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TOURNEE DU MINISTRE DE L’ENVIRONNEMENT DANS L’EST DU BURKINA : "Vivre les réalités du terrain pour orienter les décisions"

Publié le mardi 20 avril 2010 à 02h32min

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Du 14 au 17 avril 2010, le ministre de l’Environnement et du Cadre de vie, Salifou Sawadogo, accompagné de ses plus proches collaborateurs et d’hommes de média, a entrepris une visite dans l’Est du Burkina. Il a parcouru des zones de chasse, visité les zones concédées aux privés, constaté l’existant faunique de la zone et touché du doigt les réalités de terrain.

"Un ministre de l’Environnement ne peut passer un an sans venir à l’Est. C’est pratiquement impossible parce que c’est ici que nous avons encore les ressources fauniques les plus importantes de notre pays." Tel est le motif de la sortie de Salifou Sawadogo, ministre de l’Environnement et du Cadre de vie dans la région de l’Est du Burkina. Cette tournée fait suite à celle qu’il a entreprise l’année dernière. Avec cette visite, c’est donc l’ensemble des concessions de la région qu’il a pu visiter. Cette visite du ministre visait également à encourager les concessionnaires, les forestiers qui travaillent souvent dans des conditions difficiles et c’est bon qu’on ait une bonne perception de tout cela. Ceci permet de prendre des décisions qui correspondent aux réalités de terrain.

Quatre jours durant, le ministre et sa délégation ont pu ainsi découvrir la faune et la flore du Burkina dans sa partie Est, faire des échanges avec les acteurs au niveau local et faire du tourisme de vision. C’est dire donc que le programme de la visite fut alléchant.

Un programme chargé et alléchant

Quatre jours ont permis au ministre de l’Environnement et du Cadre de vie de visiter 08 concessions soit une moyenne de deux concessions par jour. Partie de Ouagadougou le mercredi 14 avril 2010 à 17h, c’est dans le village de Namoungou précisément au campement Namoungou Safari (Pama Nord) que la délégation a posé ses valises. Après un accueil chaleureux, Hanna Toufic, concessionnaire de la zone a présenté sa concession qui s’étend sur plusieurs hectares et qui a un potentiel riche en espèces fauniques. La délégation a ensuite visité l’unité de protection et de conservation de Ouagrou, le campement Singou dit campement du lion géré par Franck Alain Kaboré le jeudi 15 avril.

Après cela, le ministre et sa délégation ont pu échanger avec les agents forestiers à Kantchari et les autorités locales avant de s’envoler pour la zone de Tapao-Djerma Safari au Sud-Est de Diapaga, contiguë au Parc national W, au campement Safari buffle du concessionnaire Benjamin Traoré où elle a passé la nuit. Le vendredi 16 avril, nous avons visité la concession de Benjamin avant d’effectuer le déplacement de Kondio, un campement dénommé Safari Prestige en construction tenu par Oumarou Idani. Ce même jour, nous avons fait escale au campement de Koakrana du concessionnaire Abdoulage Idani. De Koakrana-Kodjari, nous avons pris la route pour Piéni dans le campement d’Arly Safari Chasse-Vision, une zone de chasse du concessionnaire Nouffou Compaoré de Salifou pour y passer la nuit. Le lendemain samedi 17 avril, les journalistes ont pu constater la richesse faunique très diversifiée de la réserve d’Arly. Avec le ministre, nous avons visité la mare intarissable de Dourmouanga qui compte environ 35 hippopotames à côté de la frontière du Bénin . Nous avons aussi fait un tour à l’hôtel d’Arly abandonné depuis quelques années et qui a même été inondé par les pluies du 1er septembre 2009. L’Office national des Aires protégées devra prendre la gestion de cet hôtel qui sera réaménagé.

De Piéni, nous avons marqué un arrêt à Tambaga où une visite de courtoisie a été rendue à Namounou Kouaré, un pisteur agressé par un lion blessé. Le ministre a salué son courage et lui a remis une enveloppe en guise de soutien. Nous avons fait une pause technique au campement de konkombouri, dans la concession de Dermé, appelée Burkina Safari Club, zone Cynégétique de konkombouri. Visite des locaux de la nouvelle Direction provinciale de l’Environnement et du Cadre de Vie de la Kompienga construite dans le cadre du Projet de Gestion des Ressources forestières (PROGEREF). La dernière concession visitée est le Campement du Buffle, Safari Yeryanga Maurice Baudet. Un échange avec les agents de la direction provinciale de l’Environnement et du Cadre de vie et de l’équipe du projet WAP a mis fin à la tournée du ministre dans la région de l’Est. La délégation a regagné Ouagadougou le dimanche 18 avril aux environs de 2h du matin. En quatre jours, trois provinces ont été parcourues, plusieurs villages traversés, 9 campements visités, beaucoup d’animaux observés dans leur biotope. C’est donc un programme chargé mais passionnant.

Le métier de concessionnaire nourrit son homme

A travers les échanges avec les concessionnaires, il nous est revenu qu’ils rencontrent beaucoup de difficultés et que l’activité ne semble pas rentable. Cependant, nous avons pu constater de grands investissements dans toutes les concessions. Nous avons visité 9 concessions. Toutes ces concessions sont équipées d’un campement avec des infrastructures hôtelières aux normes acceptables à savoir une piscine, des bungalow climatisés et/ou ventilés, un groupe électrogène, du personnel de service, des véhicules de chasse.

Il y a la zone de chasse qui doit avoir des pistes annuellement tracées pour permettre la circulation ; ensuite il faut des points d’eau non tarissables, le curetage des marres pour les animaux, confectionner des miradors ; il y a les pisteurs à recruter pour assurer la garde de la zone de chasse et surveiller le braconnage. Certains concessionnaires nous ont confié qu’ils ont un chiffre d’affaires annuel d’environ 30 à 35 millions pour une activité qui s’étale seulement sur 3 à 4 mois puisque la chasse est ouverte de décembre à mai. Les concessionnaires font également du social. Les actions en direction des populations sont perceptibles. Il y a par exemple la distribution de vivres aux nécessiteux, la dotation de fournitures aux élèves et aux filles issues de famille pauvre, les activités génératrices de revenus, la lutte contre la pauvreté, la réalisation de forages et d’autres activités d’envergure.

Les leçons d’une sortie

De façon globale, la sortie s’est déroulée dans de très bonnes conditions. Le Burkina a un fort potentiel faunique composé de lions, de bubales, de cobes de buffons, de cobas, d’éléphants, d’hippopotames, de singes, d’antilopes, de buffles, etc. Beaucoup d’efforts sont faits par les concessionnaires qui, pour la plupart, sont des passionnés de chasse, qui aiment la nature et qui ont mis une partie de leur temps, de leur énergie, de leurs moyens financiers pour ce secteur ; "le gouvernement leur est reconnaissant mais naturellement, il y a des efforts encore à faire en termes d’aménagement, d’infrastructures hôtelières" dixit Salifou Sawadogo. Il faut également créer les conditions pour que les animaux soient plus nombreux ; on parle de salines, de points d’eau, etc.

La formation est un des volets non négligeables. Les concessionnaires ont un besoin crucial en formation pour faciliter la gestion de leur domaine. Des formations en gestion, des visites dans des pays qui nous ont devancés dans le domaine sont plus que jamais nécessaires. Dans cette optique, le ministre a fait savoir que des démarches sont entreprises pour effectuer des sorties internationales en Afrique australe. Il y a également le problème des impôts ; les concessionnaires paient plusieurs impôts à savoir les taxes d’exploitation et les autres taxes ; ils ont relevé qu’ils paient environ 50% d’impôts.

Il y a la concurrence d’avec le Bénin où la taxation est très faible, ce qui amène les touristes vers ce pays. Sur les impôts, il y a des discussions qui sont engagées avec les acteurs et l’administration financière. Avec l’octroi de l’exploitation de la concession qui est de 20 ans maintenant, l’occasion sera donnée d’aplanir tout cela. Pour Salifou Sawadogo, les concessions nécessitent beaucoup de moyens. Il y a un besoin de communication entre les acteurs ; c’est évident parce qu’il y a une activité. Il faut que les gens paient les impôts ; les concessionnaires ne peuvent pas s’y soustraire. De plus ce n’est pas évident que les services en charge des impôts connaissent nos réalités à l’intérieur des concessions. Il faut noter que la plupart des concessionnaires ont mis leur argent, ils se sont endettés et, gérer une concession nécessite des investissements colossaux sur une longue période.

Pour beaucoup, c’est une autre activité qui leur permet d’avoir ces ressources et qui leur permet d’investir. Dans les discussions, on pourrait trouver des formules qui à même de permettre aux acteurs privés d’investir et l’imposition serait beaucoup plus souple et quand tout sera mis en place les choses pourraient s’appliquer convenablement a conclu le ministre. Autre fait, il y a l’insuffisance du personnel forestier. Dans toutes les zones visitées, le manque de personnel a été signalé. Le ministre a donné des instructions fermes au Directeur général des eaux et forêts pour qu’un début de solution soit apporté à ces doléances avec la sortie d’une cinquantaine d’agents le 16 avril dernier. lI y a un travail complémentaire à faire, il faut du personnel ; mais le ministère travaille avec le personnel auxiliaire, les pisteurs, des hommes qui se donnent à fond mais la difficulté est qu’ils n’ont pas un statut clair. Il faut un statut clair pour ces valeureux volontaires qui sont d’importants maillons de la chaîne. La réflexion est menée pour que ces agents soient plus rassurés pour travailler, nous a confié le ministre.

Il faut du personnel, les recrutements se font ; le Premier ministre a autorisé des recrutements volontaires pour les secteurs du développement rural et le ministère bénéficie de cette mesure ; "ce personnel des écoles de formation qui sort va progressivement être affecté sur le terrain ; plus il y aura d’agents sur le terrain, plus nous allons réduire le braconnage. La lutte contre le braconnage est un maillon important si l’on veut sauvegarder notre richesse faunique dont nous sommes si fiers. Les concessionnaires, les pisteurs, les forestiers ont tous déploré la montée du braconnage qui semble l’apanage de certaines personnes bien instruites (qui savent que le braconnage est proscrit) qui paient des armes pour des individus qui leur fournissent la viande sauvage en retour. Il faut du personnel, des moyens et également l’implication des populations à la lutte contre ce phénomène. Il y a un travail de sensibilisation qui se poursuit. Tout ceci nécessite beaucoup de moyens, la surveillance, la communication. La collaboration entre concessionnaires, population et personnel forestier est plus que jamais nécessaire pour faire face au braconnage et le réduire de façon significative.

Beaucoup de personnes ignorent que le secteur de la faune est un secteur rentable et très porteur. Le secteur gagnerait à être valorisé à travers des journées de la chasse et de la faune qui permettront d’intéresser les Burkinabè à l’activité ; ces derniers pourraient être des clients potentiels des concessions pendant la période où la chasse est ouverte. Dans un monde marqué par la concurrence, nos concessionnaires doivent davantage créer les conditions favorables pour intéresser les clients. Au cours de cette sortie, nous avons constaté que l’éléphant est un animal qui détruit considérablement le couvert végétal. Dans la plupart des zones visitées, le pachyderme a commis des dégâts énormes. Il détruit tout sur son passage. En particulier, ce sont les baobab (adansonia digitata) qui sont menacés par cette espèce. En effet, lorsqu’il finit d’enlever l’écorce de l’arbre soit il le casse et le jette ou le laisse dans un état pitoyable où il finit par sécher et les termites prennent le relais.

De façon globale tous les concessionnaires ont le minimum mais il faut de l’amélioration, des aménagements pour attirer davantage les visiteurs ; il faut également un travail de communication car les clients des concessions sont uniquement des étrangers, les Burkinabè ont un faible engouement pour la chasse. Cette tournée du ministre de l’Environnement a été d’une grande importance ; les routes sinueuses de l’Est parcourues auront permis à Salifou Sawadogo d’expérimenter les réalités terrain et de prendre des décisions qui répondent aux préoccupations des acteurs. Espérons fortement que cette initiative du ministre de l’Environnement inspirera d’autres ministres à aller vivre quelques jours le train train quotidien de leurs structures déconcentrées au grand bonheur du développement social et économique du Burkina Faso.

ARLY : Un pachyderme agresse des journalistes

L’équipe des journalistes qui a pris part à la sortie du ministre de l’Environnement et du Cadre de vie a été agressé par un troupeau d’éléphants accompagnés de leurs petits. C’était le samedi 17 avril 2010 dans la réserve d’Arly en plein milieu de la forêt où nous étions en plein tourisme de vision à bord d’un véhicule de chasse. Tout à coup, nous nous sommes retrouvés en face d’un troupeau d’éléphants accompagnés de leurs nourrissons. Notre premier réflexe fut de couper le moteur du véhicule de chasse. Dès que le troupeau a senti notre présence, une femelle se démarqua du lot, barrit, bondit sur nous et se mit à 5 mètres de nous. Avec force, elle arracha un arbre et ne réussit pas à le projeter. Pour la deuxième fois, elle avança et se mit à trois pas de nous. On pouvait entendre les mouches voler. A ce moment, des tractations ont commencé entre hommes de media. Les cameramen friands d’images veulent filmer du jamais vu ; les uns veulent qu’on prenne le large à nos risques et périls ; les autres sont pris d’une peur bleue qu’ils ne savent plus à quel saint se vouer. On pouvait dire que les carottes étaient cuites pour nous.

Pour les pisteurs, il fallait tout simplement couper le moteur du véhicule et attendre que ces pachydermes s’en aillent. Fallait-il attendre une troisième fois que le pachyderme s’approche de nous ? Alors, il y eut entre nous des discussions très chaudes, des tractations, des tiraillements même. Le chauffeur du véhicule, sur les menaces des journalistes dont l’instinct de survie était très manifeste, démarra et on écarta un peu le danger en s’éloignant. Quelques instants plus tard, l’éléphant se mit à notre poursuite. C’est ainsi que nous avons eu la vie sauve en nous éloignant définitivement. Alors, il se lança à la poursuite du véhicule du Directeur de la Communication et de la Presse du ministère de l’Environnement et du Cadre de vie (DCPM), René Ouédraogo et de certains confrères à bord d’une 4X4 juste derrière nous. Mais il y eut plus de peur que de mal, tout le monde en sortit indemne. La leçon à retenir est que l’éléphant, quand il est en compagnie de ses petits, est très agressif et il ne faut pas hésiter à fuir quand on est sûr de ses capacités. Mais dans la fuite, il faut courir en zigzag et surtout éviter de monter dans un arbre.

Devant le danger, tout homme perd ses capacités et il faut savoir faire la bonne option comme nous l’avons fait. L’éléphant est un animal dangereux ; il peut tuer surtout en compagnie de ses petits.

Koyir Désiré SOME

Le Pays

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