ivoirien » ; mais dans la situation présente, nous attendons de voir avant d’entonner cet air d’optimisme.

Car, dans cette présidentielle tant attendue et autant redoutée, de la configuration ethnico-géographique du fichier électoral dépendra en très grande partie l’issue du scrutin. Là réside tout l’enjeu du fameux contentieux de la liste électorale.

Rien d’étonnant dans un pays où, depuis la trouvaille hideuse de l’ivoirité, le discours politique n’exhale que la putrescence de la haine de l’autre. Dans un Etat où l’appartenance ethnique a de la signification politique, les élections ont toujours été porteuses de germes de drame. Et le vainqueur ne triomphe que sur des morceaux de cadavres.

Cassandre ? Encore non. Ce n’est pas de la prédiction mais une crainte, oui, une crainte, nourrie par l’expérience politique récente de maints pays africains. Ainsi celles du Kenya et du Rwanda, pour ne citer que ces deux-là.

Mais revenons à cette hypothétique présidentielle ivoirienne où la donne identitaire du fichier électoral serait favorable à l’opposition alors que les sondages réalisés par de prestigieux instituts français donneraient le Front populaire ivoirien (FPI), parti au pouvoir, gagnant.

Selon certaines sources, en effet, les réticences, réelles ou supposées, du camp Gbagbo d’aller au vote seraient liées à sa peur bleue pour la liste « grise ». Celle-ci, de par sa composition patronymique, constituerait un important réservoir de voix pour le candidat du Rassemblement des républicains (RDR), Alassane Dramane Ouattara, originaire du Nord.

De là seraient nées les velléités du FPI de faire des coupes claires au sein d’une catégorie d’indésirables politiques par dénégation de la nationalité ivoirienne. Un groupe d’électeurs qui se seraient pourtant fait massivement enrôlés, trouvant par là une occasion de prouver et surtout de faire reconnaître leur ivoirité.

Mais pour d’autres, le blocage serait imputable aux houphouëtistes effarouchés qu’ils sont par les deux sondages d’opinion favorables à Laurent Gbagbo.

Chaque camp aborderait donc l’échéance, dans l’incertitude totale. Equilibre des forces entre les trois principales forces politiques que sont le FPI, le PDCI/RDA et le RDR, équilibre aussi de la peur. Dans ces conditions, qui ne voudrait se hâter lentement pour l’élection ?

La Rédaction

(1) Mot utilisé en Côte d’Ivoire pour désigner les étrangers.

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 10 mai 2010 à 18:50, par OPPO En réponse à : Côte d’Ivoire : Sous quelle couture raccommoder le tissu électoral ?

    ên réalité en côte d’ivoire , c’est l’opposition qui ne veut pas d’election sinon comment comprendre qu’ils disent marcher pour des elections et refusent le préalable aux elections c’est-à-dire le DESARMEMENT de l’ex-rebellion ?
    le 15 mai 2010, ils veulent marcher , mais c’est peine perdue : pas de desarmement point d’election !
    si l’opposition ivoirienne veut veritablement des elections en côte d’ivoire , nous les invitons à mercher pour le desarmement , c’est simple là ! puisqu’on dit 2 mois après desarmement , on election !
    allez-y comprendre pourquoi ils ne le font pas !
    au fait l’opposition ivoirienne s’oppose pour s’opposer , c’est tout ! haaaaa , le nègre noir ,quand il veut faire la politique dèh !!!!! ( opposition ivoirienne = intellectuels de pacotille) , faut pas dire à quelqu’un , ça n’a qu’à rester entre nous oh !

  • Le 10 mai 2010 à 18:59, par OPPO En réponse à : Côte d’Ivoire : Sous quelle couture raccommoder le tissu électoral ?

    pour votre information les éléctions en côte d’ivoire auront lieu 2 mois après le desarmement !
    alors si l’opposition ivoirienne de pacotille veut vraiment des elections qu’ils marchent le 15 mai 2010 pour reclamer le desarment de leurs acolytes de rebelles !
    je vais vous dire une chose vous n’êtes pas en côte d’ivoire ,hein ! ici , il n’y pas d’opposition des fan club
    fan club de Bedié , lui il n’a que des suiveurs !
    fan club Ado ,lui il n’a que des vampires autour de lui qui le sucent !

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