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Mission onusienne sur les exactions subies par les Burkinabè en Côte d’Ivoire

Publié le vendredi 20 août 2004 à 08h10min

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Du 22 août au 25 août 2004, une mission de l’ONU séjournera dans notre pays pour enquêter et recueillir des preuves sur les exactions que des Burkinabè ont subies en Côte d’Ivoire depuis le déclenchement de la crise le 19 septembre 2002. Une visite qui suscite divers commentaires au sein de la classe politique et les associations de défense des droits de l’Homme... Lisez plutôt ces interviews de Halidou Ouédraogo (UIDH), Me Gilbert Ouédraogo (ADF/RDA), Christophe Dabiré (CDP) et Albert Ouédraogo (Tocsin)...

Halidou Ouédraogo, président de l’UIDH : "Nous faisons confiance aux institutions qui enquêtent".

Une mission onusienne pour enquêter sur les violations des droits de l’Homme en Côte d’Ivoire... est une très bonne chose de notre point de vue.

Notre souhait, c’est que cette mission puisse se poursuivre en Côte d’Ivoire et peut-être aussi dans les pays limitrophes.

Autant nous avons travaillé avec les Nations unies pour l’avènement de telles commissions, autant nous souhaitons effectivement que les droits humains de toutes les personnes humaines quelles qu’en soit leur origine, leur nationalité soient respectés. Donc nous, nous accueillerons la mission avec bienveillance, nous répondrons à ses questions.

Déjà, nous avons reçu une invitation du ministère de la Promotion des droits humains et je crois que nous serons représentés aux différentes rencontres que cette mission va initier au Burkina. C’est dire que nous apporterons donc notre contribution, à nouveau aux Nations unies.

Nous avons en effet déjà envoyé des dossiers aux Nations unies. Depuis le déclenchement de la crise, nous faisons un travail de suivi et d’enquête sur la question. Nous avons ainsi envoyé une mission en Côte d’Ivoire le 31 décembre 2002. Ensuite, nous avons examiné un rapport sur l’impact de la crise ivoirienne dans les pays limitrophes. Nous préparons actuellement une autre mission sur la paix et la sécurité en Côte d’Ivoire. Nous venons de recevoir les jeunes marcheurs pour la paix qui ont quitté Dakar, il y a 2 mois et qui sont allés à Lomé et qui sont revenus. Vraiment, la question de la situation en Côte d’Ivoire et la question des droits humains nous préoccupent beaucoup, y compris dans la sous-région.

A chaque fois, nous ne manquons pas d’interpeller les autorités burkinabè, les autorités ivoiriennes, l’Union africaine, la Commission africaine des droits de l’Homme et enfin, les Nations unies sur les violations massives des droits humains qui sont intervenues çà et là. Il y a eu des déplacements de populations, des massacres de populations, des spoliations, des délits de droit, aussi bien en Côte d’Ivoire que dans les pays limitrophes à différents niveaux. En Côte d’Ivoire, les ressortissants étrangers ont eu beaucoup de problèmes que nous avons soulignés et notés. Les Ivoiriens sont aussi en antipathie dans le cadre de ces différentes situations. Je pense qu’il faut régler globalement tous ces cas.

Les uns et les autres ont introduit des dossiers en justice. Il y a eu ainsi des initiatives civiles et tout semble tendre aujourd’hui après Accra III, vers un apaisement avec effectivement, un examen de ces différents dossiers parce que règlement ne veut pas dire impunité. Et la réconciliation nationale ne peut être valable en Côte d’Ivoire que si on règle quand même cette question d’impunité et qu’on arrive à des solutions de compensation.

S. : La situation va donc en s’améliorant sur le terrain...

Halidou Ouédraogo : Non, je n’ai pas dit cela. Nous avons dénoncé les événements de mars 2004, il n’y a pas longtemps. Nous avons dénoncé également l’existence de charniers au Nord de la Côte d’Ivoire. Nous avons en outre, dénoncé l’assassinat de ce jeune Ivoirien qu’on dit être du Parti communiste révolutionnaire ivoirien. Il y a des préoccupations, des sujets de préoccupation et je pense qu’il faut souhaiter tout simplement que les efforts déployés de part et d’autre, tendent vers une amélioration de la situation par l’examen de ces différentes situations, entre autres.

S. : Avec les investigations de l’ONU, avez-vous espoir que quelque chose va changer ?

Halidou : Oui, il faut le croire puisqu’il y eut une 1ère mission en Côte d’Ivoire. Je ne sais pas si c’est la même mission qui revient.. Mais quand on cherche les tenants et les aboutissants d’une question, il faut toujours encourager ceux qui cherchent. Donc, nous pensons que nous avancerons. Ils auront des éléments, et à partir de ces éléments, il appartiendra à la communauté internationale de les bousculer pour que ces éléments puissent être traités et non confinés dans des tiroirs. Nous faisons confiance aux institutions qui enquêtent, qui proposent et qui traitent les questions. De ce point de vue, nous avons confiance en la mission des Nations unies.

Nous souhaitons vraiment que cette crise ivoirienne se résolve aussi bien en Côte d’Ivoire, dans les pays limitrophes que dans la sous-région où de façon générale, il y a des problèmes de droits humains qui se posent.

Alexandre Ouédraogo : président du MBEJUS : Le problème de la Côte d’Ivoire n’a épargné aucun peuple de la sous-région".

Depuis le 19 septembre, date du déclenchement des problèmes que ce pays voisin, la Côte d’Ivoire a connus, le Mouvement burkinabè pour l’émergence de la justice sociale a donné son point de vue là-dessus et je suis avec grande attention ce qui se passe dans ce pays. Nous disons que c’est un devoir pour l’ONU de prendre en charge ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire, de suivre de très près les problèmes de violences, des droits humains que le peuple ivoirien, les peuples de la sous-région connaissent ou que le monde entier connaît en général. Je ne crois pas que le problème de la Côte d’Ivoire a épargné un peuple dans la sous-région.

En tant que défenseur de droits humains, nous accueillons cette initiative avec joie parce qu’elle va nous permettre de faire la situation des problèmes, des exactions qui se sont passés en Côte d’Ivoire et de poser un diagnostic : primo, pour condamner ceux qui ont commis ces exactions ; secondo, pour avertir d’autres prétentieux si je peux me le permettre, qui voudront faire un travail de ce genre. Nous souhaitons que les conclusions de cette mission soient l’occasion pour les autorités burkinabè de poser réellement les problèmes que nos compatriotes ont eus au niveau de la Côte d’Ivoire. Nous souhaitons que les organisations de défense de droits humains puissent avoir leur mot à dire dans la mise en œuvre d’une quelconque réparation et qu’une justice sociale véritable soit dite sur ce qui se passe en Côte d’Ivoire.

Nous disons que seule une enquête onusienne approfondie pourrait rétablir l’ordre au niveau de la Côte d’Ivoire. Nous souhaitons que nos organisations de défense de droits humains, que ce soit au-delà de la sous-région, puissent avoir leur mot à dire dans cette affaire. D’habitude, des personnes disent que les défenseurs des droits humains n’ont pas la langue dans la bouche. Cela est vrai et nous disons que la défense des droits devant un droit qu’on veut arracher, ce n’est pas en regardant sans rien dire que nous l’aurons. Donc nous disons que si les Etats, les responsables politiques se cachent derrière leur diplomatie pour ne pas réclamer les droits, nous, nous prendrons la responsabilité, c’est de notre devoir, de poser le problème comme il se doit et d’aller jusqu’au bout pour que justice soit faite dans cette affaire.

S. : Y a-t-il des dossiers particuliers que vous amèneriez devant cette mission onusienne qui arrive lundi matin ?

Alexandre Ouédraogo : Les dossiers particuliers, c’est pratiquement les dossiers des Burkinabè qui ont souffert dans leur corps, dans leur âme en Côte d’Ivoire. C’est pratiquement des problèmes sociaux que la guerre ivoirienne a créés au Burkina et dans la sous-région. Ce sont ces problèmes que nous tenterons de soumettre si nous avons l’occasion de discuter avec cette mission.

Pour l’instant, je peux dire que l’initiative onusienne est vraiment la bienvenue même si elle a tardé. Néanmoins, elle est là et nous souhaitons réellement partager avec elle sur les problèmes que les Burkinabè ont vécus qui sont d’ordre social, économique, des problèmes de crimes qui ont été perpétrés sur nos compatriotes vivant en Côte d’Ivoire.


Maître Gilbert Noël Ouédraogo, président de l’ADF/RDA, chef de file de l’opposition : "C’est dans l’intérêt de tous que l’on puisse parvenir à la paix en Côte d’Ivoire"

Me Gilbert N. Ouédraogo : Je salue cette initiative et je dois dire que j’ai beaucoup d’attente à l’endroit de cette mission dans la mesure où la situation en Côte d’Ivoire est un drame profond qui affecte la grande communauté burkinabè vivant dans ce pays, et même aussi toutes les autres communautés qui y vivent, y compris aussi le peuple ivoirien.

Nous pensons qu’il est nécessaire que l’on puisse prendre des dispositions de manière à pouvoir rétablir la confiance, et à résoudre de manière définitive ce conflit et qu’on puisse vivre une paix durable dans la sous-région et particulièrement au niveau de la Côte d’Ivoire. Pour ce qui est des attentes, je pense que l’esprit de cette commission devrait permettre vraiment de faire un travail documenté, pouvoir rencontrer les personnes qui ont été victimes, pour vérifier les allégations que les uns et les autres ont formulées quant à leurs pertes en Côte d’Ivoire du fait de la crise. A partir de là, je pense qu’on devrait rechercher des solutions durables à la crise et voir un peu comment faire pour que ces peuples burkinabè et ivoiriens qui ont toujours cohabité, continuent à le faire dans la paix et dans le bonheur puisque nous sommes dans une même et unique communauté.

Du reste par l’histoire, ces deux peuples ont toujours été unis. Il est important que personne ne subisse des faits de part sa nationalité seulement. Je dois saluer vraiment la mobilisation de la communauté internationale qui prend à cœur cette question de la Côte d’Ivoire et qui essaie de trouver des solutions. Au niveau du Burkina, il y a eu des actions qui ont été entreprises pour assister notamment les Burkinabè dans leur droit, ceux qui ont été victimes. Nous attendons beaucoup de cette commission, surtout des solutions qui vont privilégier le rétablissement de chacun dans ses droits, une cohésion et une paix durables dans la sous-région.

Comme on le dit souvent, il n’est jamais tard pour bien faire. On souhaitait que cette mission ait lieu avant, mais comme cela n’a pu se faire en raison des contingences et de la situation en Côte d’Ivoire, je ne peux que saluer son avènement maintenant. J’apprécie d’autant cette mission que les Nations unies s’intéressent à la situation des Burkinabè en Côte d’Ivoire.

A ce propos, je pense qu’il n’est pas tard de trouver des solutions de manière à réparer les préjudices subis et pouvoir arrêter aussi les situations qui peuvent venir ou survenir par la suite. Il est certes important de se pencher sur le passé, mais il ne faut pas perdre de vue l’avenir. Un tel exercice ne pourra qu’être bénéfique aux deux peuples (Ivoiriens et Burkinabè).

A cet effet, il faut identifier d’abord les victimes, auditionner les uns et les autres et surtout établir la véracité des réclamations faites. A partir de là, on pourra rétablir les personnes dans leurs droits.

Bien évidemment les propositions de solutions devraient associer les deux pays au plus haut niveau de manière à ce que la communauté internationale demeure le garant de ces réparations. Accra III a été capital. C’est un élément qui constitue un signal fort sur le terrain. En effet, c’est la première fois depuis les Accords de Marcoussis que le chef de l’Etat ivoirien s’engage personnellement.

C’est l’occasion de saluer l’engagement de la communauté internationale et des chefs d’Etat de la sous-région, du continent et du Secrétaire général de l’ONU dans le règlement de la crise en Côte d’Ivoire. Je termine en rappelant que c’est dans l’intérêt de tous que l’on puisse parvenir à la paix définitive en Côte d’Ivoire. C’est en tout cas mon souhait. C’est aussi le souhait de ma formation politique.

M. Christophe Dabiré, membre du groupe parlementaire CDP : "Nous souhaitons que toutes les victimes puissent rentrer dans leurs droits"

Le fait que l’ONU ait décidé d’organiser une mission sur cette question importante présente un très grand intérêt. Parce que depuis les événements de Tabou, notre pays a manifesté sa consternation face à ce type de situation qui arrive dans un pays frère où Burkinabè et Ivoiriens ont toujours vécu en très bonne intelligence. Aujourd’hui même, si l’on peut considérer que cette mission vient un peu tardivement, elle est la bienvenue. Parce qu’elle va permettre au moins de faire la lumière sur un certain nombre de questions et surtout de prendre en considération les dossiers que le Burkina a préparés sur cette question importante.

Donc nous apprécions très favorablement cette mission et nous espérons que les conclusions auxquelles la mission va aboutir seront effectivement mises en œuvre pour que les Burkinabè qui ont connu un certain nombre d’exactions puissent rentrer dans leur droit.

Cette mission de l’ONU ou de façon générale, les missions que l’ONU organise autour des questions relatives aux exactions commises sur nos compatriotes et de façon beaucoup plus large sur les frères africains vivant en Côte d’Ivoire, ont d’abord pour objet d’interpeller, de tenir la communauté internationale informée de ce qui se passe. Je crois que ça, c’est un élément important. Que la communauté internationale dans son ensemble soit au même niveau de compréhension, d’appréciation des phénomènes qui se passent en Côte d’Ivoire de façon particulière. Ce que nous attendons surtout de cette mission, c’est la reconnaissance du fait qu’il y a un problème en Côte d’Ivoire concernant la libre circulation des personnes et des biens, le libre établissement des individus sur le territoire de l’UEMOA. Ça c’est un premier aspect. Le deuxième aspect est la reconnaissance de tous les efforts que le Burkina a développés pour que la communauté internationale soit informée de ce qui se passe en Côte d’Ivoire et particulièrement, sur les ressortissants burkinabè. Je crois que cette reconnaissance est déjà un élément pour nous militants du CDP, pour notre parti parce qu’en ce moment, la communauté internationale comprendra que les dossiers que notre gouvernement a eu à introduire à différents niveaux (la Commission des droits de l’Homme, le Conseil de sécurité). Nous souhaitons également que toutes victimes d’exactions puissent rentrer dans leurs droits après les investigations qui auraient été faites par cette mission des Nations unies.

Nous espérons que les conclusions de ladite mission pourront permettre d’aller de l’avant dans la résolution des problèmes que nous connaissons.

Par ailleurs, vous savez que le CDP entretient des relations d’amitié avec les partis frères de Côte d’Ivoire. Et dans le cadre de l’organisation de ses différentes rencontres prévues par les instances, à savoir son congrès ou les réunions de son bureau politique national, le parti a toujours exprimé à ses partis frères de Côte d’Ivoire, son inquiétude par rapport à ce qui se passe. Et mieux, nous leur avons toujours demandé d’user de leur influence pour que ces exactions cessent. Je crois que cette voie politique est certainement la meilleure. Car il ne s’agit pas pour notre parti de vouloir trouver les solutions en lieu et place des partis de la Côte d’Ivoire qui, aujourd’hui, gèrent le pouvoir d’Etat. Avec le FPI, notre parti a eu des rencontres pour évoquer les différentes situations et jusqu’aujourd’hui nous sommes en contact avec les responsables politiques de ce parti pour que les questions concernant nos compatriotes en Côte d’Ivoire puissent trouver une solution juste et que la paix y revienne.

Pour nous l’espoir d’un retour de la paix en Côte d’Ivoire est de mise avec Accra III. Nous avons tous constaté les décisions qui ont été déjà prises au niveau de la Côte d’Ivoire dès le retour du président de la République ivoirienne. Je crois que ce sont des signes d’une volonté d’aller dans la bonne direction. Nous souhaitons seulement que ces premiers pas qui ont été faits dans la résolution d’un certain nombre de problèmes préalables, à savoir la réintégration des ministres qui avaient été exclus, la délégation de pouvoir au Premier ministre, soient suivis d’autres pour que la paix revienne définitivement dans ce pays. La conviction que nous devons avoir c’est que le processus va s’accélérer, il doit s’accélérer pour que le peuple ivoirien retrouve son territoire intégral, qu’il se réconcilie avec lui-même et qu’il se remette au travail pour reconstruire le pays. Il y va de l’intérêt de toute la sous-région.

Albert Ouédraogo (Tocsin) : "La Côte d’Ivoire doit demander pardon por ses crimes"

Albert Ouédraogo (A.O.) : Nous souhaitons que cette commission d’enquête sur les violations subies par les Burkinabè en Côte d’Ivoire et au-delà, toutes les populations expatriées, puisse aboutir à des constats rentrant dans ce qui s’est réellement passé sur le terrain. Nous voulons une commission qui fasse un travail de profondeur et c’est en cela que nous sommes inquiets, dans la mesure où la mission n’effectuera que quarante-huit (48) heures de présence au Burkina. Or, nous savons par ailleurs, que la même commission a fait une quinzaine de jours en Côte d’Ivoire. Nous savons également que le pays qui a le plus subi, les populations qui ont le plus enduré cette crise ivoirienne, ce sont les populations burkinabè.

Et on se demande comment en 48 heures et quelles que soient les compétences des membres de la délégation, dont je ne remets nullement en cause l’expérience, il leur est mathématiquement impossible de pouvoir toucher le centième, le millième des violations subies par les Burkinabè en Côte d’Ivoire. C’est donc la raison pour laquelle nous avons essayé de nous mettre en synergie avec les associations de la société civile pour baliser le terrain en vue de pouvoir rendre cette mission la plus opérationnelle possible.

Le programme qui nous est donné nous permet de voir que la commission va dans un premier temps, s’entretenir avec les responsables du système des Nations unies, elle aura une rencontre avec les autorités burkinabè, et par la suite, elle va s’entretenir avec les organisations de la société civile. Elle va également aller à la rencontre des victimes et des communautés qui ont pu voir ces victimes-là revenir. Ce sera donc, des contacts directs que la commission va avoir avec toutes les composantes de la société burkinabè.

Notre préoccupation, c’est les membres de la société civile, chacun dans la sensibilité qui est la sienne, puisse témoigner de ce qu’il a vu, de ce qu’il a côtoyé et de ce qu’il a fait par rapport à la crise ivoirienne et par rapport aux violences que nos compatriotes ont subies. De ce point de vue, nous allons initier une rencontre avec la société civile vendredi matin pour que nous puissions, chacun échanger par rapport à ce phénomène-là.

Nous avons donc notre partition à jouer ce, d’autant plus qu’au niveau du système des Nations unies, les responsables sont relativement réservés par rapport aux vérités de l’Etat qui sont toujours des vérités en demi-teinte. Sans dire que la société civile est plus crédible, nous estimons qu’elle a cet avantage de ne pas avoir à subir de contraintes d’ordre diplomatique et politique par rapport aux situations qu’elle vit au quotidien et par rapport aux violences qu’elle combat.

Pour ce qui nous concerne, il faut dire que nous avons essayé dans un premier temps, de travailler en amont pour prévenir. Depuis notre création, nous avons alerté l’opinion publique nationale, les autorités, sur ce qui était en train de se préparer en Côte d’Ivoire. Et ce n’est pas pour rien que nous avons choisi de nous appeler le Tocsin. C’est pour sonner justement la prise de conscience.

Malheureusement à l’époque, peu de Burkinabè avaient compris notre message. Et ce qui devait arriver, malheureusement est arrivé et nous sommes les premiers à le déplorer. Les premiers éléments de cette crise sont apparus avec les violences faites aux compatriotes de Tabou. A l’époque, nous avions même exigé que l’on puisse demander réparation au régime de Guéi quand il est arrivé au pouvoir. Mais cette réparation a été rapidement balayée du revers de la main pour dire qu’entre pays frères, on ne parle pas de réparation. Justement, l’impunité génère toujours la violence. Jusqu’aujourd’hui, les Burkinabè subissent ce qu’aucun Africain ne subit en Europe selon le président Wade. Après cette première alerte, nous avons travaillé à dénoncer toutes les formes de violence qui sont faites à nos compatriotes en Côte d’Ivoire.

Nous avons œuvré à ce que l’opération "Bayiri" voit le jour. Nous avons aussi mobilisé nos partenaires pour pouvoir venir en aide aux rapatriés de Côte d’Ivoire que ce soit en vivres, en vêtements et même en micro-crédits. Nous allons continuer toujours dans ce sens. Et nous faisons également du plaidoyer en faveur des Burkinabè de l’extérieur dont le nombre dépasse largement la population totale de certains pays africains que nous connaissons. C’est dire donc que la question des Burkinabè de l’extérieur est une question nœudale pour le développement du Burkina.

Interview réalisée par
Victorien SAWADOGO
Arsène Flavien BATIONO
Romaric DOULKOM
Jolivet Emmaüs Sidibé PAG BELEGUEM
Sidwaya

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