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UNIVERSITES AFRICAINES : Toujours à la recherche d’un second souffle

Publié le jeudi 6 mai 2010 à 02h05min

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A Dakar, par l’entregent de médias d’Afrique, enseignants, décideurs et étudiants ont tenté de faire un bilan des 50 années d’indépendances et surtout de s’interroger sur ce qu’il y a lieu de faire pour construire l’Afrique de demain. Il s’agit aujourd’hui de savoir de quelle Afrique nous rêvons pour demain et de se donner les moyens de la réaliser. Dans le contexte actuel, est–il possible que ces temples du savoir puissent remplir cette mission : l’émergence d’une Afrique moderne et prospère ?

Le doute est permis parce que bien des dirigeants africains continuent d’agir malgré leurs belles promesses comme si l’éducation n’était pas la colonne vertébrale de tout développement. De son moule devraient sortir les bâtisseurs de cette Afrique tant rêvée. Le temps est au bilan, cinquantenaire oblige. Et quand on a le courage de le faire, l’avenir est plutôt couvert de nuages sombres. Notamment parce que nos universités ont perdu leur âme. Elles ne sont plus aussi attractives qu’avant la période 90. L’Université africaine, en tout cas, celle de l’Afrique de l’Ouest, n’a pas su résister ou s’adapter au désengagement de l’Etat, imposé par les institutions de Brettons Woods.

Les bourses allouées aux étudiants, tous cycles confondus, c’est-à-dire même ceux du 3e cycle, les futurs enseignants, se sont réduites comme une peau de chagrin, alors que dans le même temps, des millions de jeunes frappent aux portes des universités. Conséquence : depuis les années 90, les universités africaines sont saturées, avec généralement des infrastructures vieillissantes et délabrées et peu d’enseignants. C’était d’une certaine façon la fin de l’Université providence où tout nouvel étudiant était systématiquement boursier avec des chances d’avoir une bourse étrangère afin de poursuivre ses études. Hélas, depuis un certain moment, les universités sont devenues des centres de production de chômeurs, de loubards quelquefois manipulés qui, pour un oui ou pour un non, sont prêts à se rentrer dedans pour le compte de partis politiques.

Le débat intellectuel a fui les campus depuis belle lurette. Les conditions d’études sont devenues précaires, la qualité n’y est plus vraiment et ceux qui y sont ne se pressent pas toujours d’en sortir de peur d’affronter la réalité : le chômage. Le système est bloqué et l’Etat, dans une ultime tentative de se racheter, ouvre de nouvelles universités pour gérer la forte demande. Malheureusement, elles sont la duplication parfaite des tares des anciennes universités. Le privé appelé à la rescousse tente tant bien que mal de jouer sa partition en essayant de suppléer le désengagement de l’Etat vis-à-vis de ses responsabilités.

Mais là aussi, force est de reconnaître que les étudiants qui y vont sont des privilégiés parce que les frais de scolarité sont souvent l’équivalent du salaire moyen annuel des fonctionnaires. Mais puisqu’il faut que des cadres se forment d’une façon ou d’une autre, l’éducation à deux vitesses est devenue une réalité. C’est dans ce contexte également que l’on tente le basculement vers le système LMD, plus exigeant en termes de suivi et d’évaluation des apprenants ainsi que des enseignants. La volonté des Etats de s’y engager avec l’appui de leurs partenaires est réelle. C’est une belle opportunité de relancer l’enseignement supérieur dans l’espace francophone surtout, lui donner une seconde chance, un second souffle. L’Université doit vraiment être utile à l’Etat et à la société et pour y arriver, son mode de financement devrait forcement être revu et renforcé au vu des attentes énormes.

Abdoulaye TAO

Le Pays

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