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Humeur - De quoi sont donc morts les « tirailleurs sénégalais » de la guerre de 14-18 ?

Publié le lundi 17 novembre 2003 à 15h35min

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La France célèbre aujourd’hui, 11 novembre, le 85è anniversaire de l’armistice qui a signé la fin de la 1ère Guerre mondiale.

A la veille de cette historique journée, j’apprends par RFI que le gouvernement français a décidé de mettre en ligne un site Internet que certains journaux présentent comme « l’un des plus importants services en ligne grand public de l’administration » et qui, selon ses auteurs (en l’occurrence le ministère français de la Défense) a « … pour vocation d’honorer la mémoire de celles et ceux qui ont participé ou donné leur vie au cours des conflits de l’époque contemporaine ».

Je me précipite sur mon ordinateur pour découvrir cette mine d’informations. Grâce aux outils de recherche, je n’ai pas de peine à retrouver le site web en question
(http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr), même si le journaliste de RFI a donné une adresse fort incomplète.

Dieu ( ?) merci, il y a un moteur de recherche, un peu limité (Nom, prénom essentiellement comme mots-clés) mais il y en a un ! Naturellement ( !), le premier nom qui me vient en tête, c’est « Paré ». Je me lance à la recherche d’un hypothétique grand-père qui aurait accompli des hauts-faits durant ce conflit mondial que l’on appelle la « Grande guerre », avec son ahurissant bilan humain : 8 millions de morts dont 1,4 million en France (et ses colonies de l’époque certainement).

Il y a bien une bonne vingtaine de « Paré » mais ce sont des Pierre, Abel, André, etc. Point de « Zahoré », « Képian » « Zabado », « Boyo », etc. Comme nous partageons ce célèbre nom de famille avec nos « ancêtres les gaulois », je comprends vite qu’il ne s’agit point de « Paré » tropicaux.

Je change donc de registre et opte pour quelque chose de plus « exotique ». J’essaie « Ouédraogo », le « nom commun de personne » le plus répandu parmi les sujets de sa majesté le Moro Naba ; sujets qui se sont taillé une grande célébrité lors des guerres « coloniales ». Mais là, surprise désagréable, « Aucune réponse ne correspond à votre recherche » me dit le moteur de recherche. Et « Sawadogo » ? Rien ! « Ilboudo » ? Non plus ! N’en parlons pas des « Compaoré » et autres « Belemkoabga ».

Pour sauver l’honneur (façon de parler !), je retrouve quand même un « Kaboré Niandé », un « 1ère classe » du 28è Bataillon sénégalais, recruté à Ouagadougou, et mort le 8 mai 1917 dans l’Aisne. De quoi est-il mort ce héros ? Sa fiche me dit « Genre de mort : inconnu » mais que sa maladie a été « contractée en service commandé ». Quand même !

Encouragé par ce début de résultat, je poursuis mes recherches avec d’autres patronymes africains. J’ai un ’’bataillon ’’ de Ouattara, Diouf, Koné, Diallo, Ba, etc. Mais pour la plupart, l’on me dit que « La personne recherchée a bien obtenu la mention ’Mort pour la France’. Toutefois, conformément aux dispositions de la loi du 3 janvier 1979 sur les archives, la fiche le concernant comportant des informations à caractère médical ne peut être communiquée sur Internet. » Sans autre mention que leur nom et prénom ! Bien courte comme « mémoire » !

Alors, question à un galon, de quoi sont morts les « tirailleurs sénégalais » de la Grande Guerre pour que l’on ne puisse pas diffuser les informations les concernant ?
Par rapport à leurs compagnons franco-français (que l’on appelle avec un humour un peu rugueux, mais bien militaire, « les poilus »), vont-ils subir la même injustice dans « la mémoire des hommes » électronique que dans les pensions ?

Cyriaque Paré

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