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Crise ivorienne : L’engrenage

Publié le lundi 22 février 2010 à 00h25min

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La dissolution du gouvernement ivoirien et de la Commission électorale indépendante est en train de conduire la Côte d’Ivoire dans l’engrenage. Débutées timidement, les manifestations se sont musclées et l’on a assisté à des destructions de symboles de l’Etat et de biens privés.

Abidjan, la capitale économique, a connu ses moments de frayeur lorsque les artères principales de la ville ont été prises d’assaut par des jeunes de l’opposition qui y ont posé des barricades. . A Bouaké, capitale des Forces Nouvelles, une foule en colère a saccagé la préfecture et a mis le feu au bâtiment principal, et à six véhicules.

La mairie a été la cible de pilleurs et des bus ont été endommagés. Dans les localités de l’intérieur du pays tels que Bingerville, Tiébissou, Bondoukou, Sakassou, Yamoussoukro, Niakara, Abengourou et Agnibélékro, le mouvement s’est poursuivi et s’est durci.

Le bilan non exhaustif de ces actes de vandalisme est dramatique : 5 morts, de nombreux blessés dans les rangs des Forces de défense et de sécurité et des manifestants, une vingtaine d’autobus saccagés et incendiés, des services de l’administration dévastés.

La Côte d’Ivoire s’embrase et s’enlise. Et le mercure social n’est pas prêt de baisser puisque d’autres manifestations sont prévues à travers le pays suite au mot d’ordre de l’opposition qui a appelé à la désobéissance civile. En réponse à cette incitation à la violence, le pouvoir bande les muscles et hausse le ton. Son discours vindicatif ne contribue pas à calmer les esprits déjà surchauffés.

La Grande Muette, par l’intermédiaire du général Philippe Mangou, chef d’état-major des Forces armées, est entré dans la danse pour mettre en garde les croquants contre des représailles à la hauteur de leur forfait et tous ceux qui oseront tenter un renversement du régime Gbagbo « L’armée, a-t-il dit, défendra l’intégrité de l’Etat et des institutions en tout temps, en tout lieu et en toute circonstance, le cas du Niger ne peut pas s’appliquer à la Côte d’ivoire ». Une sortie tonitruante qui risque de raidir davantage l’attitude des opposants qui disent ne plus reconnaître Laurent Gbagbo comme chef de l’Etat.

D’un côté comme de l’autre les positions sont extrêmes et les propos de va-en-guerre tenus achèvent de convaincre que la lagune Ebrié est bien partie pour encore des journées chaudes si la raison ne l’emporte pas sur le coeur.

Fait marquant de cette fièvre sociale, les incidents graves qui ont lieu à Gagnoa, ville natale de Laurent Gbagbo où on déplore les morts. Le numéro 1 ivoirien est ainsi contesté chez lui, une contestation qui contraste avec cette localité présentée pourtant comme son fief électoral. Et ajoute de l’eau au moulin de ceux qui pensent que le leader du FPI ne peut pas gagner une présidentielle libre et transparente en Côte d’Ivoire, raison pour laquelle ses partisans usent de manœuvres dilatoires pour retarder l’échéance du scrutin.

Qu’à cela ne tienne, les évènements survenus polluent davantage le climat sociopolitique et compromettent gravement les chances d’une sortie heureuse de cette crise qui n’a que trop duré. On ne sait finalement par quel bout prendre le dossier ivoirien. Plus on s’approche, plus un grain de sable vient gripper la machine électorale.

La dernière en date, c’est la question du fichier électoral avec les accusations de fraudes à la CEI. On se demande quelle mouche a bien pu piquer Laurent Gbagbo qui a cru bon remettre les choses à plat en vertu de l’article 48 de la Constitution. La solution a été contre-productive : la colère a augmenté transformant le pays en un champ de bataille où les hommes en treillis pourchassent des jeunes déchaînés qui se livrent à des actes de vandalisme.

A l’objectif des contempteurs du régime qui est bien entendu de défier l’autorité de l’Etat et de rendre le pays ingouvernable, les tenants du pouvoir optent pour la fermeté et la répression. Dans ce jeu de violences où chacun veut faire une démonstration de force, les acquis sont forcément remis en cause et c’est un perpétuel recommencement.

La formation du gouvernement de Guillaume Soro pourra-t-elle mettre fin à ce cycle infernal ? Difficile d’y répondre surtout que les principaux partis de l’opposition posent comme condition de participer à cette équipe, le rétablissement de la CEI de Robert Beugré Mambé qui est pourtant la pomme de discorde. Le Premier ministre reconduit n’a cessé de demander des jours supplémentaires pour achever les consultations, preuve s’il en est des difficultés auxquelles il est confronté.

On imagine également l’embarras et l’agacement du facilitateur Blaise Compaoré qui a reçu hier à Ouagadougou les deux leaders du Rassemblement des houphouétistes pour la paix et le progrès ( RDHP) pour tenter de désamorcer la situation. A défaut, le pays risque de sombrer dans un embrasement général. Et ce serait bien dommage si on en arrive là .

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 22 février 2010 à 11:12, par sidnaba En réponse à : Crise ivorienne : L’engrenage

    vivement qu’on en arrive là et que le FPI et le président en tirent les conséquences. Nous souhaitons d’ailleurs que le facilitateur rende le tablier. Nous en avons mare que nos maigres ressources soient bradées au profit d’une crise dont les acteurs ne souhaitent pas la paix. Ivoiriens, prenez vos responsabilités !

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