Il aurait pu rester dans l’Hexagone et occuper un poste juteux. Mais Dr Halidou Tinto décide de rentrer au bercail, en 2006, après avoir obtenu un PhD (doctorat unique) en sciences médicales à la faculté de médecine d’Anvers, en Belgique. « C’est vrai que j’ai eu des propositions, même aux USA, notamment de l’Université de l’Ohio. Cependant, je me suis demandé si je ne pouvais pas trouver un cadre pour mon épanouissement professionnel dans mon pays. Le tout n’était pas pour moi une question d’argent. Ayant passé cinq années à l’extérieur, j’ai compris qu’on ne peut mieux se sentir, mieux s’épanouir que chez soi. Si, bien sûr, vous trouvez un cadre favorable », explique Dr Tinto.

Déterminé à trouver ce « cadre favorable », il se met en quête, dès son retour au Burkina, en 2006, de financements pour réaliser son projet, avec comme atouts, sa connaissance approfondie de l’anglais et ses diplômes. En plus de son PhD en sciences médicales, il est également, en effet, docteur en pharmacie, et titulaire d’un diplôme d’études approfondies en biochimie et en microbiologie appliquées. « Je me suis dit que les appels d’offres étant une épreuve de compétition, je partais avec les mêmes chances que les autres », affirme Halidou Tinto.

Après avoir réussi à obtenir des financements pour deux projets, cet ancien pensionnaire du Prytanée militaire du Kadiogo (PMK) bute sur l’appel d’offres pour la sélection de sites devant conduire l’essai vaccinal RTS,S, lancé par Malaria vaccine initiative (MVI). « J’ai préparé mon dossier et j’ai postulé une première fois, en 2006, mais sans succès », rappelle-t-il. Cet échec ne l’a cependant pas découragé. Bien au contraire ! En 2007, il renouvelle l’expérience pour un autre appel à candidature, lancé pour sélectionner trois nouveaux sites, afin de compléter ceux du premier round. Cette fois-ci, indique Dr Tinto, « notre site est arrivé en deuxième position sur les trois sites retenus ». Un succès dont il est très fier, et qui lui permettra de financer la construction de l’unité de recherche clinique de Nanoro (URCN), dont l’inauguration a eu lieu le 25 avril 2009.

Le travail et la famille

C’est là, à Nanora, localité située à 85 kilomètres de Ouagadougou, que vont se dérouler les essais du RTS’S, vaccin candidat contre le paludisme. « Mon ambition immédiate est d’impulser une dynamique effective à l’URCN pour que l’essai du candidat vaccin RTS,S soit une parfaite réussite afin que nous nous rapprochions chaque jour de la victoire dans la lutte contre le paludisme », affirme-t-il.

Marié et père de deux enfants, Halidou Tinto, 41 ans, très sollicité à travers le monde, est quasiment entre deux avions. Ce qui ne l’empêche pas de faire de son mieux pour combiner vie familiale et travail. « C’est vrai que ce n’est pas facile pour moi, ainsi que pour ma famille. Mais, heureusement, j’ai une épouse très compréhensive, qui me soutient beaucoup dans ce que je fais. Elle comprend que c’est ma passion et elle m’accompagne, même s’il y a des moments difficiles. Cependant, je profite au maximum du peu de temps que je passe à la maison pour m’amuser un peu avec les enfants, car ils en ont besoin », confie-t-il.

Céline L. Elola

Fasozine