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BURKINA : Le goût amer du sucre

Publié le vendredi 19 mars 2010 à 01h46min

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Le sucre est l’un des plus grands produits de consommation courante au Burkina. En attendant qu’on lui trouve un dérivé un jour, il est présent au quotidien dans les ménages burkinabè. C’est pourquoi la récente hausse du prix du kilo de sucre, qui est passé de 500 à 700 voire 800 F CFA, a été fortement ressentie par les consommateurs. « Le Pays » a fait le tour des protagonistes intervenant dans cette filière sans vraiment trouver de réponse satisfaisante. Que ce soit la société nationale productrice de sucre ou celle qui le distribue, la faute a toujours été imputée au cours mondial qui a connu une flambée.

Mais, et l’Etat burkinabè dans tout ça ? Que fait-il pour que le sucre soit à la portée de la maman qui prépare la bouillie pour ses enfants, de la vendeuse de zom-koom ou de dèguè qui vit de cette activité ? On n’en sait rien. Pour les vendeuses de dèguè particulièrement, la pilule est encore plus dure à avaler. Car déjà, elles croulaient sous le poids du prix du lait qui a atteint des sommets ces derniers mois. De nombreux autres produits alimentaires artisanalement fabriqués sont ainsi concernés par cette affaire de hausse brute du prix du sucre. Ce sont des petits métiers qui font vivre des milliers de personnes, en particulier des femmes.

Au-delà de la consommation brute, on sait que le sucre entre dans de nombreuses préparations de l’agro-alimentaire. Les différents jus ou boissons industrielles sont à base de sucre et il est aisé d’imaginer que ce secteur d’activité va ressentir négativement les contrecoups de l’augmentation du prix du sucre. Donc, tout un secteur de l’économie va souffrir de cette situation. Comme le lait hier, le sucre est donc aujourd’hui de plus en plus inaccessible au Burkinabè moyen, pour la simple raison qu’il est, en grande partie, importé. Car si l’on en croit la SN SOSUCO qui produit 40% de la consommation nationale, la flambée des prix est due au sucre importé. C’est dire qu’en matière d’autosuffisance alimentaire, le Burkina a encore du chemin à faire, car dépendant en grande partie des produits importés.

Notre grande dépendance alimentaire est un obstacle de taille à notre développement. Quand dans un pays la préoccupation principale des habitants est la lutte pour la survie quotidienne, il y a un vrai problème. On vit au jour le jour, en priant Dieu de nous réserver un meilleur sort le lendemain. L’extrême pauvreté des gens fait qu’ils ne peuvent prévoir ni les vivres, ni l’argent des condiments, sur une longue durée. En dehors des salariés et de quelques autres privilégiés, rares sont les Burkinabè qui peuvent déposer un sac de riz et de maïs chaque fois que les provisions sont épuisées. Le riz et le maïs sont achetés chaque fois au détail, ce qui traduit des conditions de vie très précaires. C’est dans ce contexte donc que le sucre connaît une hausse du prix du kilo. Qui a dit que la vie chère était derrière nous ? Il faut se rendre à l’évidence, tel ce sucre qui a désormais un goût amer, rien n’est réglé au Burkina en matière alimentaire.

"Le Fou"

Le Pays

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