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Mamadou Banakourou Traoré, PCA démissionnaire de l’AS-MAYA : « Je ne pensais pas qu’on tenait tant à moi à la tête du club »

Publié le jeudi 4 mars 2010 à 01h52min

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Le 30 janvier 2010, alors que la famille de l’AS MAYA s’était retrouvée pour fêter en pompe la montée en D1 de leur équipe, coup de théâtre, le président du Conseil d’administration (PCA), Mamadou Banakourou Traoré jette l’éponge. Dans l’interview qu’il a bien voulu nous accorder, le démissionnaire s’explique et rejette toutes les accusations portées contre lui.

Sidwaya (S.) : Pourquoi, contre toute attente, vous aviez décidé de jeter l’éponge ?

Mamadou Banakou rou Traoré (M.B.T.) : Mon départ n’est pas aussi surprenant que vous le dites. Quand j’ai pris la présidence du Conseil d’administration, je me suis fixé un objectif, à savoir amener le MAYA en D1.

Pour l’histoire, il faut savoir que cette équipe a passé dix ans en D2 comme réservoir de pépinière pour les équipes de D1 qui venaient recruter pour étoffer leurs effectifs et même pour le football national. Beaucoup d’internationaux dont Rahim Ouédraogo sont passés par le MAYA. Dans le quartier, je suis connu pour ma rigueur dans la gestion, ma transparence, mon sens de l’organisation et pour la mobilisation des ressources afin d’obtenir un résultat.

Alors quand j’ai été approché par les jeunes du quartier, ils m’ont dit clairement qu’ils avaient besoin de ma qualité de gestionnaire. J’ai accepté tout en relevant que je ne suis pas un spécialiste du football. Et mon objectif était la montée en D1. Je me suis donc donné deux ans pour amener le MAYA en D1. Mais une seule année a suffit ! Mon secret, je me suis organisé à ce que mon apport personnel soit injecté directement sur le staff technique et les joueurs.

Ce qui a fait une motivation énorme et les joueurs se sont surpassés pour donner les résultats que l’on connaît. Il y a eu un travail pendant les dix années passées. Certes, l’équipe avait une bonne assise mais la finition n’y était pas. Après la montée en D1, mon objectif était atteint. Je me suis dit qu’il était temps pour moi de tirer ma révérence.

Je l’ai fait avec un esprit positif en disant que non seulement le MAYA pouvait compter toujours sur mon soutien, mais je pensais aussi à une autre personne, un autre PCA autour duquel nous allons rassembler nos forces pour gérer une équipe de D1. En D2, nous étions dans l’amateurisme mais en D1, on joue dans la cour des grands et on a besoin d’un cadre administratif, de notre propre terrain d’entraînement. Avec moi seul, on mettra trop de temps pour y arriver. Malheureusement, je n’ai pas été compris.

S. : Pourtant, il semble que votre départ est dû au fait que vous n’avez pas digéré d’être accusé de n’avoir pas suffisamment investi financièrement pour le club.

M.B.T. : Je n’ai pas reçu de telles critiques et je l’ai appris dans la presse. Le MAYA fonctionne sur la base du volontariat de personnes ressources sans intérêt autre que le fait de servir la jeunesse de son quartier. Nous avons toujours fonctionné avec un petit budget, car nous ne sommes pas nantis comme certains clubs.

Pendant ma présidence, j’avais personnellement garanti les primes de match des joueurs et des entraîneurs. J’ai une fois invité les entraîneurs dans mon bureau afin qu’ils me fassent le point complet de leurs besoins et j’ai tout pourvu de ma poche. Je ne suis pas passé par le bureau ou par la caisse du MAYA.

Et jusqu’à mon départ, je me chargeais des primes de match parce que je me suis dit que c’est ce qui peut motiver les joueurs. Et ce que vous ne savez pas, c’est que le MAYA en D2 versait à ses joueurs, des primes plus élevées que celles des équipes de D1. C’est donc relatif de dire que je ne m’engageais pas assez financièrement pour le club.

S. : Maintenant que vous n’êtes plus PCA, votre appui au club va-t-il se poursuivre ?

M.B.T. : Il y a beaucoup de choses à dire là-dessus, mais pour le moment je n’ai pas encore été approché par le MAYA. Je ne pensais pas qu’on tenait tant à moi à la tête du club. Je suis surpris de voir que mon départ a provoqué tant de tollé, que la presse s’y intéresse, que j’ai des visites de personnes qui viennent me voir et me demander pourquoi je suis parti.

J’attends que les ardeurs s’estompent pour me retrouver avec l’équipe dirigeante du MAYA pour voir ensemble ce que je peux apporter comme soutien au club.

S. : Si d’aventure le MAYA redescendait en D2 suite à votre départ, quel serait votre état d’âme ?

M.B.T. : Dans mon discours de démission, j’ai bien dis que je quittais la tête du MAYA mais que je restais MAYA, que mon soutien allait rester le même. Pour moi, c’était une démission qui allait renforcer l’équipe. Maintenant les réactions sont telles que je me demande si ça ne va pas desservir le club.

La gestion de ma démission a été trop épidermique. Je n’ai pas pensé que ça allait être pris comme cela parce que j’ai organisé une grande fête pour célébrer la montée et laisser la place à quelqu’un d’autre pour l’alternance, pour du sang neuf. Mes intentions étaient très bonnes, mais comme on le dit souvent, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Peut-être que la manière a dû choquer parce qu’on pense que démission veut dire bagarre, mécontentement. Pas forcément.

S. : Quand vous parlez de quelqu’un d’autre pour vous remplacer, à qui pensez-vous ?

M.B.T. : Personnellement, j’avais consulté certaines personnes. Comme les choses se passent de façon démocratique au MAYA et que c’est une assemblée générale qui choisit le PCA, j’essayerai de convaincre ces personnes de déposer leur candidature.

J’avais l’intention, au cours de cette fête, d’expliquer à la famille le bien-fondé de ces candidatures ,mais comme la fête s’est transformée en cauchemar, je pense que je serai discret et que je laisserai l’équipe choisir librement un PCA.

S. : Vous constituez avec Rahim Ouédraogo les gros sponsors du club. Comment celui-ci a-t-il accueilli votre démission ?

M.B.T. : Quand je rentrais d’Angola où j’ai suivi la CAN 2010, j’ai eu Rahim au téléphone qui m’a fait cas des idées qu’il avait pour améliorer la gestion du club. Nous en avons longuement parlé. Suite à ma démission, il m’a d’abord dit qu’il n’était pas content.

Après, je lui ai clairement dit que je souhaitais qu’il prenne la tête du club tout simplement parce qu’il est un professionnel du football, un grand technicien. En étant PCA, il peut ouvrir beaucoup de portes au plan national et à l’étranger pour le MAYA, mais il m’a dit que cela ne l’intéressait pas. Quand il sera de retour dans quelques mois, nous essayerons de le convaincre et je reste convaincu que le MAYA ne sera pas orphelin.

Entretien réalisé par Frédéric OUEDRAOGO

Sidwaya

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