LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

CRISE IVOIRIENNE : Les signes de lassitude de l’ONU

Publié le vendredi 19 mars 2010 à 01h46min

PARTAGER :                          

Le représentant spécial de l’ONU en Côte d’Ivoire, Choi Young-jin, était au rapport le 17 mars dernier devant le Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation socio-politique dans ce pays. Une situation qui danse le tango en avançant d’un pas puis en reculant de deux autres. M. Choi a ainsi regretté le retour en arrière occasionné par les accusations de fraude portées par le Front populaire ivoirien (FPI, parti au pouvoir) contre l’ancien président de la Commission électorale indépendante (CEI). Toute chose qui a retardé une fois de plus l’élection présidentielle programmée initialement pour se tenir entre fin février et début mars 2010.

Après la présentation du rapport, le Conseil de sécurité devait prendre un certain nombre de mesures pour relancer le processus et, s’il y a lieu, mettre en garde ceux qui, délibérément, oeuvrent à gripper la machine. Mais il n’en a rien été de tout cela. L’instance vers laquelle beaucoup de personnes avaient les yeux tournés s’est contentée d’appeler « instamment les parties prenantes ivoiriennes à relancer [le] processus sans délai et à rester dans le cadre de l’accord politique de Ouagadougou ».

Signes de lassitude de l’ONU ? C’est la question qui vient à l’esprit face à cette mollesse dans le ton et dans l’action de l’organisation internationale. On attendait beaucoup plus d’elle, elle qui est aussi partie prenante du processus. Et à ce titre, elle devrait, être plus ferme. Il y a bien longtemps que certains acteurs sur les bords de la lagune Ebrié n’entendent plus le langage diplomatique. Il y avait donc lieu de siffler la fin de la récréation pour que tout le monde se mette au sérieux. Il est temps de sortir pour de bon de cette situation de ni guerre, ni paix dont on se garderait de dire qu’elle n’éprouve pas l’ONU.

Il n’est pas superflu de rappeler ici qu’elle a non seulement déployé des troupes en Eburnie dont elle s’occupe de l’entretien mais finance également le processus. Les regrets, les appels à la raison doivent être assortis de sanctions contre ceux qui voudraient se mettre en travers du processus. Sans cela, il se trouverait toujours des gens qui bloqueraient sa bonne marche parce qu’ils profitent tellement de la crise pour être pressés de la voir finir. Il y en a aussi qui, estimant qu’ils ne sont pas sûrs de remporter la présidentielle, freineraient des quatre fers pour ne pas y aller et provoqueraient toutes sortes de crises pour que l’échéance soit tout le temps reportée.

Les bretelles de tous ces gens, qui sont d’ailleurs très bien connus, doivent être sérieusement remontées. L’ONU qui a les pleins pouvoirs pour le faire ne devrait pas hésiter un seul instant. Sinon dans un, deux, trois ans ou plus, on serait toujours en train de parler au futur de l’élection présidentielle ivoirienne. Il y a urgence parce que le mandat de la mission onusienne en Côte d’Ivoire, l’ONUCI, expire en avril prochain. Certes, l’on pourrait penser que ce mandat serait reconduit au regard de l’incertitude de la tenue de l’élection présidentielle en fin avril-début mai conformément à la nouvelle fourchette arrêtée. Mais il faut aussi penser au pire qui est ici une non-reconduction de ce mandat pour des raisons financières.

Auquel cas, ce serait un retour à la case départ. En tout état de cause, les Ivoiriens doivent savoir que la communauté internationale ne peut pas les soutenir indéfiniment dans leurs tergiversations par rapport à la tenue de l’élection présidentielle. Un effort est à faire de leur côté car comme le dit le proverbe, « si quelqu’un te lave le dos, il faut soi-même se laver la figure ». A l’expiration du mandat de l’ONUCI, s’ajoute la non- disponibilité du médiateur burkinabè qui va remettre en jeu en novembre prochain son fauteuil de président dans son pays. Même si sa réélection est assurée, il faudra quand même qu’il batte campagne. C’est dire qu’à un moment donné, il se posera un problème de disponibilité de celui-ci, surtout qu’il se susurre que la présidentielle ne se tiendra pas avant octobre 2010, le temps pour l’actuel locataire du palais de Cocody de célébrer en août les 50 ans d’indépendance du pays et de boucler un bonus de 5 ans à la tête du pays. Seulement, tout le monde aura-t-il la patience de subir les caprices du locataire du Palais du Plateau ?

Séni DABO

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique