LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Affaire BCB-Mégamonde : « Les précisions du staff de la BCB »

Publié le mercredi 24 février 2010 à 02h47min

PARTAGER :                          

Suite à notre article intitulé : « Affaire BCB-Mégamonde : entre machination et règlement de comptes », paru le 10 février 2010, le staff (directeur général, directeur général adjoint, secrétaire général et directrice des affaires juridiques et du recouvrement) de la Banque commerciale du Burkina nous a reçu pour apporter toujours des éléments d’éclairage.

Nous étions parti pour un entretien avec le directeur général, Abdalla El Mogadami de la Banque commerciale du Burkina (BCB). Nous aurons quasiment une séance de travail avec lui et ses principaux collaborateurs : Lorcendy Traoré, directeur général adjoint sortant (il a été remplacé à son poste par Mme Noélie Zongo, cadre du Trésor burkinabè), Michel Konaté et Mme Florence Beouinde, la directrice des affaires juridiques et du recouvrement.

D’entrée, le directeur général et son staff tiennent à saluer Sidwaya pour l’initiative de parler de cette affaire et surtout de venir à la source pour éclairer l’opinion. « Votre article a bien retracé les faits mais il y a des précisions à ajouter », lance El Mogadami, tandis que ses collaborateurs acquiesçaient. Sur ce, il sort un dossier volumineux qu’il se met à feuilleter. Il égrène alors une litanie de chiffres, en milliards allant de 3 à 25 en passant par 9, 14, 20, etc.

« Il cherche 33 milliards », lance mon voisin, Lorcendy Traoré dont le nom a été cité à plusieurs reprises dans cette affaire et que j’étais surpris de rencontrer à cet entretien. L’ambiance et la collaboration semblent plutôt bonnes au sein du staff qui nous a paru soudé et serein. Bref, El Mogadami qui n’avait pas repéré sa page auparavant ne trouve donc pas ce fameux chiffre de 33 milliards mais il consent à nous expliquer pourquoi il cherchait tant ce chiffre.

« Le Groupe Mégamonde n’est pas le seul client qui doit à la banque. Il n’est pas non plus le seul à avoir des crédits auprès des banques. Les montants que je viens de citer sont des engagements de certains clients auprès de banques de la place. Leurs montants sont largement au-dessus de celui de Megamonde. Il est d’ailleurs couvert par le secret bancaire que nous n’allons pas violer".

Poursuivant, le directeur général de BCB indiquera que le GM a connu des moments difficiles qui pourraient expliquer en partie les difficultés qu’il a eues pour faire face à ses engagements à leur niveau. Il invoque également la mauvaise gestion du stock des marchandises par ses agents qui n’auraient pas fait leur travail, provoquant ce qu’il appelle un gonflement du crédit de GM. 

Mais rassure-t-il, une solution a été trouvée et concrétisée par la signature d’un accord basé sur la tierce détention où contrairement au passé, une troisième partie neutre (De Sarto), un spécialiste du suivi des stocks, gère maintenant le stock de marchandises de GM. Les marchandises étant par ailleurs entreposées en un lieu neutre et n’étant sorties qu’après paiement au comptant de leur valeur.

Et El Mogadami d’affirmer, « GM est un client sérieux. Il n’essaie jamais de se soustraire et communique sur ses difficultés pour qu’ensemble, on trouve des solutions. Ce n’est pas le cas avec d’autres clients qui, après avoir contracté le prêt, s’évanouissent dans la nature à la première difficulté. Il honore ses engagements vis-à-vis de sa banque, de la douane et des impôts pour les opérations traitées avec notre banque.

Pour chaque Credoc, il paye environ 150 millions de F CFA à la douane et aux impôts. C’est nous qui établissons les chèques. Les copies sont là, vous pouvez vérifier. Ensuite, il ne fraude pas car avec le système de Credoc, cela est impossible. Enfin, il ne cherche pas à organiser des fuites de devises par le biais des transferts comme c’est bien souvent le cas avec d’autres importateurs. Tout se fait de banque à banque. Toutes ses opérations chez nous sont transparentes. »

Lorcendy Traoré confirme également que GM a connu des difficultés et que son affaire de crédit est à situer dans le cadre d’une relation normale entre une banque et son client. « Il y a dans toute relation, des hauts et des bas. Son dossier était accroché, comme on le dit dans notre jargon de banquier. Deux solutions s’offraient à BCB : soit partir en contentieux, ce qui est préjudiciable au résultat, soit essayer de relancer le client.

C’est finalement la deuxième solution qui a été privilégiée avec l’accord du conseil d’administration (NDLR : seule habilitée à octroyer des crédits de plus de 100 millions) au regard de ses perspectives de marché qui sont réellement porteuses. Ses produits se vendent bien. On a toutefois revu le système de gestion de stock pour lui permettre de mieux faire face à ses engagements. »

Depuis, deux crédits documentaires ont été réalisés avec succès et trois autres sont en cours, nous a-t-on confié. Ces différentes opérations ont du reste, chacune généré des marges estimées à plus de 150 millions de F CFA qui ont permis de dégonfler considérablement le crédit de GM à BCB. « Il n’y a aucun problème avec le client », soutiennent les premiers responsables de BCB qui réfutent la thèse selon laquelle, il aurait refusé de payer, encouragé en cela par des appuis haut placés.

« Non, il n’a jamais refusé de payer, bien au contraire, c’est sa bonne foi et sa volonté réelle de rembourser qui ont encouragé BCB à le refinancer via le système de tierce détention et lui permettre de maintenir son activité tout en remboursant sa dette. Et tout se passe bien », clame-t-on à l’unisson du côté du staff de la BCB.

En tous les cas, précise la directrice des affaires juridiques et du recouvrement de la BCB, « l’ouverture d’un crédit documentaire est désormais conditionnée au bon dénouement du précédent ». S’agissant du remplacement de Lorcendy Traoré à son poste de directeur général adjoint, le staff met cela au compte de la simple coïncidence et de la dynamique qui prévaut en ce moment à la banque. « C’est un changement normal.

Cela fait partie de la dynamique de toute organisation. On vient, on travaille puis on cède la place à d’autres. Lui, comme nous, avons remplacé des gens également », insiste le directeur général de la BCB, El Mogadami.

L’intéressé lui-même ne croit pas avoir été relevé de ses fonctions à cause de cette affaire. « Je ne me reproche rien et on ne me reproche rien. Mon nom a été cité par un des agents mis en cause qui a affirmé lors d’une de ses auditions qu’il a ouï dire que Lorcendy Traoré aurait eu des climatiseurs dans cette affaire.

Il n’a jamais pu prouver cette allégation que j’ai réfutée tant à la gendarmerie qu’à la justice. Je ne peux pas être le numéro 2 de la banque et du haut de mes 30 années de présence dans le secteur bancaire, me rabaisser à ce niveau », indique M. Traoré. Une source corrobore ces propos et confie que le DGA est désigné par la partie burkinabè, tandis que le DG est nommé par la Libye.

La même source souligne que l’action de Lorcendy Traoré à la BCB lui a valu les félicitations du conseil d’administration. Cette affaire a-t-elle fait l’objet d’un contrôle de la commission bancaire ? A cette question, le staff de la BCB répond, qu’à l’instar de toutes les autres banques, la Commission bancaire contrôle la BCB en moyenne tous les deux ans. Ces derniers passages remontent à 2006 et 2008 .

A ces contrôles, elle s’était intéressée au fonctionnement général de la banque, à son organisation et à ses engagements (entendez par là, son système de crédit). Elle a fait des observations et recommandations d’ordre général qui ont permis à la banque d’améliorer ses performances de gestion. « En analysant les crédits dans leur ensemble, celui de Mégamonde est bien entendu concerné mais celui-ci n’était pas l’objet exclusif de son déplacement », fait observer Michel Konaté, le secrétaire général de la BCB.

La BCB a-t-elle mal à son crédit et l’avenir de la banque n’est-elle pas compromise ? Pour le staff de la BCB, cela est loin d’être la réalité. Tandis que El Mogadami nous renvoie à ses chiffres de début d’entretien, M. Konaté rappelle que l’activité bancaire est caractérisée par le risque. Il s’ensuit un bref échange entre eux puis on me parla des tableaux comparatifs de créances compromises dans des banques de la place.

Il s’agit des tableaux publiés par l’Association professionnelle des banques du Burkina en juin et en juillet 2009. Ils indiquent d’abord les engagements, banque par banque. La BCB y arrive au 6e rang sur la douzaine de banques établies au Faso. Elle y est classée 6e en juillet contre 7e en juin au niveau des créances compromises.

Cela dénote selon le staff, d’une relative bonne gestion et d’une assez bonne maîtrise des crédits au sein de la banque. Pour les créances compromises, le staff souligne qu’elles sont malgré tout, recouvrées grâce à la direction des affaires juridiques et du recouvrement. En 2009, ce sont ainsi plus de 2,5 milliards de F CFA qui ont été recouvrés.

Ce qui nous a conduit à leur demander pourquoi ils sont alors allés en justice alors que tout va bien entre eux et leur client. Nous avons enfin voulu savoir pourquoi ils ont gardé le silence sur cette affaire jusqu’à notre entrevue.

Pour la plainte à la justice, le staff déclare que le conseil d’administration a souhaité que les agents fautifs soient sanctionnés mais comme l’un d’eux était délégué du personnel, en l’occurrence le président du comité de gestion des stocks BCB/GM, il fallait recourir en dernier ressort, à la justice en vue d’obtenir un motif de licenciement de celui-ci.

L’inspection du travail ayant refusé son licenciement et le ministère du Travail ayant rejeté le recours en annulation de la décision de l’inspection du travail, il ne restait plus que l’action judiciaire. A la BCB, on est désolé de la tournure prise par l’affaire malgré tout, portant finalement préjudice à l’image de la banque et à celle de leur client.

Petite consolation, ils espèrent que la procédure en justice aboutira et que la lumière sera faite sur cette affaire. Pour le silence observé jusque-là, le staff le justifie par le fait qu’il n’est pas parvenu à convenir de la forme appropriée de réaction en pareille circonstance. Ce qui est sûr, à l’avenir, ils donneront l’information comme ils l’ont fait promptement avec nous lorsque nous les avons sollicités pour avoir leur version des faits.

Victorien A. SAWADOGO

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 24 février 2010 à 15:56 En réponse à : Affaire BCB-Mégamonde : « Les précisions du staff de la BCB »

    Pourquoi la banque ne rencontre pas le journal qui a initié le document qui la met en cause ? Je trouve curieux et bizzare cette rencontre avec Sidwaya qui avait tenté maladroitement de contester le premier ecrit (d’un journal privé) qui a devoilé cette histoire ? Pour l ambiance au sein de l equipe BCB, vous comprendrez que pour se dedouaner, les agents incriminés et la direction doivent faire front pour ne pas se noyer. Quelque soit la longueur de la nuit, le jour finit par se lever. Toujours. On verra bien la suite.

  • Le 24 février 2010 à 16:43 En réponse à : Affaire BCB-Mégamonde : « Les précisions du staff de la BCB »

    Vrai vrai vous nous pompez l’air avec ces affaires de fric ; BOUFFEZ BOUFFEZ BOUFFEZ SEULEMENT DIEU VOUS VOIS

  • Le 24 février 2010 à 20:24 En réponse à : Affaire BCB-Mégamonde : « Les précisions du staff de la BCB »

    Encore un écran de fumée pour tromper les gens, lorcendy doit avoir honte de jurer qu’il percevait des pots de vin sous plusieurs forme avec MEGAMONDE.

  • Le 25 février 2010 à 01:14, par letol. En réponse à : Affaire BCB-Mégamonde : « Les précisions du staff de la BCB »

    l’arbre ne doit pas cacher la foret,on a un probleme plus serieux que les comptes de megamonde avec bcb,restons vigilant sur l’avenir du pays,le tripatouillage de l’article 37 signera notre arret de mort,ne vous laissez pas engoisser avec les histoires de la bcb.
    restons vigilant.

  • Le 27 février 2010 à 00:07 En réponse à : Affaire BCB-Mégamonde : « Les précisions du staff de la BCB »

    Taper ca dans Google pour reviser anglais revoltant"
    The CFA, ECOWAS and Monetary Union - Saoti

    Google : The CFA, ECOWAS and Monetary Union - Saoti
    Si quelqu’ un peut traduitre un peu ca sera bien. 80% de nos ressources sont deposees dans les banques francaises.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique