LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Rencontres gouvernement/institutions publiques : Le sort réservé aux rapports publics

Publié le lundi 1er mars 2010 à 09h16min

PARTAGER :                          

Les recommandations des institutions publiques ne resteront plus lettre morte. Une séance de travail présidée par le Premier ministre accompagné de quelques ministres a eu lieu le vendredi 26 février 2010 au Premier ministère. La Cour des comptes, la Commission pour l’informatique et des libertés (CIL) et le Conseil économique et social (CES) se sont succédé autour de la table pour faire, avec les membres du gouvernement, l’état de mise en œuvre des recommandations issues de leur rapport public.

81 recommandations pour le seul rapport 2008 de la cour des comptes.
Evidemment, il était impossible de les examiner toutes mais les plus essentiels l’ont été, à en croire les dires de son premier président, Boureima Pierre Nébié. Les membres du gouvernement ont, chacun en ce qui le concerne fourni des éléments de réponses sur la mise en œuvre de ces recommandations. Mais le chef du gouvernement leur demande plus. Tertius Zongo a donné instruction à chaque ministre de faire un écrit qui sera acheminé à la Cour des comptes. Ce qui facilitera la tache de la cour qui se trouve souvent bloquée pour des lourdeurs administratives dans ses travaux.

Cette rencontre entre la Cour des comptes et le gouvernement n’est pas une première. Elle avait eu lieu également en 2009. S’agissant des recommandations de l’année dernière, une autre rencontre est prévue pour examiner les moyens pour renforcer l’institution. Le rapport 2008 qui avait fait couler beaucoup d’ancre et de salive fera encore parler de lui dans les mois à venir. Il est prévu des jugements des agents épinglés pour faute de gestion. Un calendrier a déjà été proposé au chef du gouvernement. « Au plus tard en Juillet 2010, il y aura les premiers arrêts qui vont sanctionner les responsables qui ont commis des fautes de gestion », précise le 1er président de la cour. Mais pour l’instant, les jugements se feront à huis clos et il n’y aura pas de peine d’emprisonnement, seulement des paiements d’amendes seront exigés.

A la suite de la Cour des comptes, ce fut le tour de madame Alimata Ouattara/Dah, présidente de la commission pour l’informatique et des libertés (CIL) et ses hommes de faire leur entrée au premier ministère. Pour elle, la tenue de ce conseil de cabinet de plusieurs ministres autour du Premier ministre pour examiner le rapport de la CIL constitue en lui-même une assurance qu’une suite favorable sera donnée aux recommandations de l’institution. Jusque là les commissaires siégeant à la CIL ne perçoivent pas d’indemnité. Le renforcement des capacités opérationnelles de la CIL, la constitution d’un réseau africain d’autorité de protection des données à caractère personnel tardent à être une réalité. Pourtant le rapport 2009 est déjà sur la table du gouvernement et demande une mise en œuvre de ses recommandations afin de permettre à l’institution de travailler plus sereinement.

Les principales recommandations issues de ce rapport sont la création des conditions indispensables de la mise en œuvre de la loi portant protection des données à caractère personnel en terme de renforcement des capacités de tous les acteurs impliqués dans la protection des données et de la vie privée au Burkina ; en terme également d’équipements techniques permettant à la CIL de pouvoir effectuer les contrôles de la sécurité des systèmes informatiques au Burkina.

Les échanges ont permis aux deux parties de s’informer sur les recommandations de 2008 et 2009. La CIL est jeune dans l’environnement juridique du Burkina et il manque certains dispositifs pour l’application des textes. Mais sa première responsable se veut rassurante « pas de problème, toutes les recommandations seront prises en compte par le gouvernement », lance-t-elle.

La troisième délégation à être reçue était le Conseil économique et social (CES), représentée par trois membres dont la 3e vice-présidente, Victorine Ouandaogo. Le 2e rapport public du CES a donc été passé à la loupe. Cette institution a travaillé sur « l‘impact de l’énergie sur l’économie et les conditions de vie des ménages au Burkina Faso ». La finalité étant d’analyser la contribution de l’énergie dans la lutte contre la pauvreté. Le conseil a fait un état des lieux de la politique énergétique du Burkina ; mesuré les effets de l’énergie sur les productions des industries et les conditions des ménages et proposé des recommandations. Ces recommandations concernent notamment la réduction du coût de l’énergie et la facilité à son accès.

Cette rencontre a permis à la délégation du CES de se rendre compte que leur travail n’est pas une simple formalité, « nous travaillons en synergie et certaines de nos propositions sont déjà en chantier », se réjouit la 3e vice-présidente du CES, Victorine Ouandaogo.
Le gouvernement entend multiplier ces genres de rencontres afin de ne pas laisser les rapports des institutions publiques dormir dans les tiroirs. Il faut qu’ils servent à améliorer la gouvernance économique, politique et sociale pour éviter qu’elles soient là, juste pour des formalités institutionnelles.

Moussa Diallo
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 2 mars 2010 à 11:02 En réponse à : Rencontres gouvernement/institutions publiques : Le sort réservé aux rapports publics

    Pourquoi faire des jugements à huis clos ? Que veut-on cacher au peuple ?

  • Le 2 mars 2010 à 12:16, par Paris Rawa En réponse à : Rencontres gouvernement/institutions publiques : Le sort réservé aux rapports publics

    Si on voulait vraiment avancer, il aurait suffit de reconnaitre à la Cour des Comptes les compétences nécessaires pour engager elle-même les poursuites contres les délinquants qu’elle a débusqués. Il suffirait par exemple que dans sa composition, il y ait un poste de un procureur spécial chargé d’engager les poursuites au nom de l’état Burkinabè. On a bien pu donner à l’autorité de contrôle de médias la capacité de sanctionner les récalcitrants non ? L’autorité de contrôle des comptes de l’État ne mériteraient-elles pas plus de capacités que cela ?
    Si l’on s’autorise à être sévère pour les excès de liberté d’expression, il ne faudrait donc pas tolérer le moindre gaspillage des maigres ressources de l’État. La crédibilité du gouvernement et de la démocratie burkinabè sont en jeu : à force de répéter à l’envie que ça va changer et de s’y préparer trop longuement, on finit par se demander si ça peut commencer un jour (et quand ?) à changer.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique