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Electrification rurale : Une ambition locale contre l’obscurité dans les campagnes

Publié le mardi 4 mai 2010 à 01h00min

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Malgré quelques balbutiements, le Fonds de développement de l’électrification (FDE) effectue son petit bonhomme de chemin. En moins de cinq années d’exercice effectif, sur le plan réalisation d’infrastructures électriques, quarante une (41) localités ont pu rejoindre le cercle très fermé des zones à lumière au Burkina Faso. L’harmonisation des tarifs, avec ceux de la Sonabel, pour toutes les structures (coopératives d’électricité, associations, privés) en charge des systèmes électriques dans le segment de l’électrification rurale, les facilités fiscales accordées en appui aux activités d’électrification rurale, la subvention aux hydrocarbures pour les systèmes isolés fonctionnant au diésel et l’institution d’une Taxe de développement de l’électrification (TDE) augurent un bel horizon pour ce processus visant à réduire considérablement la fracture énergétique entre les villes et les campagnes.

Quelle autre structure que Fonds de Développement de l’Electrification (FDE) pour promouvoir l’énergie dans les zones les plus déshérités et les plus reculées du Burkina Faso ? Voilà six (5) ans que Marie Blanche Bado, Directrice Générale du FDE et ses collaborateurs se défoncent pour alimenter les milieux ruraux en électricité. A travers une approche participative, impliquant fortement les populations dans la prise en charge de leur propre développement, cette alternative du gouvernement vise à réduire de façon significative la fracture énergétique entre les villes et les campagnes afin que l’ambition nationale de porter le taux d’électrification de 23 % actuellement à 60 % à l’horizon 2015 soit une réalité effective dans les délais prescrits. Dès la création du Fonds en 2003 et la mise en place des différentes structures en 2004-2005, l’odyssée électrique n’a pas pris du temps à se lancer en 2005 à l’assaut de l’obscurité dans le pays profond. Des chefs-lieux de province tels Batié, Gayéri, Titao, Solenzo, Sapouy ou Ouargaye doivent leur entrée dans l’univers très convoité des zones éclairées du pays à la mise en place du FDE.

Les membres du CA-FDE en session ordinaire le 30 décembre 2009 ( 4ème de la gauche vers la droite, le PCA, Emmanuel NONYARMA

Partenaire de premier plan de la Société nationale burkinabé d’électricité (SONABEL), dans l’atteinte des objectifs du Gouvernement qui visent l’accès du plus grand nombre de burkinabè à l’électricité, son action contribue formidablement à éclaircir l’élan de décentralisation que le Burkina Faso a pris en 1995. Cette dynamique renforcée par la communalisation intégrale amorcée en 2006 trouve l’un de ses meilleurs levains dans l’opération : « Electrification rurale décentralisée » (ERD). Déjà, cette vision a offert le courant électrique à quarante une (41) localités. Et la saga continue. L’ERD est animée du souci permanent de la réduction des coûts à travers le choix de la technologie la mieux adaptée pour l’alimentation de la localité, les techniques allégées de construction des systèmes électriques, l’allègement des conditions financières d’accès au service électrique consécutivement aux conditions de financement améliorées (exemple, tarifs de raccordements réduits allant de dix mille- 10000- à quarante mille 40 000 francs CFA pour une puissance souscrite de un à 20 ampères et plus).

Qui dit mieux ? « Inciter les regroupements coopératifs sous forme de Coopératives d’électricité (COOPEL) et à les appuyer à monter et réaliser des projets d’électrification de leur localité », est son crédo. L’’esprit du moindre coût passe par l’utilisation de la technologie la mieux adaptée pour l’électrification : dimensionnement des lignes électriques ; utilisation des poteaux en bois, recourt au système monophasé avec retour à la terre (le Single Wire Earth Return- SWER) ; surplomb des habitations par les lignes de raccordement, qui permet de desservir plusieurs cours d’habitation, à partir un même poteau ; solaire photo-voltaïque ; centrale isolée, connexion au réseau de la SONABEL. Le moindre coût tel que prôné par le FDE n’est pas souvent bien compris par certains bénéficiaires qui voient en cela une électrification « au rabais ». Pourtant, les résultats sont là pour témoigner qu’il n’en est rien.

Une voie royale pour l’indépendance énergétique.

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Créé le 19 février 2003, le FDE est rattaché au Ministère en charge des Mines en tant qu’organe facilitateur et de financement de la politique d’électrification rurale au Burkina Faso. Ses mesures d’accompagnement sont entres autres les factures fermières exonérées de la TVA, les subventions aux investissements y compris les branchements aux abonnés, les subventions aux hydrocarbures pour les systèmes isolés diésel, et les prélèvements de 2 F par kWh vendu pour le financement d’activités d’électrification rurale. Ses instances dirigeantes sont composées de l’Assemblée générale annuelle des parties prenantes, du Conseil d’administration (représentants de l’Etat, des associations des Coopel, des sociétés du secteur, des banques et établissements financiers, des partenaires au développement) et de la Direction générale. Les projets à financer doivent avoir été évalués positivement par les structures techniques du FDE. Ils doivent soit remplir les critères de faisabilité technique, économique, financière et d’ancrage organisationnel local soit avoir été initiés comme priorité nationale (dans le cadre de la planification de l’électrification) en tant que initiative d’une collectivité locale, ou celle d’opérateurs privés.

Aucune commune rurale n’ignore aujourd’hui son rôle et sa place dans l’élaboration de son Plan communal de développement (PCD). « L’électricité est un outil de promotion économique, un moyen de conquête de l’indépendance financière et une expression de bien être social. Elle s’identifie comme le tremplin idéal pour mener la lutte contre la pauvreté », souligne Thierry Tanoh, vice-président de la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale. En parfait tandem avec la SONABEL, elle joue à fond la carte de l’expansion du courant électrique à moindre coût pour une frange de la population dont le pouvoir d’achat est jugé suffisamment faible. A travers les Coopératives d’électricité, le FDE place celle-ci au cœur de leurs besoins en matière d’énergie. Les résultats déjà enregistrés dans cette initiative suscitent des émules dans diverses parties du continent africain. Le constat après le premier quinquennat d’exercice est éloquent : le taux de raccordement moyen observé dans les différentes localités est passé de 30 % au maximum en année 1 à plus de 80 %.

Face aux différents obstacles qui jonchent le chemin de l’accomplissement de ses missions, la direction générale a imaginé divers scénario pour maintenir sa vitesse de croisière. L’accessibilité au service électrique tant souhaité semble résolue mais l’extension du réseau aux nouveaux abonnés à partir de l’année 2 reste problématique. Cela s’explique par le fait que les abonnés ont la possibilité de payer leur contribution sur 3 ans. Pour surmonter cette difficulté, le FDE propose de faire payer l’intégralité du coût du branchement dans la première année (en 12 mois au maximum). Il en est de même pour les équipements de production dans les systèmes isolés dont l’amortissement s’avère plus rapide que prévu 3 ans au lieu de 5 en général. La levée de cette entrave consiste à entrevoir le remplacement ou le renforcement du système de production à l’année 3.

Une aubaine de promotion d’une économie locale

Interconnexion par SWER de Beguedo et Niaogho au reseau de la Sonabel a partir de Garango.JPG

Avec la crise énergétique qui sévit dans le monde en général et les délestages qui perdurent au Burkina Faso en particulier, ce processus en faveur des zones rurales ouvre des perspectives d’innovation. Il favorise des investissements peu coûteux (poteaux électriques en bois) et offre la possibilité d’utiliser plus tard du biocarburant pour alimenter les moteurs propres aux COOPEL. L’électricité financée par le Fonds alimente la localité bénéficiaire soit par un raccordement au réseau électrique national de la SONABEL soit par un groupe électrogène installé sur place.

Dans les deux cas, le procédé est le même : le courant est vendu à l’abonné en fonction des nombres d’ampères de son compteur et de kilowattheure consommé mensuellement. Cette formule de tarification disparate et différente d’une localité à une autre a été harmonisée et alignée sur celle pratiquée par la Nationale d’électricité. La mise en œuvre du Fonds de développement de l’électrification (FDE) s’inscrit dans une volonté politique de bâtir un socle économique dans les nouvelles entités territoriales que sont les communes rurales. Toutes les localités ayant bénéficié de ses financements ont vu les activités de leurs habitants se renforcer, se diversifier ou prendre un plus sur le plan qualitatif.

Des entreprises commerciales ont eu grâce à l’électrification rurale un gain d’automatisme et de mécanisation dans les travaux jadis manuels et pénibles. La lutte contre la pauvreté se mène maintenant avec d’autres armes, celle de l’électricité voire de la lumière. L’électrification rurale au Burkina Faso au cours de ces 5 dernières années a concerné 41 localités, près de dix mille (10 000) abonnés et quatre vingt mille (80 000) personnes touchées. Autour de l’Etat burkinabé, elle mobilise dans sa mise en œuvre un parterre de partenaires techniques et financiers pour des appuis aussi importants les uns les autres. Aussi, l’Agence Française de Développement (AFD) a été la pionnière sur le terrain.

La Coopération danoise à travers DANIDA et la Banque mondiale s’imposent comme les plus importants bailleurs en termes de volume de financement et en appui institutionnel. D’autres partenaires institutionnels ou privés tels le Programme national des plates-formes multifonctionnelles pour la lutte contre la pauvreté (PN-PTF/LCP), en témoigne l’implantation de plates formes multifonctionnelles avec réseaux électriques dans six (6) localités de la commune de Tangaye, dans le Yatenga, les banques commerciales (BOA, BRS-Burkina, SGBB) et les Caisses populaires accordent des facilités aux opérateurs privés et aux coopératives d’électricité. Cinquante ans après son indépendance, le Burkina Faso semble avoir maintenant trouvé la voie royale de promotion, d’extension et de vulgarisation tous azimuts de l’électrification en conjuguant sur le terrain les efforts de deux structures (la SONABEL et le FDE) totalement complémentaires dans la lutte contre l’obscurité, l’une des causes du sous développement du pays.

Moussa DIALLO : Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 4 mai 2010 à 05:56 En réponse à : Electrification rurale : Une ambition locale contre l’obscurité dans les campagnes

    ya manquede volonté sinon le soleil si brulant pourrait alimenter cadeau les villageois. pendant que les pays développés font la promotion de l’énergie solaire nous ne sommes pas mesure de libérer le peuple à exploiter cette énergie gratuit. PS il est interdit d’installer une plaque solaire dans une zone ou la sonabel exploite.

  • Le 4 mai 2010 à 09:34 En réponse à : Electrification rurale : Une ambition locale contre l’obscurité dans les campagnes

    bonne chance a cette structure meme si souvent la population ne comprend les cas de coupures.

  • Le 4 mai 2010 à 10:07 En réponse à : Electrification rurale : Une ambition locale contre l’obscurité dans les campagnes

    L´ambition est louable. Toutefois il reste à se rassurer que les poteaux sont bien fixés pour prévenir leur terrassement par simple coup de vent.

    • Le 4 mai 2010 à 21:02, par levieux En réponse à : Electrification rurale : Une ambition locale contre l’obscurité dans les campagnes

      parfaitement d’accord avec vous cher internaute. La qualité de la maîtrise d’ouvrage est gage de sécurité des investissements. Si besoins est, le FDE pourrait envisagé le renforcement des capacités des acteurs dans la maîtrise d’ouvrage. Pourquoi pas impliquer d’avantage les acteurs de la décentralisation ?

  • Le 4 mai 2010 à 10:59, par BISSAKO En réponse à : Electrification rurale : Une ambition locale contre l’obscurité dans les campagnes

    Décidement que cette initiative louable ne se solde pas comme celle de l’énergie solaire. Il faut que le FDE puisse en toute autonomie et en toute responsabilité suivre ses investissements de telle sorte que des considérations politiques ne les prennent en otage surtout que sur trois années, ce sont des élections et des promesses souvent farfelues. Que la "petite" gourounsi ouvre alors l’oeil. Si elle a besoin d’arachides pour avoir des forces, qu’elle n’hésite pas à en demander du côté de Béguédo.

  • Le 4 mai 2010 à 17:55, par vvm En réponse à : Electrification rurale : Une ambition locale contre l’obscurité dans les campagnes

    Dans le temps, le BF avait 8000 villes et Villages. Nous avons moins de 300 localités électrifiées actuellement. Il faudrait trouver un moyen pour booster cette électrification. Les villages éloignées des grandes axes routières ne verront jamais la fée électricité avant longtemps. Or dans ces villages, nous constatons un consomering extraodinaire (Moto Sanili, JC, Appacha, Telephone portable) qui peut juste être completer par une politique de developpement des plaques solaires individuelles. Pourquoi ne pas demander aux asiatiques de venir nous monter des unités de montages de ces plaques solaires et en vulgariser l’utilisation, puis demander à nos commerçants de demander à leurs fournisseurs chinois de leur concevoir des appareils électromenagers de basse consommation électrique comme ils l’ont fait avec les lampes.

  • Le 4 mai 2010 à 19:46 En réponse à : Electrification rurale : Une ambition locale contre l’obscurité dans les campagnes

    La gourounsi a fait ces preuves depuis les annees 1985,toujours calme et appreciee par les bailleurs de fonds depuis OAPi.Bon vent a ma cousine et le Bissa,jai du boulot pour toi.on du des arachides au sanguie

  • Le 4 mai 2010 à 20:45, par DOS En réponse à : Electrification rurale : Une ambition locale contre l’obscurité dans les campagnes

    c’est bien mais c’est PAS arrivé ! pourquoi vraiment se compliquer avec des groupes ou interconnexion pendant que le soleil brille tous les jours dans notre pays. déjà que la sonabel a des problemes pour satisfaire ses clients.
    Encore qu’on nous fait une taxe soit 2francs sur le kw. après la TDC on parlera de la TDE

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