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PRESIDENTIELLE TOGOLAISE : Jour de gloire ou jour de tristesse ?

Publié le jeudi 4 mars 2010 à 01h53min

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Les Togolais votent aujourd’hui et on espère que le scrutin sera marqué par le calme. La campagne en avait déjà donné le ton. En dépit de l’intensité des joutes oratoires, il faut espérer que chacun saura surmonter sa passion pour que le fair-play domine tout au long de cette journée électorale.

Ils sont ainsi six candidats de l’opposition à briguer le choix des électeurs face à celui qui fait aujourd’hui figure d’héritier du pouvoir du père Eyadéma. Mais l’opposition a-t-elle vraiment une chance de l’emporter ? En tout cas, elle aura suffisamment fait preuve de mollesse dans les négociations pour ne pas laisser de plumes au profit du parti au pouvoir. Celui-ci, dans un premier temps, est parvenu à imposer son choix du tour unique du scrutin. Dans un second temps, il a su user du dilatoire pour éviter que les discussions s’enlisent trop sur la question des inégalités en matière de ressources à mobiliser durant la campagne. Or, la masse des ressources pèse toujours dans l’organisation des campagnes électorales et davantage dans une Afrique qui a faim et soif. Hormis l’appartenance ethnique, ce sont en effet les avoirs qui, généralement, déterminent l’issue du scrutin sur le continent.

Un éventuel échec de l’opposition ne devrait pas bien surprendre. Elle est partie en ordre dispersé, et sans être parvenu à nettoyer comme il faut les textes de la loi électorale. Les opposants togolais ont toujours brillé par leur manque de cohésion. La grande faiblesse des ressources mobilisées tout au long de la campagne, les aura aussi desservis. N’étant pas à l’abri du vieux réflexe qui pousse à voter pour celui qui détient les rênes du pouvoir, l’électeur peut bien ne pas suivre les consignes de vote de l’opposition. Une victoire de Faure Gnassingbé est donc quasi certaine.

Candidat à sa propre succession, l’actuel chef de l’Etat dispose de plus de ressources. Le parti qui le soutient, le Rassemblement du peuple togolais (RPT), occupe également le terrain depuis déjà fort longtemps. Du temps du parti unique à celui du multipartisme. Mais l’héritier des Gnassingbé a pris le risque d’aller aux urnes sans apparemment être parvenu à résoudre les crises de succession qui divisent la famille. Son frère Kpatcha, accusé de jouer au comploteur, est toujours maintenu à l’écart. Il draine pourtant un nombre non négligeable de partisans susceptibles de faire le jeu de l’opposition ou même de s’abstenir d’aller aux urnes puisque n’ayant rien au change. En allant aux urnes sans avoir au préalable cherché à surmonter les divergences avec son frère ainé, Faure espère-t-il pouvoir savourer une victoire qui le rendrait encore plus fort ? Le défi est de taille et il pourrait bien présager du début de la fin du long règne de la famille Gnassigné unie et solidaire.

La campagne présidentielle qui a pris fin hier, fut assurément la plus paisible que le Togo ait connue depuis très longtemps. Ce fut une campagne bon enfant, paisible, sans violence et elle mérite d’être saluée. Cela présagerait-il de l’accalmie politique à venir aux lendemains de joutes oratoires impitoyables ? Toujours est-il que les Togolais doivent aller dans le même sens en rompant absolument avec les vieilles habitudes. Par exemple, on ne doit plus voir comme par le passé, les urnes s’envoler d’un endroit à l’autre comme si elles avaient des ailes. Les années précédentes ont trop marqué l’opinion internationale pour que celle-ci oublie de sitôt les cruelles prouesses des organisateurs de scrutins de ce pays. Il faut agir de manière à maintenir le calme, et surtout à prendre rendez-vous avec la paix. Qui ne se souvient de ces orgies de sang qui ont tant marqué le pouvoir du père Eyadéma ?

Maintenant que le fils est aux commandes du pays, il est du devoir moral de celui-ci de s’assurer que les dérives seront évitées. Sous cet angle, pourquoi donc fermer les portes aux médias internationaux ? Que peut bien craindre le pouvoir togolais des journalistes ? Par le passé, leurs rapports ne semblent pas avoir souffert de la moindre inimitié. Alors, pourquoi frustrer inutilement les électeurs qui ont droit à l’information tous azimuts ? Les défis à relever sont nombreux, car les regards extérieurs restent encore fixés sur les stéréotypes des années noires. Et si jamais ce scrutin est terni par la violence, l’image du Togo en sera à jamais scellée. Il faudra alors mettre encore beaucoup de temps pour redorer le blason terni. Aux Togolais de savoir relever le défi qui est aujourd’hui le leur, en s’efforçant de mériter de la confiance placée en eux. L’Afrique et le monde vous regardent.

"Le Pays"

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