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Election d’El Béchir au Soudan : “Légitimité” d’un fugitif de la CPI

Publié le mercredi 28 avril 2010 à 02h51min

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A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Cet adage correspond bien à la situation du soudanais Omar El-Béchir : il a été reconduit à la tête de son pays lundi avec 68,24% des voix, à l’issue d’élections controversées.

Un score à hauteur d’homme mais qui n’a rien de valorisant quand on sait qu’il est allé au scrutin sans ses principaux opposants, notamment Yasser Arman, un musulman laïc soutenu par les ex-rebelles du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM) ; et Sadek al-Mahdi, chef du parti umma, dont le gouvernement élu avait été renversé en 1989 par le réélu. A cette absence des opposants il faut ajouter celle des observateurs occidentaux, dont les conditions de participation étaient loin d’être réunies.

Sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), émis l’an dernier contre lui pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour, Béchir voulait pourtant se refaire une légitimité à travers ces élections et faire un pied-de-nez à la communauté internationale. Son conseiller Nafie Ali Nafie l’a du reste indiqué la semaine dernière : “L’élection du président Béchir prouvera que les allégations contre lui sont infondées”.

Le moins que l’on puisse dire est que ce dictateur a raté le coche, lui qui a joué seul son tambour, chanté sans d’autres voix, dansé seul avec sa canne pour, finalement, s’admirer lui-même, sans spectateur. Comme le dit un adage de chez nous, si un vieux plume seul un coq en chantant, ce n’est pas qu’il soit content mais qu’il rumine son amertume. Rien d’étonnant donc s’il n’y a pas eu de concert de félicitations à l’image de celui qui accompagnent toujours l’élection ou la réélection d’un président.

En lieu et place des approbations et compliments, l’enturbanné de Khartoum a eu droit à des piqûres de rappel, dont il se serait volontiers passé. Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont rappelé au président élu que “l’impunité des crimes internationaux les plus graves est et demeure inacceptable”.

Human Rights Watch a, pour sa part, dénoncé “la répression politique et les violations des droits de l’homme (qui) ont sapé le caractère libre et équitable du scrutin dans tout le Soudan”, et la conseillère spéciale du procureur de la CPI, Béatrice Le Frapper, a été on ne peut plus claire : “Du côté judiciaire, rien n’est changé, le président Béchir était un fugitif avant les élections, il est toujours un fugitif”. En attendant, l’inculpé de luxe peut prendre son avion, même s’il ne peut pas prendre n’importe quelle direction, pour s’offrir quelques escapades chez des homologues amis.

Si le “tout-puissant” de Khartoum n’a pas reçu malgré sa victoire, les congratulations escomptées, il lui reste une seule chance, quand bien même il lui serait difficile de se défaire des griffes de la CPI, à savoir soigner son image en tenant ses promesses de paix.

Comme il s’y est engagé, il doit organiser en janvier 2011 un référendum sur l’indépendance du Sud-Soudan, conformément à l’accord de paix qui a mis fin en 2005 à 21 ans de guerre civile. Il doit comprendre qu’au-delà de la CPI, l’histoire est un juge redoutable auquel tout le monde sera inéluctablement soumis.

Abdou Karim Sawadogo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 28 avril 2010 à 22:29, par Sawadogo Allassane dit Laso En réponse à : Election d’El Béchir au Soudan : “Légitimité” d’un fugitif de la CPI

    Bel Article. J’ai une question et je ne sais pas qui peux ou doit la repondre. Pourquoi l’Afrique ne cree pas sa propre Tribunal de justice pour les hommes politiques ?
    Je ne fais pas et ne ferai jamais confiance a cette sale CPI qui laisse Bush et Blair s’evader comme des rats et cherche des poux sur une tete chauve.Les individus ont ete masacres en Afrique pas en Europe ou en France et Omar devrait etre juge en Afrique sans assistance d’une quelconque structure qui ne font que l’affaire de l’occident. Nous devons savoir qu’en science politique,les occidentaux ne defendent que leur interets et nos chefs d’Etats doivent le savoir ou ils vont se perdre.
    Ils utilisent nos hommes politiques contre nous pous piller nos biens et ensuite on les poursuit pour qu’on ne trouve plus leur trace.

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