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NIGER : Que faire de Tandja ?

Publié le dimanche 28 février 2010 à 23h42min

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Plus d’une semaine après avoir déposé Tandja – bien malheureux aujourd’hui pour n’avoir pas eu le temps de terminer ses chantiers - la junte désormais au pouvoir dévoile sa stratégie. Et elle procède par la politique des petits pas. Après avoir confié à Salou Djibo la fonction de chef de l’Etat, elle vient de se choisir un Premier ministre pour conduire la politique du gouvernement. Depuis la fin de la semaine écoulée, elle fait le tour des capitales de la sous-région pour se présenter aux chefs d’Etat de la CEDEAO.

Quant au chef du gouvernement, nommé par la junte, mardi 23 février 2010, le nouvel élu, Mahmadou Danda, ne fait pas mystère de la vision qu’il tient à avoir de la mission à lui confiée. « J’ai demandé des garanties nécessaires pour être sûr de m’engager dans un processus devant aboutir à la restauration réelle de la démocratie ».

L’homme ne fait pas dans la langue de bois, et de toute évidence, n’entend pas faire de la figuration au moment où la charge de conduire l’action gouvernementale lui est confiée. Civil nommé par des militaires qui ont eu la responsabilité du coup d’Etat du 18 février, l’homme a le mérite et l’intelligence de chercher à comprendre pleinement ce à quoi il s’engage avant de mettre les pieds à l’étrier. Sage précaution sans doute. Le rôle de Premier ministre, simplement de façade et qui ne sert même pas à inaugurer les chrysanthèmes, ne l’enthousiasme pas. En cela, il se sera instruit sans doute du cas pathétique de l’ancien Premier ministre guinéen, Kabiné Komara, certes un bon technocrate, mais qui s’était littéralement fourvoyé au sein d’une junte militaire dont les membres avaient presque tous la caractéristique d’avoir de la chose politique, une autre vision que lui.

Les garanties que Mahmadou Danda demande concernent deux volets : primo, les délais « les plus corrects possibles » pour un retour à la vie constitutionnelle ainsi que l’organisation d’élections. Secundo, une précision dans les détails d’un agenda de la transition ainsi qu’un chronogramme clair du travail qui sera à faire. A supposer que la junte puisse les lui fournir, cela présentera sans doute au moins un double avantage. Le nouveau Premier ministre, sachant réellement et clairement ce qui l’attend, saura sans doute prendre les dispositions idoines pour s’y atteler et s’interdira toute forme de navigation à vue.

Et la junte de son côté, devra forcément se sentir liée par ces engagements qu’elle aura pris et qu’elle aura obligation de tenir comme un réel contrat la liant à cet homme apolitique qu’elle a bien voulu choisir justement en raison de son refus volontairement affiché de toute affiliation à quelque parti politique que ce soit. A supposer que les militaires d’un côté, et le Premier ministre de l’autre, jouent, chacun, à perfection, son rôle, c’est le Niger qui en serait le grand bénéficiaire. Car, il serait inconvenant que ce pays traîne les pieds à l’infini, pris au piège d’une situation d’exception qui, à la longue s’attarde, se prolonge et au final devienne usante, à l’instar d’un provisoire qui dure. Car, il faut le reconnaître, l’enthousiasme populaire peut se révéler un feu de paille. Le Premier ministre a besoin de se commettre dès à présent, à l’immense tâche qui l’attend.

La junte, elle, devra aussi s’atteler à régler le cas – de conscience - que représente aujourd’hui l’ex-président Mamadou Tandja. On le sait vivant, détenu dans une villa cossue où il mène une vie de détenu de luxe. Que va en faire la junte ? Va-t-elle le garder dans sa prison dorée ad vitam aeternam ? La chose paraît impensable. Peut-elle opter pour l’exil politique dans quelque pays « ami et frère » ? Difficile, à priori. Tandja, au faîte de sa splendeur, avait tellement nargué ses pairs au point que presque tous, à quelques rares exceptions près, en étaient irrités au plus haut point. Qui, à l’heure actuelle s’aventurerait à accueillir chez lui un fieffé tripatouilleur vomi par ses propres concitoyens ?

On attend de voir. Même le royaume chérifien qu’une rumeur avait présenté comme désireux de jouer les « hôtes humanitaires » s’est fendu d’un démenti catégorique. Alors, que peut faire la junte de son bien encombrant bagage ? Une chose est sûre. En déclarant dans un premier temps qu’elle ne jugerait pas Mamadou Tandja, elle avait fait là sa première erreur politique. Car, il lui sera extrêmement difficile de justifier une décision qui s’apparente à un déni de droit. Tout comme il lui sera quasiment impossible de faire face à certaines accusations d’une collusion réelle ou supposée de tous ou d’une partie de ses membres avec le désormais ex-président nigérien. Car, de toute évidence, on ne choisit pas de renverser un chef d’Etat pour rien. Sous d’autres cieux, ce que tout le monde a vu Tandja faire le conduirait sans détour devant la Haute cour de justice pour haute trahison.

Les militaires au pouvoir à Niamey seraient bien inspirés de pleinement s’assumer. Ils ne devraient pas faire le travail à moitié. Plus, ils auraient tout intérêt à terminer le chantier « Tandja ». Il est tout à fait normal que l’homme d’Etat qu’il a été, puisse un jour rendre compte à ce peuple qu’il a servi, puis trahi. Sans haine ni rancune.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 1er mars 2010 à 01:11, par ckone En réponse à : NIGER : Que faire de Tandja ?

    Je souhaite que Tandja soit jugé comme on l’a fait avec Moussa Traoré,pour decourager tout ce qui on a coeur de modifier la constutition.Si on le juge pas il est sur qu’on vera d’autre Tandja au Niger et en Afrique de facon general.il a trahi donc il doit repondre de ses actes.

  • Le 1er mars 2010 à 02:03, par som_fils@yahoo.com En réponse à : NIGER : Que faire de Tandja ?

    Rien a faire de Tandja. Apres avoir instaurer la vrai democratie, il faut le deposseder de ces biens, le libere et l’interdir de quitter le pays

  • Le 1er mars 2010 à 19:50, par Machiavel En réponse à : NIGER : Que faire de Tandja ?

    un procès pour haute trahison, faux et usage de faux, meurtre sans préméditation... nous sommes prêts à ce que les démocrates africains se portent partie civile contre ce représentant des dictateurs. En attendant que le Sénégal lâche le prisonnier le plus cher du mode afin que nous le jugions dans un autre pays à moins de 10 millions CFA.

  • Le 2 mars 2010 à 00:05 En réponse à : NIGER : Que faire de Tandja ?

    Le Burkina est prêt à l’accueillir pour qu’il nous enseigne la tripatouillite constitutionnelle. En espérant que les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets....lol

    Il faut l’envoyer au gnouffe pour qu’il médite en attendant son procès !!!

    • Le 2 mars 2010 à 22:54 En réponse à : NIGER : Que faire de Tandja ?

      T’ inquiete pas. il y est deja meme si on appelle ca prison doree. C’est la- bas seulement he belongs, ce brigand politique. Vive les peuple slibres et liberes d’afrique. A bas les detenteurs de chantiers eternels.

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