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Partage d’informations sur le Net : Les mauvais tours du “Faire suivre”

Publié le vendredi 26 février 2010 à 01h55min

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L’Internet ne finit pas de jouer de mauvais tours à une catégorie d’utilisateurs, surtout ceux qui sont animés de bonne foi et soucieux de partager les informations reçues avec des proches dans le souci d’infirmer ou de confirmer certaines allégations. Si ces expéditeurs conscients prennent le soin de protéger leurs sources, peut-être un souci lié à leur formation professionnelle, les destinataires trahissent le secret dans leur désir d’une divulgation tous azimuts. Trop pressés de faire circuler ces soi-disant « scoops », ils vendent leurs correspondants au point d’éveiller des soupçons sur eux comme étant les auteurs des différentes allégations. Parce que la méthode « Faire suivre » transporte toutes les autres adresses des expéditeurs, ampliateurs et destinataires.

Or, il est aujourd’hui possible par le biais d’une « adresse kidnapée » de cibler un individu et lui envoyer un message à un inconnu sur son téléphone portable mon « BlackBerry » via Zain Burkina Faso.

C’est ce qui est en train d’arriver à un grand professionnel des médias, réputé dans son métier et admiré pour la qualité de ses relations amicales et le sérieux dans le travail.

Cet homme que personne ne peut accuser de verser dans les ragots ni dans des écrits sans preuve a été pourtant pris au piège de l’Internet. Car il n’est ni un aigri ni un ennemi ou adversaire du régime. D’ailleurs, il a toujours apporté sa contribution à toute initiative médiatique tendant à soigner l’image de son pays et à promouvoir l’action de son gouvernement.

Seulement, pour avoir transmis à des amis des messages qu’il considère lui-même comme des cabales pour avilir des personnalités, sans divulguer ses sources, il est aujourd’hui pris à parti au plus haut niveau et même présenté comme l’auteur de ces écrits. Pourtant, à moins de mener une fouille de termites dans les labyrinthes informatiques et dans les fibres optiques, il serait trop hâtif d’accuser sans fondement un usager de propager quoi que ce soit sur la toile.

C’est le lieu où le partage se trouve parfois dénué de tout égoïsme. Sans procéder à un contrôle approfondi, personne ne peut d’emblée imputer à un utilisateur du Net, les origines de la panoplie d’articles colportant çà et là des informations obscènes sur des membres du gouvernement. Malgré la confiance entre l’expéditeur honnête et le destinataire dont il ne maîtrise pas la nature des autres relations, chacun doit maintenant jouer la carte de la prudence dans le partage des informations de peur de se faire trahir et tomber dans une appréciation négative pour sa propre personne ou perdre sa crédibilité.

L’environnement sociopolitique, à l’heure actuelle, offre des cadres propices à un envenimement de la situation. Les cabales contre des personnalités iront de plus belle ces temps-ci et elles bénéficieront malheureusement de larges diffusions, de « manière cagoulée », surtout quand il s’agit des principaux responsables de la gestion du pays.

Aujourd’hui, c’est Pierre, les autres. Demain, ce sera le tour de Paul, soi-même. Etant donné que chaque citoyen aspire à une haute fonction, à être une haute personnalité. Si l’évolution technologique éprouve des difficultés à se prémunir scientifiquement de ses dérapages moraux, il est du devoir de ses usagers et des décideurs de la contenir avec une conscience sociale et sociétale.

“Aucune information n’est innocente”

Une fois encore, ce sont des personnes honnêtes soucieuses de recouper leurs sources auprès de certains amis avisés qui prennent les pots cassés. Alors que lorsqu’on n’a pas la mesure de toute une information, on ne peut limiter sa portée en y apportant soit un démenti soit une restitution des faits. Comme cela a été le cas dans le très regrettable et très manipulée « Affaire Jerôme Bougouma ». Beaucoup d’encre et de salive a coulé mais dans quel but ?

Celui de la vérité ? De toute la vérité ? D’ailleurs cette affaire a ouvert une campagne de souillures invraisemblables de citoyens aux affaires dont la protection de l’honorabilité par tout Burkinabé doit être de mise car cela remet en cause l’attention et la crédibilité accordées au pays à l’extérieur. Aucune information n’est innocente. Elle dépend en grande partie des desseins et des intentions de celui qui la livre aux médias.

L’Internet cache des réseaux plus destructeurs que la voix lugubre de radio « Mille collines ». Autant certaines critiques ont l’avantage de rappeler aux uns et aux autres que les quelques étages et endroits obscurs de Ouagadougou n’empêchent pas de savoir ce que les uns et les autres trament dans le secret et dans le noir, autant l’Internet a l’inconvénient d’impulser les relents de règlements de compte, de calomnie, de ventilation de bruits de bars. Ce qui est en train d’advenir n’est qu’un début dans le trouble de la quiétude et de la paix sociale.

Mieux vaut prévenir que guérir. Surtout, le pays vit l’effervescence d’une année électorale et pas n’importe laquelle, celle de la présidentielle. Le pire informationnel sur le Net est donc à craindre. Il n’est pas exclu que les photos et les images de certaines personnalités inspirent un jour des montages odieux et grotesques tels ceux déjà réalisés sur le président ivoirien ou le footballeur, Didier Drogba.

Tout peut arriver et il convient d’aller au-delà des accusations sans fondement. Sinon l’on passera le temps à porter des soupçons les uns sur les autres et à mettre en péril de vieilles amitiés et de franches collaborations. Jusque là, les utilisateurs de la toile ne perçoivent aucun inconvénient à diffuser largement toute information sensationnelle à moins que celle-ci ne contienne un virus. L’on a encore en mémoire les « short message sent » (SMS) tendant à faire croire que l’eau de l’ONEA était souillée après les inondations du 1er septembre.

Les interpellations du Conseil supérieur de la communication (CSC) pour responsabiliser les fora des sites web des médias, autant les missions de la Commission de l’informatique et des libertés (CIL) doivent être renforcées avec des moyens matériels et un personnel conséquent pour intercepter toute information à caractère public susceptible de porter atteinte à la vie privée des individus et à la cohésion sociale dans notre pays. Des pays ont déjà perçu cette nécessité pour éviter les dérapages de l’Internet en misant sur la formation pointue en informatique à l’endroit des cadres de leur police et gendarmerie nationales.

C’est à ce prix que les Etats africains pourront mettre à profit les avantages du multimédia et maîtriser sa double face. De tels investissements aideraient à lever toute équivoque. Vu qu’il est possible de suivre la traçabilité des messages et remonter les sources jusqu’au dernier ordinateur. L’internet n’est pas un masque innocent.

A défaut, l’outil précieux qu’est l’Internet aiguiserait cette forte faiblesse des sociétés africaines en général et burkinabé en particulier : « Ma copine ou mon ami, tu sais qu’un tel a dit ça ? Ou tu sais qui est l’auteur d’un tel écrit sur le Net ? ». Il est donc temps pour l’Etat de prendre ses responsabilités. Il a les moyens pour blanchir ou incriminer ses citoyens utilisant l’Internet. « Quand un nom se souille au marché, ce n’est pas de porte en porte que l’on peut le laver », enseigne un adage mooré

Jolivet Emmaüs (Joliv_et@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 26 février 2010 à 02:41, par freeman En réponse à : Partage d’informations sur le Net : Les mauvais tours du “Faire suivre”

    Salut Jolivet, merci pour l’information, le sujet est correcte ainsi que les propositions mais......tu sais pour le moment la grande majorité au burkina utilise l’internet rien que pour les "tchates" et un peu de messagerie et c’est l’ignorance qui entrainne certaines consequences. Les Harnaquer ne sont pas encore nombreux mais il faut y songer pendant qu’il est temps, bn courage et bon travail..

  • Le 26 février 2010 à 04:58, par boney En réponse à : Partage d’informations sur le Net : Les mauvais tours du “Faire suivre”

    Belle réflexion.Ceux qui croient être forts et qui pensent que tout est permis aujourd’hui au Burkina,qu’ils se détrompent car les citoyens honnêtes les tiennent à l’oeil.
    l’immoralité et la cupidité de certaines personnes seront toujours mises à nu et relatées au grand public.Les Burkinabè ne sont plus dans la classe de "Mamadou et Bineta" mais au niveau de "Karim et Aïcha" par conséquent, raisonnent bien et intelligemment.Qu’on arrête de chercher des boucs émissaires dans le milieu de la presse.Que ceux qui se plaignent,aillent lire dans la maison de "lefaso.net"
    les différentes interventions des internautes censurées.Ils verront que cela n’est pas l’oeuvre d’une personne ou d’un grospuscule de personnes.Celui qui reçoit un coup dans les ténèbres,accuse son voisin immediat d’être l’auteur ;mais il ne pense pas que ce coup peut venir de loin.Peut-on prendre référence à Socratès qui disait ceci quand on l’avait accusé de subversionniste et de belliciste qui portait atteinte à l’autorité publique :"Je crois plus que ceux qui m’accusent" Je ne suis ni journaliste ni un administratif ni vivant au Faso.

  • Le 26 février 2010 à 08:16 En réponse à : Partage d’informations sur le Net : Les mauvais tours du “Faire suivre”

    Bel écrit ! Bravo pour la qualité de l’analyse !

  • Le 26 février 2010 à 10:33, par Herman En réponse à : Partage d’informations sur le Net : Les mauvais tours du “Faire suivre”

    Excellent article. Félicitations. De quoi nous rappeler que ces nouvelles technologies sont tout aussi contraignantes car nécessitant maitrise, tact, prudence au quotidien. Pour ma contribution aux débats, je pense que le faire suivre à un grand hic. On a la possibilité de modifier le contenu du message de Monsieur A en le transmettant à Monsieur B. Si je suis de mauvaise foi, je peux bien changer son texte et lui faire dire ce qu’il n’a pas écrit et envoyer un "nouveau message" en son nom. Monsieur B va directement penser que ce message vient de A. Il faudrait peut être un système informatique qui change la couleur des textes ajoutés par le 2ème expéditeur ou carrément rendre impossible la modification d’un texte reçu. On ne pourrait qu’ajouter son propre texte à la limite.

    Voilà, je ne sais pas si c’est "informatiquement" possible, mais ce serait un élément fort de sécurité informatique.

    Cordialement et encore bravo pour l’article.

    • Le 26 février 2010 à 11:20, par Mbakatrè En réponse à : Partage d’informations sur le Net : Les mauvais tours du “Faire suivre”

      A vrai dire, c’est possible d’emêpecher la modification(ajout et/ou soustraction) du texte originel. il est possible également de marquer d’un style distinctif tout élément ajouté au texte originel.Nous allons y réflechir si d’autres ne l’ont pas déjà fait

  • Le 26 février 2010 à 17:10, par Panglos En réponse à : Partage d’informations sur le Net : Les mauvais tours du “Faire suivre”

    Je ne comprend pas le dessein de l’écrit. Serait-ce pour défendre ou protéger un ami qui a maille à partir avec ses anciens amis du pouvoir ? Ouaga est un petit village et le cas auquel vous faites allusion est connu de tous. Quand on passe sa vie à défendre l’indéfendable, personne ne pleurera ton sort quand l’épée de Damocles te menace à ton tour. Pensez vous que les gens du pouvoir soient des idiots ? notez que tous nos ministres sont des technocrates avant d’etre politiques et personne d’entre eux ne se jetterait a bras raccourcis sans un soupçon de vérité. Ou voudriez vous que l’on "controle" l’internet ? Au lieu d’invectiver ceux qui envoient des messages, il faut plutot demander aux incriminés de mieux tenir leur braguette. Ce suis d’accord avec vous que certains utilisateurs n’ont rien a faire du net que de "faire suivre" des messages débiles qu’il faudrait envoyer à x personnes sous peine de calamités diverses. La comparaison avec le sms malveillant sur l’eau contaminée est hors de contexte. Il me souvient une campagne menée par votre quotidien contre Newton Barry,accusé à tort d’avoir fait des malversations dans un pays voisin, tout comme le Président du MBDHP qui a été vilipendé parce qu’accusé à tort d’avoir pris 100 millions avec Bédié, ou encore Hermann Yaméogo traité d’apatride. La liste est longue, et la calomnie n’épargne personne si elle est nourrie.

  • Le 26 février 2010 à 19:04, par Le Doyen En réponse à : Partage d’informations sur le Net : Les mauvais tours du “Faire suivre”

    Balle à terre à certains forumistes de la trempe de Panglos. C’est vrai que la vague de messages accablants certaines personnalités est le couronnement d’une passivité vis-à-vis de la rumeur dans notre pays. Mais dans ce cas précis là, le rédacteur de cet article a eu le courage d’interpeller sur un phénomène qui risque de nous emporter tous si l’on n’y garde. Il y a peu de temps que je lis ce journaliste qui parfois transgresse ce que sidwaya a l’habitude de nous servir. Je ne le connais pas personnellement mais il ose souvent en tant qu’employé d’un organe d’Etat. Pour preuve, monsieur Panglos, lisez la rubrique Cocorico dans sidwaya. Ce journaliste m’a redonné le gout de tenir encore sidwaya que je considerais comme un torchon. Je ne pense pas qu’il ait voulu voler au secours de quelqu’un. La preuve il a nuancé en avertissant les personnalités qu’elles ne peuvent plus se cacher entre les étages et le noir de Ouaga. C’est courageux de sa part. Mais quelle que soit sa volonté, il ne peut rien face à la logique de son DG nommé en conseil de ministre après avoir fait la courbette devant qui de pouvoir. Je ne pense pas qu’un journaliste de sidwaya prendrait sur lui, le risque de s’attaquer personnellement à Newton Barry ou au président Halidou. Beaucoup vouent une admiration à ces deux là dans cet organe. Seulement les ordres sont des ordres et le pouvoir n’hésite pas à utiliser ses propres médias pour déstabiliser ceux qui le gènent. Comme il y a des juges acquis, il y a aussi des organes de presse acquis. Et un petit fonctionnaire comme l’auteur de cet article ne peut empêcher son DG de vilipender qui que ce soit à moins qu’il veuille le regretter. Même s’il n’aprouve pas, il a intérêt à la boucler. Alors indulgence mon ami Panglos.

  • Le 26 février 2010 à 19:27, par Lincoln 6 ECHO En réponse à : Partage d’informations sur le Net : Les mauvais tours du “Faire suivre”

    C’est bien d’évoquer le problème de la diffusion des messages sur internet.
    Car ce que beaucoup ignore (personnalités et internautes) avec ces technologies il n y a pas de droit à l’oubli. Il suffit de googler dans 15 ans "cocu + ministre + Burkina Faso" pour revoir encore certains "posts" ou mails. Excusez moi d’insister là dessus mais l’enfant qui naitra de l’affaire dont vous savez tous pourra même voir dans quel climat de "buzz social" il est venu au monde c’est vraiment triste il n’avait pas demandé ça.

    "pour intercepter toute information à caractère public susceptible de porter atteinte à la vie privée des individus et à la cohésion sociale dans notre pays"

    Pour m’a part je pense que les solutions que vous proposez c’est censurer le net comme en Chine (
    le pays des deux Grandes Murailles : l’ancestrale en pierres et la nouvelle celle numérique)
    .
    A ce que je sache le mailing n’est pas un service de diffusion d’information large public comme les sites.
    Avez-vous suivi sur le net le Monica Gate aux USA on a vu des mails, images, des cochonneries de tous genre concernant Bill Clinton. Mais Bill Clinton est-il oui ou non respecté. Je dirais plus que la majorité des présidents africains sauf (Mandela, ...).
    Je pense que les mesures que vous dites sont à prendre lorsqu’il s’agit de la surété de l’Etat (acte terroriste, coups d’état, ...) mais si il faut encore spolier nos pauvres populations pour acheter du matériel informatique de pointe pour retracer les mails de chaque burkinabé pour une histoire de fesse d’un membre du gouvernement là franchement il aura été plus économique et plus facile pour celui-ci de se maîtriser.
    Je pense plutôt qu’il faut sensibiliser les gens sur cet acte qui semble anodin et facile qu’est le clic "forward" car c’est de la responsabilité de tout un chacun.
    Prenez le cas de la crise en Iran, l’Iran avais censuré le net bloquez les réseaux socio (tweeter, facebook) mais quand même on a vu des images de la violence en Iran.

    PS : C’est de la pub pour Micromou ou quoi ? Pourquoi avoir affiché le navigateur de Microsoft pardon de Micromou ! Déja il vous faut une sensibilisation sur l’utilisation d’image sur le web.

  • Le 26 février 2010 à 20:40 En réponse à : Partage d’informations sur le Net : Les mauvais tours du “Faire suivre”

    "Cet homme que personne ne peut accuser de verser dans les ragots ni dans des écrits sans preuve a été pourtant pris au piège de l’Internet. Car il n’est ni un aigri ni un ennemi ou adversaire du régime. D’ailleurs, il a toujours apporté sa contribution à toute initiative médiatique tendant à soigner l’image de son pays et à promouvoir l’action de son gouvernement".

    Il n’est que de lire ce passage pour comprendre que ce journaliste tente de defendre son pote protecteur. C’est clair. Qu’est- ce qu’ un aigri dans ce Faso ou il ya mille raisons de denoncer l’ inacceptable ? Les ennemis de ce pouvoir ou les soupconnes tels mangent le pissenlit pa r la racine car que ne ferait pas ce regime pour durer et malheureusement perdurer ? Connaissez- vous quelque qui puisse etre neutre devant un regime politique ? Essayez d’etre honmnetes meme quand vous defendez un systeme. On pourra mieux accepter vos ecrits souvents indigestes car l’ encre de ces ecrit est puise dans la boulimie de votre ventre et non dans la sage reflection qu’ impose les exigences de l’ intellectuel. Malheureusement, nous sommes tous intellectuels pour peu qu’ on ait eu le BEPC ou meme pour peu qu’ on ait amasse quelques millions quelques soient les procedes : En somme l’ intellctuel honoris causa, quoi.
    Sinon moi je ne suis pas neutre devant un regime qui est le meme depuis plus de 20 ans alors que la population, elle est plus pauvre. Beaucoup d’ entre vous vous n’etes pas neutres nonplus puisque votre ventre a pris de la brioche alors meme que votre cerevau est devnu celui d’ une linotte : C’est un oiseau, metaphore de l’ inintelligence et de l’ oubli historique bien burkinabe.

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