OPPOSTION TOGOLAISE : L’art de la provocation
- Le gendarme blessé
Mercredi 24 mars, l’opposition togolaise a organisé un rassemblement devant le siège de l’UFC (Union des forces du changement). Une manifestation avec des bougies pour exiger la lumière sur l’élection présidentielle dont elle conteste toujours les résultats, favorables à Eyadema - fils. La bougie devait symboliser la paix et l’exigence de vérité. Mais finalement, les choses ne se sont pas passées comme prévu. La violence que tous les acteurs s’évertuent à conjurer s’invite peu à peu dans la danse.
Et le pire n’est pas loin. C’est un gendarme infiltré parmi les manifestants qui s’est fait démasquer et a subi les assauts d’une foule en furie. La suite va de soi. Ses compagnons d’armes interviennent. Il n’y a pour l’instant que des blessés légers. Mais, ces manifestations ont beau se draper d’un caractère pacifique, tout le monde se prépare psychologiquement à un dérapage. La question est de savoir dans quel dessein.
Le Togo s’installe peu à peu dans une situation de crise à l’issue d’un long processus de médiation qui a abouti à l’élection présidentielle du 4 mars dernier. Ce scrutin était censé mettre un terme à la querelle de légitimité qui a empoisonné le mandat de Faure Gnassingbé, considéré par ses contempteurs comme mal élu. Le scrutin, de l’avis des observateurs, s’il n’a pas été parfait, a été reconnu valide par la plupart des observateurs et par la communauté internationale. La Cour constitutionnelle ayant validé les résultats, on n’attend plus que l’investiture de Faure Eyadema pour entamer son second mandat. L’opposition a beau crier au vol de sa victoire, on se demande comment, elle peut rentrer raisonnablement dans son droit, ayant elle-même renoncé aux moyens que lui offrait la loi.
La rue est devenue son arme favorite. Un moyen de pression certes, mais dangereux et qui peut déstabiliser le régime en fonction de la capacité de mobilisation de l’opposition, mais qui peut lui offrir également un bon argument de répression. C’est un équilibre précaire que vit le Togo et il est urgent d’en sortir. On voit mal le pouvoir recompter les voix ou réorganiser un scrutin. A peine consentira-t-il à accepter un gouvernement de crise où tous se retrouveraient pour mettre les choses à l’endroit. Dans cette hypothèse, on voit mal comment l’UFC, chef de file de cette contestation qui crie au voleur, peut accompagner le voleur avec le butin qu’elle réclame.
Tout cela manque de réalisme. On constate cependant que Faure Gnassingbé prend son temps pour organiser son investiture. D’autres se seraient précipités pour fermer cette parenthèse et commencer la jouissance de leur mandat. Il semble sûr de lui. Mais ce n’est pas pour autant qu’il dormirait sur ses deux oreilles. L’énergie que l’opposition met aujourd’hui à le combattre, cache vraisemblablement une stratégie de conquête du pouvoir. Cette conquête passe nécessairement par la victoire aux législatives de 2011. On s’étonne cependant que cette débauche d’énergie n’ait pas pu se faire avant et pendant le scrutin contre le candidat Faure. Il faut espérer que l’attitude de l’opposition gabonaise fasse école et que celle du Togo s’en inspire si elle veut vraiment faire évoluer les choses démocratiquement.
Abdoulaye TAO
Le Pays
Vos commentaires
1. Le 26 mars 2010 à 10:18, par Demo En réponse à : OPPOSTION TOGOLAISE : L’art de la provocation
Salut à tous,l’image est un peu choc je trouve pour les âmes sensibles si les redactions peuvent faire un ptit effort dans le choix des images ce serait bien pour tous...toutefois je souhaite que ces genres d’images soient rapportées aux Mahama Sawadogo et autres intensionnés de tripatouillages de constitutions...A bon entendeur,salut.
2. Le 26 mars 2010 à 13:57 En réponse à : OPPOSTION TOGOLAISE : L’art de la provocation
Belle analyse mais qui aboutit toujours au même point : accabler l’opposition et minimiser la responsabilité du régime en place. Est-ce que les règles du jeu démocratique ont été respectées ? Alors comment en vouloir au plus faible parce que le plus fort s’est assis sur les règles.
Avant les élections vous avez préparé les esprits que l’opposition va perdre du fait qu’elle n’a pas une candidature unique. Je ne dis pas que vous le fait express mais à force vous légitimer par avance toutes les dérives du pouvoir. Pour le cas du Togo les résultats bien que contestés montrent que cette candidatyure unique n’était pas indispensable. Cela requiert me semble t-il un mea culpa de la part de certains de vos confrères.
Pendant les élections aucune investigation sérieuse n’a été menée pour pouvoir vous prononcer clairement sur les allégations des uns et des autres. Vos analyses se fondent sur ce que madame/monsieur tout le monde a entendu. L’UFC avaient semble t-il des PV qui lui donnaient la victoire. Personne n’a eu l’idée d’aller photocopier, scanner, ... bref nous faire voir de quoi il s’agit. Les mêmes PV ont été recupérés manu-militari par le régime.
Que dites-vous alors de la longue médiation.. Peut-on parler d’un succès. Car les éléction ont été encore une fois chaotiques. Le rôle du Médiaterre est passé sous silence alors que 2009 a été une année d’exaltation de cette médiation.
Que devrait faire l’opposition dans cette situation ? Proposer d’autres formes d’actions en déhors des manifestations que vous qualifiez de provocations. Il ne faut surtout pas rester tranquille pou que Faure se fasse introniser pour une victoire sur laquelle plane des doutes.
C’est juste pour suggérer une certaine nuance dans les analyses et de mettre moins de pressions sur les oppositions. Même dans les grandes démocrties renverser le pouvoir en place est toujours exploit.
3. Le 26 mars 2010 à 14:07, par Tabania En réponse à : OPPOSTION TOGOLAISE : L’art de la provocation
N’est-ce pas trop facile d’exhiber la photo d’un gendarme qu’on présente curieusement comme une victime des militants de l’UFC ? Qu’est qu’il a à infiltrer une manifestation pacifique, qui de se surcroît se passe dans un quartier ? De quoi lui et ses partisans ont-ils peur au point de vouloir savoir à tout prix ce que les autres font ? Je respecte l’avis du journaliste qui prétend que Faure Gnassingbé a gagné démocratiquement la présidentielle qui vient de se passer au Togo. Mais de grâce, il faut arrêter d’accabler l’UFC. C’est injuste de toujours présenter ce parti comme celui qui fait de la provocation.