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Frontière Burkina-Ghana : Dakola, le village qui s’enrhume quand le cédi se renchérit

Publié le mercredi 3 mars 2010 à 02h17min

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Dakola est un village de Pô situé à la frontière du Ghana. Ce voisinage avec le pays de N’Krumah, c’est pour le meilleur et pour le moins bon. Le renchérissement du cédi a un goût plutôt amer pour ses petits commerçants.

Bien de choses aient changé ces dernières années à Dakola, mot qui signifie « bois sec » en langue locale gourounsi. Dans ce village situé à 165 km au sud de Ouagadougou et à une vingtaine de kilomètre de Pô, la capitale provinciale, tout est ordinaire, à vue d’œil.

Le petit monde de femmes commerçantes s’affaire toujours autour de grosses miches de pain recouvertes de fines enveloppes plastiques et déposées au bord de la principale voie qui mène au Ghana. C’est elles qui accueillent d’entrée, les invités au lancement de la campagne de lutte contre les surcharges des véhicules lundi 1er mars 2010 dans ce village.

Dans cette petite localité dont le centre se résume aux bureaux de l’administration de la douane et des forces de sécurité, on dépasse très vite l’essentiel. Et il a fallu faire machine arrière pour se rendre compte que derrière les femmes, quelques boutiques en tôles ondulées ou de murets affichent des intentions de super-marchés et jouent en même temps le rôle de kiosques à café.

L’une d’elle est occupée par le jeune Issa Nana, 21 ans. Pour lui, depuis que le cédi a connu une mutation, les marchandises sont devenues chères dans les villages ghanéens voisins.

En juillet 2007, les autorités ghanéennes ont mis en circulation un nouveau cédi (GHS), 10 mille fois plus cher que l’ancien cédi (GHC). Du coup, les 100 F CFA qui équivalaient à 2938, 6469 anciens cédis, ne valent même plus un nouveau cédi. En effet ce nouveau cédi vaut environ 340 francs F CFA. « Comme ça là, ça n’arrange pas les choses.

Au moment où les choses étaient moins chères, si tu partais chercher des marchandises, tu pouvais t’en sortir », martèle le jeune boutiquier. Il indique que les savons en barre ou en poudre (omo) faisaient partie des marchandises les moins chères à Dakola, comparés aux prix de Ouagadougou. Mais depuis, la barre de savon est vendue à 1000 francs au lieu de 750 francs et le paquet d’omo à 750, soit 250 francs de plus qu’auparavant.

A l’instar des autres boutiquiers, cette situation l’amène à diversifier ses sources d’approvisionnement. « Souvent on achète les marchandises au Ghana souvent au Burkina, tout est mélangé », a dit Issa Nana.

Koulaparé Kogomori, un autre boutiquier de 17 ans n’achète en générale que de l’huile au Ghana parce que son prix est encore compétitif. « Si tu prends l’huile à Ouagadougou, il faut vendre le litre à 900 F CFA, donc on ne peut pas vendre. Par contre si tu en prends au Ghana, tu peux le vendre à 750 francs », compare-t-il.

Quand on lui demande dans quelle localité exactement il achète ses marchandises au Ghana, on se perd dans son français, car il répond invariablement « Aganaboda ». Il fallait plutôt entendre « à Ghana border » et comprendre qu’il s’agit des villages limitrophes.

Mais certaines affaires sont obligatoirement liées au Ghana. Les vendeuses du pain sucré communément appelé « ponnè » ou « paanouon » par exemple ne peuvent compter que sur leurs voisins où ce produit est procuré. Elles subissent ainsi les conséquences de la revalorisation du cédi sur le marché international. Awa Nikiéma, l’une des vendeuses de pain sucré se plaint : « ça ne marche plus comme avant. Quand les étrangers viennent, ils n’achètent plus comme avant ».

Le boutiquier Kopilara Brora, prétend pour sa part ne pas recourir au Ghana pour ses affaires. Le « protectionniste » de Dakola étonne par ses affirmations. « Nous, on est Burkinabè, qu’est-ce qu’on va faire au Ghana ? », se demande-t-il avant d’ajouter : « on paie au Burkina, ça va nous aider nous tous. Si on laisse l’argent au Ghana, ce n’est pas bon ».

Aimé Mouor KAMBIRE (aimekambire@yahoo.fr)

Sidwaya

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