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Niger : La remise à plat de la démocratie a débuté

Publié le jeudi 8 avril 2010 à 03h03min

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Salou Djibo, président du CRSD

Considérant le contexte dans lequel il est intervenu, une large partie de l’opinion nationale et internationale a très bien accueilli le coup d’Etat perpétré le 18 février 2010 au Niger par le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD). Ayant bonne presse, la junte n’a cessé de donner des gages de sa volonté de refonder la démocratie nigérienne et de remettre, à brève échéance, le pouvoir aux civils. Et on est disposé à la croire puisque, à la différence des patrons d’autres juntes (en Guinée mais aussi, à l’époque, en Mauritanie), le chef d’escadron, Salou Djibo, président du CRSD, a pris une ordonnance non révisable qui le rend, lui, inéligible aux prochaines élections ainsi que les membres du gouvernement, les militaires et tout dignitaire de la transition.

Une sage décision qui, du coup, permet à la junte de travailler dans la sérénité.

Et depuis le mois de mars, le moins que l’on puisse dire, c’est que l’équipe du chef d’escadron, par touches successives, est en train de remettre à plat la démocratie nigérienne pour lui insuffler un nouveau dynamisme, un nouveau départ après les tourments et les égarements qu’elle a connus sous la férule du tazarché mené par Mamadou Tandja.

Les créations par ordonnance en date du 2 avril 2010 du Conseil consultatif et du Conseil constitutionnel sont autant de signes qui montrent que le Niger est sur la bonne voie en matière de restauration de sa démocratie. La première institution, comme on le sait, est chargée d’émettre des avis sur les textes fondamentaux en cours d’élaboration, dont la nouvelle Constitution. La seconde, elle, a pour mission de contrôler la régularité, la transparence et la sincérité du referendum constitutionnel et des prochaines consultations électorales.

Mais s’il y a une chose qui frappe, c’est sans doute le choix des personnes chargées d’animer ces deux structures. Le CSRD a, en effet, fait le choix de confier la présidence du Conseil consultatif à un jeune de 38 ans, Marou Amadou, responsable jusque-là du Front uni pour la sauvegarde des acquis démocratiques (FUSAD).

Farouche opposant au mouvement tazartché, l’homme, on se rappelle, avait été plusieurs fois interpellé par le régime de Mamadou Tandja, qui l’avait même embastillé un mois durant à la prison de haute sécurité pour « administration d’une organisation (ndlr : le FUSAD) non déclarée ».

Est-ce une récompense pour ses efforts et les sacrifices qu’il a consentis en luttant farouchement contre le tazartché ou est-ce parce qu’il a le profil adéquat pour ce poste ? On ne le sait trop. Une chose, en tout cas, est sûre : sa nomination à la tête de cet organe est un véritable pied de nez fait par la junte à l’ancien président de la république. Hier, mercredi 7 avril 2010, les 131 membres du Conseil consultatif ont été installés.

Dans le même ordre d’idées, en décidant de ramener aux affaires Fatoumata Bazèye, l’ancienne présidente du Conseil constitutionnel que Tandja avait dissous, la junte semble saluer et louer ici le courage dont cette dame et les conseillers constitutionnels avaient fait preuve lorsqu’ils s’étaient fermement opposés au projet porté par le président Tandja de changer la loi fondamentale. Voici une dame qui est restée digne et qui revient par la grande porte. Si seulement son exemple pouvait inspirer les autres responsables des Cours constitutionnelles des pays africains !

Avec la mise en place du Conseil consultatif (131 membres), du Conseil constitutionnel (11 membres) et du Comité des textes fondamentaux (19 membres), la junte dispose à présent de tout l’aréopage nécessaire pour mener à bien la refondation de la démocratie.

Il ne reste plus à espérer que chaque compartiment de la transition jouera à fond sa partition pour que le Niger puisse repartir d’un bon pied sur le boulevard de la démocratie qu’elle a dû quitter à cause de la funeste théorie du tazartché inventée par Mamadou Tandja et qui célèbre le culte de l’indispensabilité d’un individu, en fait d’un mortel, à la tête de l’Etat.

Puissent les rédacteurs de la nouvelle Constitution, partant de l’histoire du pays, trouver les bons articles et la bonne armature pour prémunir le Niger contre toute autre forme de tazartché à l’avenir.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 14 avril 2010 à 23:10, par edouard En réponse à : Niger : La remise à plat de la démocratie a débuté

    La junte militaire arrivée au pouvoir le 18 février 2010 au Niger laisse entrevoir un lendemain meilleur pour ce pays. En réalité, c’est l’un des meilleurs moyens en Afrique "pour le moment" de lutter contre le baillonnement de nos peuples. Et je pense que les militaires ivoiriens penseraient à suivre le pas de leurs camarades nigériens.

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