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Abgéyomé Kodjo Messan Gabriel (Président OBUTS) : "Je lutterai jusqu’à la dernière goutte de mon sang"

Publié le jeudi 25 mars 2010 à 01h41min

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L’homme a une haute vision de sa personne. Ayant le verbe facile, il fut l’enfant chouchou du président Eyadéma jusqu’en 2002 où, par une salve épistolaire, il mit fin à cette idylle, tout en prenant la route de l’exil en France. Rentré au pays après le décès de son ancien mentor, il est aujourd’hui le président de l’Organisation bâtir dans l’union un Togo solidaire (OBUTS). Candidat malheureux (0,85% des suffrages) à la présidentielle du 4 mars 2010, il conteste l’élection de Faure et martèle qu’il luttera jusqu’à bout de souffle.

Pourquoi avoir créé l’OBUTS après avoir été Premier ministre, président de l’Assemblée, DG du Port de Lomé sous Eyadéma père, donc cacique du RPT ?

• Si vous revisitez l’histoire, vous comprendrez que depuis le printemps 2002 j’ai marqué une rupture définitive avec le RPT, rupture qui s’est matérialisée par mon exclusion de ce parti sous feu Eyadéma. Je n’ai plus d’attache ombilicale avec ce parti. J’avais, à l’époque, donc proposé une modernisation du parti pour rester dans le temps. On a refusé et cela explique pourquoi le RPT est toujours dans des difficultés. J’ai voulu montrer qu’il y avait une autre façon de faire la politique. Lorsqu’on a mon expérience, je pense qu’il faut la mettre au service des populations.

Faure a été déclaré vainqueur à l’issue de l’élection du 4 mars. Quelle sera votre attitude ?

• Je contesterai cette élection de Faure jusqu’à la dernière goutte de mon sang. Faure n’a pas gagné cette élection et il ne peut pas la gagner.

Et si c’était Jean-Pierre Fabre qui avait gagné, seriez-vous prêt à composer avec lui, vu que, finalement, vous avez maintenu votre candidature ? Par ailleurs, vous êtes aussi membre du Front républicain pour l’alternance et le changement (FRAC).

• Je suis fondateur du FRAC et sans moi, ce FRAC n’aurait pas vu le jour. J’étais de la seule formation politique qui était restée avec Fabre et le seul candidat à l’élection présidentielle qui ait accepté de construire le FRAC avec lui. Il y a donc deux formations politiques (Nldr : UFC et OBUTS) et une association, celle de Kofi Yamgname, qui composent ce mouvement. J’aurais composé donc avec Fabre s’il avait été vainqueur.

Et la création de la Convergence pour l’Alternance (CPA) avec Me Yawovi Abgoyibo et Léopold Gnininvi, n’est-ce pas une dispersion de forces ?

• Quand on a créé le FRAC à Paris et qu’on est revenu à Lomé, le CAR, l’UFC et la CPDA ont retiré leurs délégués de la CENI. Par la suite, j’ai pensé au syndrome de 2005. Car les choses avaient débuté de façon semblable. J’ai craint que le pays soit livré à la violence, et c’est pourquoi j’ai réactivé ma candidature et l’idée de la CPA. Qui a lancé l’appel aux masses populaires à se lever comme un seul homme ? C’est moi. Donc, je suis resté toujours égal à moi-même.

Vous défendez ardemment Kpatcha Gnassingbé, le frère du président Faure, emprisonné pour une affaire de coup d’Etat. N’est-ce pas de la démagogie ?

• C’est une question de principes. J’ai modernisé le Port autonome de Lomé (PAL). J’ai fait parler de ce port dans le monde entier et ceux qui sont dans cette profession évoquaient le cas du PAL comme un modèle de redressement économique. Après, on m’a accusé d’avoir détourné 10 milliards de FCFA au Port. On a intenté un procès contre moi. J’ai été blanchi, on a condamné l’Etat. L’arrêt qui m’a rendu ma liberté dit : "Le délit reproché à l’ancien Premier ministre relève du domaine de l’impossible... Condamne l’Etat aux dépens et ordonne sa libération immédiate". En deux mois, ma procédure était faite. Kpatcha est séquestré depuis 10 mois et la procédure n’a pas encore commencé. Ce n’est pas une affaire pénale mais politique...

Il s’agit d’une affaire de coup d’Etat...

• Ça, c’est ce qu’on dit. Mais quid des preuves ? Moi, on m’a accusé d’avoir volé 10 milliards. Quelles en sont les preuves ? J’ai demandé une confrontation. Il faut juger Kpatcha pour qu’il puisse répondre de ce qu’on lui reproche. S’il est condamné, qu’il purge sa peine. Mais s’il doit être libéré, qu’on le relaxe. 10 mois de détention préventive, c’est un abus d’autorité et une violation flagrante des droits de l’homme.

Finalement, est-ce que vous ne pensez pas que le peuple togolais est pris en otage par deux familles liées par une inimitié mortelle : les Gnassingbé et les Olympio, et qu’il serait temps de sortir de ce cercle vicieux ?

• Effectivement, et la nature fait bien les choses. L’ère Gilchrist Olympio est en train de se terminer, celle Faure Gnassingbé aussi. Inéluctablement, je crois qu’il y aura l’émergence d’une nouvelle classe politique au Togo.

Vous avez affirmé que vous étiez l’héritier naturel du président Eyadéma. Pourquoi ?

• Je ne réponds pas à cette question (Ndlr : en off pourtant, l’interviewé s’en est longuement expliqué. Lire brèves de Lomé dans l’Observateur paalga du 11/03/2010).

Interview réalisée à Lomé par
Zowenmanogo Dieudonné Zoungranao

L’Observateur Paalga

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